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La Vallée de la Désolation
Et une jolie petite robe rouge au loin.
- Valley of Desolation, Karoo Natural Reserve
Afrique du Sud ~ lundi 22 janvier 2007
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Jeudi 13 septembre 2007

Cavalcade dans les Agriates

Classé dans: ~ Tom @ 22:28

— Miomo, San Martino di Lota, Cap Corse, près de Bastia

Aujourd’hui fut une journée noire pour mes fesses.

Il y a dix jours, nous avions repéré Equiland, un centre d’équitation idéalement situé au beau milieu du Désert des Agriates. (Le seul village de ce “désert” est le hameau de Casta, mais n’y cherchez pas Laetita, elle vient de L’Île-Rousse, à quelques heures de galop d’ici.) À l’écurie, nous avons relevé le nom et le numéro de la cavalière dans le but de l’appeler quelques jours plus tard. Ce fut fait à Sartène, en sirotant un café. Rendez-vous fut dès lors pris.

Ce matin, revenus dans les Agriates, nous prîmes le temps de nous offrir un café sur une terrasse — qui ressemblait plutôt à une piste d’envol pour parasols — avant de retrouver Claire Du Fay, notre guide ès chevaux, ainsi que Julie & Julien de Marseille, nos camarades de chevauchée pour l’occasion. Wendy, une grande et tranquille jument, accepta de m’accueillir sur son dos, tandis que Carine enfourcha le cheval Eros (mais ironiquement, d’eros il ne connaîtra point : il était coupé). C’était parti pour six heures de randonnée à cheval sur les pistes desséchées des Agriates, pistes sur lesquelles nous avons pu croiser voitures, quads et — quand même — vaillants marcheurs, qui allaient finalement à la même vitesse que nous. Après deux heures de pas–trop–galop dans un décor de western, est apparue une vision de rêve : la plage de Saleccia, au fin sable blanc et aux eaux turquoises d’une limpidité extraordinaire. L’arrivée de cinq cavaliers a déjà fait son petit effet sur les plagistes, mais quand nous avons pris un I'm a poor lonesome cowboybain de mer avec l’étalon, un petit attroupement de curieux s’est créé. La collation promise par Claire fut plus que reconstituante : pain frais, lonzu, fromage corse et vin… mais pas le temps d’une sieste (sacrilège !) : nous avons enfourché nos montures pour le voyage retour, cette fois-ci par l’Est du Monte Genova (421 m), notre point de repère et centre de rotation pour cette journée de balade équestre. Nous nous sommes donc enfoncés dans les petits sentiers d’un maquis autrement impénétrable (où j’ai failli perdre mon appareil photo, malheur !). Ambiance très conviviale dans la colonne de cavaliers ; Claire sait mener son convoi dans la bonne humeur et les accélérations galopantes. D’ailleurs, en souvenir d’une cuisante chevauchée en Terre de Feu, je ne voulais pas revivre le syndrome “cul brûlé” dû à mon caleçon en synthétique ; j’avais donc pris ce matin la précaution de choisir un 100% coton. Mais apparemment, cela ne suffit pas à mon confort postérieur : cette randonnée m’a à nouveau littéralement coûté la peau des fesses. Il faut croire que mon derrière, sous son aspect bourru, est un grand sensible.

Le soleil nimbait d’or ce far west quand nous avons pris le chemin du retour vers la Suisse : Bastia, via l’escarpé col de Teghime (535 m) qui tronçonne le Cap Corse, la proue, du reste du navire. Et en ce dernier soir corse, installés dans le camping en face de notre premier camping, pour faire bonne mesure nous sommes allés manger une pizza dans le resto en face de notre premier resto !

