— Galway
… ou plutôt Gaillimh, puisque nous sommes au cœur du Gaeltacht, le territoire de langue (encore un peu) celtique. Et c’est vrai : durant notre traversée du Connemara, il est arrivé que les panneaux routiers soient uniquement en gaélique — jusqu’ici ils étaient systématiquement bilingues, sauf en Ulster, où seul l’anglais est de mise — ce qui peut poser quelques petits problèmes de compréhension.
Aujourd’hui fut une journée grise et pluvieuse, au contraire de la précédente… en phase avec la beauté humide du Connemara, peut-être ? Hélas, ça ne nous a pas permis d’apprécier autant que l’on aurait voulu ce mythique coin de terre. Le matin a pourtant bien commencé : le pont de dalles de Bunlahinch, puis la superbe vallée désolée de Doo Lough Pass, à la beauté âpre et sauvage. Sur ces entrefaites, nous sommes parvenus sous une pluie battante au Visitor Centre du Connemara National Park. Pour rester au sec, nous nous sommes contentés de l’exposition et d’un pique-nique à couvert. La pluie ne cessant pas, nos projets de balade dans les Twelve Bens sont — au propre comme au figuré — tombés à l’eau ; direction le Sud. Les paysages sont effectivement une mosaïque de roche, bruyère et eau, mais nous n’avons guère pu en profiter sereinement, car nous étions sur une étroite route où se pressait une noria de cyclistes !
… Ce qui mène naturellement à mon billet d’humeur de ce soir : les routes irlandaises (et leurs utilisateurs). Commençons par ce dont je parlais à l’instant : se retrouver à doubler des familles en vélo sur une petite route en pleine tourbière, c’est un poil crispant, voire dangereux. Et pourtant, personne n’était à l’entrée pour détourner le trafic, ou au moins prévenir les voitures. De plus, nous n’aurions jamais pris cette route si elle avait été mieux indiquée — mais voilà, les panneaux d’indication, que ce soit de villages, de campings ou de monuments, ces panneaux N’EXISTENT PAS. Ou si peu… hors du réseau primaire, point de salut ! plus d’une fois ont s’est paumé dans la campagne (comme par exemple notre retour involontaire à Londonderry), et je ne compte plus les demi-tours suite à une intersection trop vite passée.
Quant aux conducteurs, il semblerait qu’ils n’hésitent pas à interpréter le code de la route comme bon leur semble. Même si nous n’avons pas vu de forcené du champignon, il n’est pas rare qu’on double sur la ligne blanche (en général, un tracteur), et le stationnement peut se faire à peu près n’importe où, parfois même sur la route, même pas un peu sur le côté…
Nous nous sommes arrêtés ce soir à Galway donc, dans un camping où il faut certainement payer encore plus pour tirer un sourire de la taulière. Nous avons agrémenté la visite de la ville par un repas indien, servi par une jolie Mauritienne parlant le français. Galway semble être très musicale : pas mal d’artistes de rue, et certainement autant dans les pubs.
Le Connemara est derrière nous, demain nous attaquons les Burren !