J’aime pas les chats
— jardin des Semailles, théâtre d’une cruelle tragédie
En fait si, j’adore les chats, je trouve que ces créatures sont sur notre planète l’adaptation la plus réussie d’un fauve à son environnement. Mais depuis ce matin, je n’aime plus les chats. Depuis que j’ai découvert le nid en bas de l’arbre.
Cela fait plusieurs semaines que, depuis notre salon, nous observons les allers et venues d’un merle et d’une merlette. Le couple s’est d’abord échiné à construire un beau nid bien rond, enfoui en sécurité dans les frondaisons de notre glycine. Ensuite Monsieur s’est mis à chanter ses gais monologues au sommet des arbres, tandis que Madame restait tapie à couver ses œufs. Et ces derniers jours, trois petits becs affamés en sont sortis. Les navettes sont dès lors devenues incessantes : les merles revenaient au nid le bec chargé de beaux petits lombrics bien juteux, pour repartir en chasse quelques secondes plus tard. Le manège durait depuis l’aube jusqu’à la tombée de la nuit, soit relativement tard en cet équinoxe d’été. Et comme c’est l’heure où nous, exténués et affalés sur le canapé, avions fini par réussir à coucher notre progéniture, nous ne nous lassions pas d’admirer ces infatigables parents.
Alors quand ce matin j’ai vu le nid vide à terre, une immense compassion m’a envahi pour ce couple dont les incessants efforts ont été réduits à néant par le caprice d’un chat même pas affamé. (Si seulement les chats étaient végétariens… ils pourraient s’en prendre à nos abricots, mûrs et goûtus à souhait, sans que je ne dise rien.)
PS. Ceci dit, j’accuse peut-être un peu vite les chats. Un dangereux psychopathe pervers est actuellement en cavale dans le Jura suisse : c’est peut-être lui qui s’en est pris à mes oisillons.
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