A presto Corsica !
~ quelques photos du jour (parmi les 17) ~
Ma sirène de Saleccia Carine sur sa bouée C'est encore loin Nice ? Soyons amis I'm a poor lonesome cowboy

Mercredi 12 septembre 2007

Pénultième journée

Classé dans: ~ Tom @ 22:36

— Francardo, au bord du Golo, La Campita

Le camping que nous avons quitté ce matin, à San Gavino di Carbini, était assez peu conventionnel : lorsque nous y sommes arrivés, nous étions les seuls occupants. Personne, pas même un accueil. Peu après, une, puis deux, trois, quatre voitures sont venues s’installer. Bon, ça restait correctement non surpeuplé : les pins vertigineux embrassaient un espace assez vaste pour tous, les sanitaires étaient délicieusement vieillots (mais néanmoins propres), offrant même le luxe d’une eau chaude chauffée au solaire — par contre, curieusement, pas de lumière la nuit venue. Mais de gardien dans ce camping communal, point. Ce matin, toutes les voitures sont reparties avant nous, qui n’étions pourtant pas les derniers levés, et toujours personne pour percevoir la taxe de séjour. Ce n’est qu’à une poignée de secondes de notre départ qu’une dame apparaît enfin pour réclamer son dû. Bref, de tous les campeurs présents, nous avons été les seuls à payer ! :-? (Nous en avions tout de même l’intention, quitte pour cela à aller toquer à l’huis de la mairie. Oui, nous sommes d’honnêtes campeurs !)

Midi sonnant, nous avons fait un arrêt pour un café-cartes postales à Zonza, petit village animé de l’Alta Rocca. Principe : on boit un café en écrivant le plus de cartes possibles — car la fin des vacances approche, et il faut bien sacrifier au rituel. Le pique-nique eut lieu à côté de l’hippodrome de Viseo — le plus haut d’Europe, perché à 960 m : ce sont des pégases qui courent ici — suivi d’une sieste pas vraiment méritée (mais bon, écrire des cartes postales ça fatigue). La route du Col de Bavella, encombrée de masochistes cyclistes, nous emmena jusqu’à 1.218 m d’altitude. Mais là-haut, déception : les fameuses Aiguilles de Bavela, si impressionnantes par beau temps, tricotaient aujourd’hui une dense pelote de nuages. Nous n’avons pu que deviner les formes étranges et fantastiques de ces pics en admirant les parois plus basses mais tout aussi vertigineuses (et en goûtant aux eaux cristallines des Cascades de Polischellu).

Ce n’est qu’en redescendant vers Solenzara, sur la côte tyrrhénienne (orientale, donc) de l’île, que nous avons enfin trouvé une route droite — mais pas rapide pour autant. Nous n’en aurons pas profité bien longtemps, en obliquant à nouveau vers le centre montagneux pour notre pénultième nuit corse. Un premier camping à Ponte Leccia nous paraissant bien cher et un peu minable, nous avons continué jusqu’à Francardo, village où nous sommes déjà passés il y a quelques jours, après notre arrêt prolongé à Calacuccia. Le camping où nous sommes ce soir s’allonge sur la rive du Golo, chatoyante rivière qui émerge de la Scala di Santa Regina. Il est tenu par un monsieur atteint de cécité, ce qui est un peu surprenant au départ (il faut accomplir les formalités soi-même). Mais ce n’est pas sa seule particularité : une voie ferrée, la ligne Bastia–Corte–Ajaccio, se love paresseusement autour de lui. Le train siffle une fois d’un côté, puis en écho une fois de l’autre, peut-être pour saluer son vieil ami aveugle. Châtaigne sur le brocciu : c’est très calme, les douches sont correctes, et il y a même de la lumière toute la nuit — ce qui n’était pas le cas à Bonifacio : on se demande des fois pourquoi on leur laisse 15 € à ces gens, juste pour s’allonger sur 2 m² de cailloux où planter une sardine est un défi, consommer quelques litres d’eau tiède, et ne même pas avoir de la lumière à minuit dans les toilettes. Je devrais leur dire plus souvent ma pensée à ces gens-là, comme pour ce verre d’eau facturé 0,90 € à Galéria, les rats !

