— de notre envoyé spécial à Orléans, avec un léger différé depuis Delémont
Non, rassurez-vous, ce titre n’augure pas un épisode de Brigade Mondaine se déroulant dans un avion de chez Boeing. Il s’agit d’un couple d’amis, Axelle & David, qui ont choisi la date hautement symbolique du 7 juillet 2007 pour sceller leur union. Ah, la fascination du 7 : qui sur Terre, ce jour-là, ne s’est pas marié, ou plus probablement, n’était pas invité à un mariage ? Bref, c’est pour cette raison que Carine & moi ne sommes pas allés célébrer le mariage de la Desperate Housewive & son basketteur au château de Vaux-le-Vicomte (en Seine-et-Marne, département n°77, tiens tiens) : nous étions conviés en bien meilleure compagnie à Orléans.
D’ailleurs, à propos du 7, je me suis laissé dire – mais je ne suis pas en mesure de le prouver – qu’en Birmanie, ils prêtent tant de vertus à ce chiffre que les billets de banque sont des multiples de 7. Ce ne doit pas toujours être des plus pratiques, mais on ne peut pas leur reprocher d’être un brin superstitieux, avec les sinistres généraux qui les gouvernent. Pour ma part, je pense que pour bien faire, ce mariage aurait dû se dérouler précisément de 7h77 (soit 8h17) à 12h57 (la 777ème minute de la journée) dans le 77 – mais pas à Vaux-le-Vicomte, déjà pris… alors pourquoi pas dans un 777 ? Mais là on a dû se contenter de 14h14 dans le 45. Quoique… le code postal d’Ormes étant 45.140, nous y retrouvons vingt fois notre ami hepta… Numérologie, quand tu nous tiens !
Le vendredi, Carine & moi avons bravement affronté la moitié aller des 1.200 km de route, pour retrouver chez eux Axelle & David, entourés d’une poignée d’amis et de parents, et partager avec eux quelques verres de vin, portions de camembert et poignées de cerises. L’atmosphère était étrangement calme, ambiance veillée d’armes avant le grand jour. “Nous sommes dans l’œil du cyclone", telle fut l’augure prononcé par David. Œil du cyclone que nous avons finalement dû quitter, pour nous retrouver dans un autre : notre hôtel prétendument proclamé Première Classe, enserré au cœur du maelström autoroutier de la banlieue nord d’Orléans. Sommeils légers, s’abstenir ! car même avec la vitre fermée, le volet baissé et le rideau tiré, l’impression d’être sur la trajectoire d’un 38 tonnes hurlant reste assez saisissante. Enfin, là au moins les draps étaient à peu près propres, ce qui n’est pas le cas partout, comme nous le verrons plus tard.
Le lendemain, après les préparatifs d’usage en pareille occasion (qui ont bien pris 5 minutes pour moi et, oh, une heure ? pour ma compagne ), nous sommes allés retrouver les amis Isabelle & Vincent (que désormais vous connaissez bien, chers lecteurs), ainsi que Fiddler, fraîchement débarqués de Normandie. Tous ensemble, nous prenons le chemin de l’hôtel de ville. Et une fois sur les lieux, instantanément nous voilà crépis de minuscules mouches du plus mauvais effet sur les élégantes robes et les seyants costumes des convives de la noce – sans compter, la chaleur aidant, celles qui viennent se coller sur les fronts en sueur, le mien ayant leur préférence. Des mouches de moisson, nous explique-t-on, qui pullulent dans les récoltes et pleuvent sur les alentours. Avec une telle densité, on peut raisonnablement supposer que bon nombre d’entre elles ont dû finir bues dans les coupes de champagne !
Le maire d’Ormes, après avoir accueilli la foule grandissante dans la trop petite salle de cérémonie, s’est lancé dans un argumentaire de vendeur de foire sur tous les atouts dont dispose sa commune pour les jeunes couples : des crèches, puis des écoles maternelles, puis des écoles primaires, avec aussi des commerces, des associations, des autoroutes, et même la base aérienne nucléaire stratégique toute proche (nan j’plaisante). Bref, à la fin, on en était à se demander pourquoi tout le monde connaissait Orléans, et personne Ormes ! Enfin, il mit un frein à son boniment, et Axelle & David purent prononcer un “oui” empreint d’émotion devant un auditoire dans le même état. Les alliances furent échangées, les signatures apposées, les photos prises, puis tout le cortège s’ébranla vers le vin d’honneur.
La suite ne fut que luxe, calme et volupté : canapés, petits fours & champagne dégustés au bord de la piscine, dans l’Arche de Noé des parents de David : dans cette maison à l’orée des champs, on trouve des chiens, des chats, des chevaux malicieux & fugueurs qui me feront bien courir le lendemain, un cochon asiatique mais timide, des canards au col vert, des poules punk & leurs poussins destroy. Arrivés à l’heure du dîner, nous nous sommes dirigés vers Tournoisis, au cœur de la Beauce céréalière, où la noce installait ses quartiers dans le Relais Saint-Jacques, une cossue auberge beauceronne. La salle portait la touche évidente de la main verte d’Axelle : des plantes partout, et même une centaine de petites fleurs en pot pour chacun des invités – celles de Carine et la mienne sont sous mes yeux alors que j’écris ces lignes : elles ont bien perdu quelques pétales, mais jusqu’ici nous avons réussi à les faire survivre. Quant aux pièces montées, elles étaient dans le ton général : arrosoir & brouette… Je serais curieux de connaître la signification freudienne de ces symboles !
Le coup de théâtre final eut lieu en rentrant se coucher au beau milieu de la nuit. Il faut savoir que la maison d’Axelle & David est une demeure de chats, un chat-eau pourrait-on dire : on ne compte pas moins de 5 hôtes félins (nombre fluctuant) squattant canapés, fauteuils & autres endroits chauds et confortables. C’est donc tout naturellement que Fiddler, avant de partir en Australie, y a amené en pension Gant, ze cool cat. Or l’animal, même s’il est au demeurant fort sympathique, a la désagréable habitude – héritée du temps où il possédait encore tous ses attributs virils – de baptiser les endroits n’exhalant pas son mâle parfum. Est-ce parce qu’il n’a pas trouvé le chemin de la chatière menant au soulagement extérieur, ou plus malignement a-t-il considéré toutes ces effluves étrangères comme une agression inqualifiable envers ses délicates narines ? Toujours est-il que lorsque nous sommes enfin arrivés au lit, préparé avec soin le matin même par la toute jeune mariée, nous avons la surprise d’y découvrir, en offrande, quelques petites crottes trônant dans une jolie flaque odorante ! THE COOL CAT ! VIENS PAR ICI !!!
Axelle & David,
SANTÉ BONHEUR À VOUS DEUX !
ET JOIE DANS LES CHAUMIÈRES !!!
PS. Ici vous pourrez lire le récit heure par heure de cette belle journée, agrémenté de superbes photos et d’émotions fortes, vue par l’actrice principale.