Le syndrome du n°2
Dur dur d’être un bébé, comme dit la chanson. Surtout dur dur d’être un bébé n°2 avec un grand frère comme le mien. Arthur n’arrête pas de me traiter comme un de ses doudous. Il se jette sauvagement sur moi, son bidon bien en avant, dans le but avoué de m’étouffer sous sa masse terrifiante de 13 kilos. Évidemment moi je m’étouffe, mais de rire, pasqueu en général il vise pas bien.
J’imagine que, depuis que l’homme est homme et le bébé bébé (qu’est-ce que je parle bien, moi ! enfin, c’est une image : je ne parle pas, je lance juste quelques “DA!” bien sentis), c’est le lot de tout petit frère d’être le souffre-douleur de son persécuteur d’aîné. Ça laisse des séquelles, si j’en juge par l’état de mon papa, le pôôôvre : lui aussi est un malheureux n°2. (Mais comme il y a un n°3, il a pu se venger.)
Le bon côté, c’est que Grand Frère me montre la voie : tenir sur deux jambes, marcher, courir, grimper partout, le tout en débitant un vocabulaire de plus en plus étoffé. Pour l’instant je subis certes, mais aussi je regarde, je contemple, j’admire, je dissèque, j’enregistre, j’emmagasine. Et quand j’aurai maîtrisé tout ça, je pourrai enfin répliquer à ses “NON THÉO !” tonitruants. Non mais.
En tout cas aujourd’hui c’est mon anniversaire, alors ma défense s’organise. Dans le match Arthur-Théodore, le score n’est plus de 2-0, mais 2-1. Peut-être un jour j’aurai plus de points que lui ?