Le Restaurant de la Gare est le seul et unique de Francardo : nous y sommes donc naturellement allés dîner. Il annonce fièrement “spécialités corses", mais il faut bien les chercher ces spécialités : ce fut poulet basquaise, charcuterie française et tarte de supermarché. Par contre, l’ambiance était vraiment du cru : les habitués, tous âgés, commentaient en corse le match de foot France–Écosse. Heureusement pour nous que ce n’était pas France–Corse !

~ quelques photos du jour (parmi les 6) ~
Les Aiguilles de Bavella tricotent une pelote de nuages ... mais elle est froide ! Je fais des bulles dans l'eau ! Bon après, elle est bonne Je ne suis pas une poule mouillée...

Mardi 11 septembre 2007

Antépénultième journée

Classé dans: ~ Tom @ 22:44

— San Gavino di Carbini, Alta Rocca, altitude 666 m, température 11°C, brrrrr !

Nous n’avons pas réussi ce matin à nous lever plus tôt que les autres matins : ni les bruits de la route, ni le soleil sur la toile (certes voilà par les nuages), ni le vent furieux ne nous ont décidé à quitter la tente avant 9h. Décidément, tous les soirs je dis à Carine que demain, c’est sûr, c’est décidé, on décolle à 8h, ptidèj pris & tente pliée. Et tous les matins, c’est la pénible ouverture oculaire. Bon, tant pis, après tout c’est les vacances, non ?

Donc à midi à peine, nous lancions notre seconde offensive sur Bonifacio. Je ne vous cacherai pas que l’heure était mal choisie : il faut savoir qu’il n’y a qu’une seule route qui mène à la ville, et forcément elle est vite engorgée. Sans compter que les parkings — payants — sont vite bondés ; nous avons donc opté pour un stationnement limite sauvage en périphérie. Il faut marcher ? tant pis ! ce n’est pas ça qui nous décourage. Nous avons donc atteint la marine toujours aussi pittoresque et animée, avant d’attaquer à nouveau la montée des rampes jusqu’à la haute ville. Ouf. Le quartier historique, ceint d’impressionnantes fortifications, est perché sur un éperon de grès blanc (et non de calcaire, comme l’indiquent les guides) dominant la baie. L’avenir à plus ou moins long terme de la cité n’est pas vraiment assuré : la mer attaque sans relâche la falaise, sapant impitoyablement la base. Bon, de là à dire que demain Bonifacio disparaîtra dans les flots, c’est un pas un peu trop vite franchi.

Bravant sans émoi ce danger lointain mais irrémédiable, nous avons parcouru les petites ruelles tortueuses et étroites comme des défilés entre les immeubles hauts de cinq étages (la place étant comptée, il faut construire en hauteur). Ces gratte-ciels médiévaux sont reliés entre eux par un réseau d’arcs-boutants, en fait des gouttières récupérant les eaux pluviales pour les canaliser dans des réservoirs souterrains. De quoi boire en cas de siège. Justement, des sièges de Bonifacio, quelques uns s’y sont risqués, et le plus célèbre est le Roi d’Aragon. La légende raconte qu’en 1420 Alphonse V, impuissant devant les remparts, n’hésita pas à envoyer ses troupes tailler dans la muraille naturelle — en une nuit ! — un escalier de 187 marches (qui, suite à des mises aux normes, en dénombre maintenant 2 de plus : mon compte était donc juste). Malheureusement pour lui, une vigilante Bonifacienne s’aperçut du machiavélique subterfuge et alerta la garde : l’escalier monumental des Aragoniens, qui devait les mener au pinacle de la victoire, se transforma en descente aux enfers dans les Bouches — les Mâchoires, pour l’occasion — de Bonifacio. (Plus prosaïquement, l’ouvrage mène au pied de la falaise, d’où part un sentier creusé dans son flanc. Au bout de ce sentier, une source d’eau douce, véritable but de la construction de l’escalier, qui donc ne fut réalisé ni en une nuit, ni par des soldats envahisseurs, mais par des moines. J’aime la manière dont un banal aménagement urbain devient un lieu de hauts faits !)

