L’El Dorado pour Sucre
— sur la route La Paz - Sucre, dans le bus de la compagnie El Dorado
Nous quittons La Paz & son si particulier cañon. Ce matin, notre première priorité fut de changer notre billet pour Sucre. Il m’est apparu hier soir qu’il fallait mieux faire le trajet Sucre / Potosi / Uyuni et entrer en Argentine par la Cordillera de Los Andes et ses sublimes paysages, plutôt que de suivre le sens inverse et s’embourber dans l’impénétrable brousse du Chaco. Changer de billet ne fut pas simple encore une fois, et au début la caissière ne voulait nous rembourser que la moitié de sa valeur. Mais la chance était avec nous : un couple de Belges est arrivé à ce moment-là, et notre billet leur convenait parfaitement… donc échange de bons procédés entre francophones.
[Et pouf, la lumière s’éteint…]
0h45 — Cha’llapata, Altiplano, altitude 3.765 m
Je profite de la lumière rallumée à l’occasion de cette pause nocturne pour reprendre le fil de la journée. Après avoir réglé la question du bus, nous avons bondi de combi en combi pour sortir de La Paz et atteindre la Valle de la Luna, témoin le plus spectaculaire de l’érosion du cañon. C’est un ensemble hallucinant de cheminées de fées et de demoiselles coiffées défiant les lois de la pesanteur (enfin, pas la pesanteur lunaire…), et dont certaines portent des noms de circonstance : le Chapeau de la Dame, Madre Luna, le Bon Grand-Père. Le tout dans un environnement austères de cactus et de montagnes aiguisées en pointe par la pluie et le vent. En fait, tout le cañon de La Paz ne semble être constitué que de ces dépôts détritiques, accumulations énormes de moraine lacustre et d’alluvions, qui furent ensuite taillés avec plus ou moins de caprice par le fétide Rio Choqueyapu - qui charrie aujourd’hui non plus de l’or, mais toutes les déjections de la ville…
Après un almuerzo (déjeuner en français, dîner en suisse) copieux au village de Mallasa, nous sommes revenus en ville et avons passé nos dernières heures paceños dans les quatre petits musées de la Caille Jaén, la belle & ultime rue coloniale conservée en l’état. Ces musées ont des thèmes très divers : les bijoux en or & argent des Incas et de leurs prédécesseurs, la céramique raffinée de Tiwanacu, une mainson coloniale reconstituée (celle de Murillo, un “protomartyr” de l’indépendance bolivienne, pendu en place publique) et un nostalgique Museo del Litoral, qui retrace la perte traumatisante de l’accès à la mer face au Chili pendant la Guerre du Pacifique… comme si le Chili n’avait pas déjà assez de côtes !
~ quelques photos du jour (parmi les 8) ~ | ||||