~ quelques photos du jour (parmi les 12) ~
L'Ermitage de la Trinité Chat en pleine sieste Galerie sur la Sardaigne Les vertigineux Escaliers du Roi d'Aragon Une falaise, ça s'effrite

Lundi 10 septembre 2007

Voyages dans le temps

Classé dans: ~ Tom @ 23:44

— Bonifacio, en face de la Sardaigne

Statues-menhirs de FilitosaLe premier café de la journée (un vrai café hein, pas un Nescafé bouilli au camping-gaz) tinta sur la terrasse du Bar de la Préhistoire, servi par une demoiselle qui avait fort bien évolué depuis la femme des cavernes. C’était le prélude à la visite du site mégalithique de Filitosa, un vaste espace hérissé de statues-menhirs, de murailles cyclopéennes et de roches aux formes fantastiques, le tout nimbé d’une musique très Mystienne (pour ceux qui connaissent cet excellent jeu). D’entre ces vénérables pierres sourd une atmosphère irréelle, et la promenade dans le temps devient une balade hors du temps…

Trivialement ramenés à l’époque actuelle par nos ventres grondants, nous nous sommes installés pour notre pique-nique à Calvese, village-balcon surplombant la paisible vallée du Taravo, avant de se rendre à Propriano faire des grosses courses avec plein d’achats inutiles dedans (j’adore les achats inutiles du style Chamallow). Ne croyez pas qu’il soit si simple de prendre les sentiers buissonniers en Corse : les panneaux routiers sont systématiquement en corse et en français, mais un petit malin a cru bon de tout aussi systématiquement barbouiller ces derniers de peinture. Ça ne simplifie pas la navigation, mais fort heureusement le français n’est là que pour rendre une transcription phonétique intelligible des noms corses, langue toute en subtilités de lecture et de prononciation. Ça ne pouvait de toute manière pas être pire qu’au Connemara, où les inscriptions en anglais disparaissent soudain pour ne laisser que d’hermétiques runes gaëliques…

Nous atteignîmes donc non sans mal Sartène, fort jolie cité accrochée à sa montagne comme une moule à son rocher. Le labyrinthe tordu de ses venelles en pente se démêla pourtant bien vite devant Carine, aux sens aiguisés par la promesse d’y faire un peu de shopping : d’ailleurs, elle y trouva enfin son nouveau chapeau — offert par son chevalier servant, se libérant ainsi de la culpabilité causée par la perte du précédent couvre-chef.

Enfin, le point le plus méridional de France métropolitaine se révéla sous le soleil couchant : Bonifacio, magnifique port fortifié d’abord par la Nature, puis par l’homme. Le site doit son surnom de “gouvernail de la Corse” à sa forme de safran positionné tout à la poupe du navire Corsica (et seuls les esprits chagrins feront remarquer que ce gouvernail est braqué à fond… ce qui revient à tourner en rond). Comme on pouvait le redouter, la ville est extrêmement touristique, et se garer sans bourse délier tient de la gageure. Mais qu’à cela ne tienne, nous y reviendrons demain ! Bonne nuit !

~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~
Hautes & étroites ruelles Soldats, du haut de ces omoplates, quarante siècles vous contemplent ! Sartène au ponant Le Dinosaure La carrière de granite

Dimanche 9 septembre 2007

Ajaccio, la cité impériale

Classé dans: ~ Tom @ 23:05

— Pietrosella, Golfe d’Ajaccio

Certes, le titre semble un peu pompeux, mais la capitale du Sud est toute entière dédiée à son illustre enfant : Napoléon Bonaparte (enfant peu prodigue hélas : l’Empereur n’y revint jamais). On ne compte plus les statues, mémorials, monuments, places, cours, maisons, salons, cafés, boutiques qui lui sont consacrés, à Lui & à sa large famille. Même Letizia, la mère qui mit au monde un empereur et une tripotée de rois, se voit elle aussi distinguée par une rue et une place qui portent son nom, devant l’illustre demeure. Pour la petite anecdote : en 1794, les Anglais, pour contrer l’Empire en marche, envahirent la Corse et y édifièrent un éphémère Royaume Anglo-Corse. La maison familiale des Bonaparte fut occupée par — ironie du destin — Hudson Lowe, le futur geôlier de l’Empereur à Sainte-Hélène. Ça leur donnait au moins à tous deux un sujet de conversation…

Nous avons donc flâné dans les agréables rues de la cité impériale, son marché qui mêle allègrement fumets de coppa, odeurs de fromages (visiblement plus très frais), senteurs de miel de maquis, parfums de la marée, bouquets de fruits & légumes. Les terrasses ne sont pas à dédaigner non plus, surtout lorsqu’elles se situent à côté de l’hôtel de ville, tout pavoisé de banderoles tricolores en l’honneur du 64ème anniversaire de la libération de la ville, la première ville libérée de France. Et pour cette grande occasion, tout l’arsenal d’époque était de sortie : jeeps, camions, soldats… et infirmières !

Notre tour d’Ajaccio n’aurait pas été complet sans une promenade — au mépris des hordes de touristes et d’Ajacciens endimanchés — vers le ponant, où le soleil couchant incendie de rouge la mer des Îles Sanguinaires. Au risque d’ébrécher le mythe, il semblerait qu’en fait ces îles tiennent leur nom du tout proche golfe de Sagone — les îles Sagonarii — mais avouez que “Sanguinaires", ça en impose un peu plus, non ?

~ quelques photos du jour (parmi les 6) ~
Le Petit Caporal, en toute modestie Ajaccio, première ville libérée de France Napo & ses frères Ici est né... La Tour de la Parata surveille les Îles Sanguinaires

Samedi 8 septembre 2007

Enfin une journée (pas du tout) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 22:44

— Acqua Viva, vallée de la Gravona, en amont d’Ajaccio

Ma première priorité ce matin fut d’élucider ce point mystérieux sur la carte : un dolmen, à deux pas d’où nous dormons. Je chausse donc mes godillots et me lance dans la mer de ronces qui me sépare de l’objectif. Je l’ai trouvé, ce monument mégalithique, et pourtant : d’une, il faut savoir qu’il est là, de deux, il faut vraiment savoir ce que c’est. Car il ne s’agit pas d’un beau dolmen façon Astérix, mais plutôt d’une grosse pierre posée sur une autre. Moi qui m’attendait à un Carnac oublié…

Après trois nuits sur place, nous avons quitté notre camping — il était temps : un camping-car a installé ses fenêtres fumées sous notre tente, alors que le terrain est immense et pratiquement désert… à n’y rien comprendre ! Le Niolo a préservé son authenticité certainement grâce à (ou à cause de) son isolement : une seule et unique route le traverse cette cuvette. À l’Ouest s’élève le col de Vergio, altitude 1.447 m, et à l’Est, il faut affronter la Scala di Santa Regina, un étroit défilé au fond duquel coule le Golo, taillant son escalier dans un paysage minéral de roches rouges. On se croirait sur Mars, s’il n’y avait la circulation de la route — route qui ne fut ouverte que fort tardivement, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale : avant, c’était par les sentiers de berger que les gens se rendaient à la célèbre foire de Casamaccioli.

Notre étape suivante fut Corte, l’ancienne capitale de la République de Corse de Pascal Paoli. La ville occupe un site remarquable tout en pentes, un véritable nid d’aigle. Mais ces considérations géographiques n’émurent point ma compagne : ce qu’elle voyait surtout en ce lieu civilisé, c’est des boutiques susceptibles de lui proposer un nouveau chapeau. Mais elle ne trouva que des boucles d’oreille (et indiennes en plus, même pas corses) : pas aussi pratique pour les randonnées sous le soleil, convenons-en. C’est bien les filles ça.

En traçant notre route vers Ajaccio, nous marquâmes un arrêt aux triples ponts du Vecchio. Le plus ancien est gênois, permettant à la petite route de modestement franchir la gorge. Le second, ferroviaire, plus haut, plus long, plus imposant, est l’œuvre de Gustave Eiffel, et reprend en écho les arches gênoises. Le dernier est le viaduc routier moderne, qui élance sa flèche d’un bout à l’autre du ravin. Trois époques, trois techniques, et une belle leçon d’architecture devant ces ouvrages d’art. Mais nous sommes bien vite revenus à une Corse plus lointaine, en nous mettant en quête à travers bois de la statue-menhir de Tavera, témoin de la jadis florissante civilisation mégalithique insulaire. Ce n’est certes qu’un bloc de pierre où l’on distingue vaguement un visage, mais pourquoi donc est-ce plus saisissant que nos ponts de béton et de métal ?

~ quelques photos du jour (parmi les 7) ~
Jeune femme accorte à Corte Un TRÈS sympathique animal Un sympathique animal Chats de Corte Stand revendicateur

Vendredi 7 septembre 2007

Enfin une journée (moins) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 23:41

— Calacuccia, U Niolu

Ce matin, nous avons fait une énième tentative pour visiter l’office de tourisme de Calacuccia : quand il n’est pas clos à 17h au lieu des 18h indiquées, il est exceptionnellement fermé… pas facile de se renseigner par ici ! Cela ne nous a pas découragé pour autant : après notre cuisant échec d’hier (cuisant surtout pour nos mollets dépouillés d’épiderme par le maquis), nous nous sommes lancés dans une randonnée au milieu de la forêt de Valdu-Niellu, un magnifique massif de pins laricio droits comme des i. Il y a un très doux parfum flottant ici, au bord des gorges de la Colga, et contrairement à hier, le chemin est bien balisé — les cairns c’est bien, mais les marques de couleur c’est mieux. D’épaulements rocheux en dalles de granite, nous avons donc gravi la montagne jusqu’au col de Stazzona, à 1.762 m d’altitude, pour découvrir caché juste derrière le bucolique Lac de Nino. Cette cuvette perchée se comble lentement de pozzines, des pelouses impeccablement tondues par les vaches et les chevaux qui y paissent. D’ailleurs, les vaches, les chevaux, les cochons, les chèvres, tout ce petit monde divague librement à quatre pattes dans les forêts, sur les pentes, partout : comment les paysans font-ils pour retrouver leur cheptel ? À l’œil, pardi ! ils reconnaissent toutes leurs bêtes d’un simple regard, selon Dominique, un autochtone rencontré à la Fiera di a Santa.

Car après ces 4 heures de marche et ces 700 m de dénivelé, il nous reste un peu d’énergie pour aller à Casamaccioli, le village voisin, où la fête bat déjà son plein, en attendant la rituelle procession religieuse du lendemain. Ayant compté sur l’existence annoncée (mais hélas improbable) d’une navette, nous marchons encore un peu avant de se résigner à prendre la voiture. Sur place, rencontre avec Marc-Olivier, un habitant de Calacuccia croisé sur la route quelques minutes plus tôt : fort de nos anciens liens de camaraderie, il nous invite à boire quelques verres dans une ambiance de beuverie malgré tout très bon enfant. La jeunesse corse des alentours a visiblement sauté sur l’occasion pour s’encanailler à la Fête de la Vierge. Ils ne sont pas les seuls d’ailleurs : des attroupements se forment autour de tables, des jeux de roulette parfaitement illégaux si j’en crois mes anémiques connaissances en droit. Mais bon, la France & ses pandores sont tellement loin… Et il est heureux que ce ne soit que de la roulette corse, et non russe : les stands voisins, quant ils n’arborent pas ouvertement des boisseaux de drapeaux de guerilleros du maquis, proposent des tenues camouflage ou des cagoules suspectes avec juste trois trous pour les yeux et la bouche… les nuits ont beau être fraîches par ici, ces passe-montagnes me paraissent un peu chaud pour le coin. Et au milieu de toute cette foire arrive la procession vespérale de la statue — la granolita — telle un ruisseau de vertu dans un océan de débauche. Un garage providentiellement reconverti en auberge nous accueille pour nous offrir sa soupe corse et son fromage, préparés & dégustés par les vieux du coin : atmosphère très insulaire à l’intérieur ! Dehors, les polyphonies corses commencent à résonner, mais curieusement les chorales improvisées des buvettes l’emportent largement sur le groupe debout sur l’estrade. Rien de tel qu’une Pietra à la châtaigne pour encourager un gosier timide !

~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~
Randonneuse esseulée Randonneuse esseulée Randonneur esseulé Harde de sangliers civilisés Le Lac de Nino

Jeudi 6 septembre 2007

Enfin une journée (très) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 22:47

— Calacuccia, le Niolo, température 12°C, brrrr !

Après l’effort, le réconfort. Nous nous sommes autorisés ce soir un dîner 100% corse dans un petit resto de Calacuccia : terrine de figatelli, sauté de veau au miel, sanglier du chasseur, flan à la châtaigne, vin du cru, et même une coppa pour nos prochains pique-niques. C’était mérité, car ce matin, nous sommes partis à l’assaut du Monte Cinto, 2.607 m, sommet de la Corse.

Mais les dieux de la marche n’étaient pas avec nous.

Première surprise : le début de la randonnée est bien plus bas que celui annoncé par les guides : une piste défoncée empêche quiconque — hormis les sportifs en 4x4 (attention : oxymore ;-)) — de s’épargner 1h30 et 500 m de dénivelé préliminaires. Pas de problème, nous prenons notre courage à deux jambes et commençons la marche. Mais il est déjà midi passé — oui, comme prévu, nous ne nous sommes pas levés aussi tôt que prévu — quand nous arrivons au Refuge de l’Erco, véritable point de départ de la grimpée vers le sommet. Grimpée qui nécessite au bas mot 3 heures aller, nous disent deux vieux mais verts bonhommes qui venaient d’en redescendre — je n’ose pas imaginer à quelle heure ils se sont levés ces grands-pères, et surtout je n’ose pas m’imaginer faire la course avec eux : bon pied bon œil les ancêtres !

Du coup, il est presque trop tard (selon Carine) pour tenter l’ascension. Nous décidons alors de nous rabattre vers un objectif censé être plus atteignable : le Lac Cinto, relique d’un lointain glacier niché au pied du mont. Le maquis d’altitude exhale un parfum discret et délicieux, mais se venge de notre intrusion en dépêchant ses armées de genévriers nous griffer les jambes. Dans un paysage de pics dentelés qui n’a rien à envier à nos Alpes, les vaches et leurs veaux, jolis comme des peluches, nous regardent nonchalamment passer en broutant sans entrave ni barrière aucune, tandis que nous suivons les cairns qui ponctuent le très incertain sentier. Sentier qui finit par s’estomper dans un immense éboulis. Deuxième surprise. Allez maintenant débusquer des petits tas de pierres dans un énorme tas de pierres ! Tant bien que mal, nous persistons : les cairns nous mènent droit… sur une vertigineuse barre rocheuse. 8-O Enfer & damnation ! nous voulions faire de la marche, pas de l’escalade. Les pierriers étaient déjà bien délicats à franchir, alors ne pensons même pas aux murs. Nous ne sommes pas seuls dans cette mésaventure : un autre couple de randonneurs doit, comme nous, renoncer à apercevoir le lac glaciaire. Revenant en arrière et en éclaireur un peu sur le côté, je subodore que la vraie piste est par là, signalée elle aussi par des cairns : c’est bien simple, il y a des cairns partout dans cette maudite montagne ! Bref, plus le temps de chercher la voie, il faut — à mon grand dam — faire demi-tour avant la nuit et le froid, car même en Corse, au-dessus de 2.000 m il gèle à pierre fendre.

Troisième & dernière avanie de la journée : en traversant un de ces belliqueux buissons du maquis, le chapeau que Carine avait accroché à la ceinture décide d’y rester. Un chapeau tout neuf, porté à peine trois fois, snifff… :cry: (je m’en veux, c’était moi qui lui avait suggéré de l’attacher là…) Après 7 h de marche et 1.000 m de dénivelé, sans avoir atteint aucun de nos objectifs, nous avons les jambes en compote et zébrées de cuisants souvenirs — et moi en plus, les épaules ruinées pour avoir voulu porter, âne bâté que je suis, un sac trop chargé. À avoir usé notre santé sur ce fallacieux sentier, maintenant je comprends pleinement le sens de ce proverbe corse :

    “buciardu com’è a scopa”,

menteur comme la bruyère, qui fleurit mais ne donne pas de fruit.

~ les photos du jour ~
Montagnes corsées Sur les pentes du Monte Cinto Voilà une bien étrange roche Camaïeu de cailloux

Mercredi 5 septembre 2007

Enfin une journée (un peu) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 22:58

— Calacuccia, Niolo, altitude 830 m, température 11°C

Ce soir, style télégraphique de rigueur : demain, lever tôt pour aller se frotter aux pentes du Monte Cinto, le point culminant de la Corse. Donc pas de chichis, faisons vite pour que j’aille me coucher à une heure raisonnable (et en plus, il fait froid).

Départ ce matin relativement tôt de la Plage d’Arone (j’ai même réussi l’exploit de me lever avant Carine), re-traversée des Calanche toujours aussi belles et avec un peu moins de monde que la veille. Nous avons fait une croix sur Porto, son golfe et sa réserve de Scandola : certainement trop fréquentés à notre goût — deviendrions-nous misanthropes ?… Cap à l’Est, vers l’intérieur, vers les gorges de Spelunca. Un premier & bref arrêt au pont génois de Pianella, une arche qui enjambe élégamment la rivière Porto, pour ensuite suivre les gorges taillées par l’Aïtone jusqu’au pont — génois, lui aussi — de Zaglia, où nous avons déjeuné. Très jolie balade, mais décidément que c’est chevillé : il semblerait que les vacances scolaires ne soient pas finies en Allemagne, à voir le nombre de familles teutonnes qui sillonnent l’île.

La halte suivante fut dans la forêt d’Aïtone, avec ses vertigineux pins laricio qui s’élancent vers le ciel : ils furent plantés pour finir en mâts dans la marine à voile, et c’est la vapeur qui leur a sauvé la peau, euh, l’écorce. Là encore, petite marche jusqu’aux cascades d’Aïtone, qui s’avèrent n’être que de minces goutte-à-goutte : charmant, mais un brin décevant quand même quand vous vous attendez à de vraies & rugissantes cascades. Enfin, nous nous arrêtés ce soir à Calacuccia, petit village montagnard campé autour de son lac et cerné de hauts massifs. Camping calme et agréable, fréquenté par les marcheurs du GR20 et du Mare a Mare. Pizzas ce soir — on tourne à une pizza tous les deux soirs, c’est une bonne moyenne — dans le très agréable restaurant U Valduniellu, où nous avons pu déguster quelques produits locaux (dont la châtaigne bien sûr) et où on nous a même offert le digestif : c’est suffisamment rare pour le souligner.

Bon, sur ce, bonne nuit, c’est pas le tout on a 1.600 m à monter demain nous.

~ quelques photos du jour (parmi les 10) ~
Ces Génois, quels bâtisseurs ! Les Calanche de Piana Le Niolu (prononcez "Niolo") Le Col de Vergio, 1.447 m Les cascades d'Aïtone

Mardi 4 septembre 2007

Ça se corse

Classé dans: ~ Tom @ 23:27

— Plage d’Arone, Piana, les Calanche

Résumé rapide de la situation : nous sommes partis des Deux-Torrents ce matin pour une petite incursion dans la vallée du Fango (célèbre pour sa danse, hahaha). La rivière y a creusé de superbes gorges, dans lesquelles nous nous sommes évidemment baignés, sous le regard attentif de quelques légionnaires en faction dans le coin — pas des légionnaires romains, non, des bidasses de la Légion Étrangère, dont le régiment est installé à Calvi. Puis nous sommes revenus à Galéria pour pique-niquer sur le port, avant de se lancer dans l’aventure téméraire de prendre un café. Car ici le café allongé (donc un café normal avec un peu d’eau en plus) a le prix du double café ; quant au verre d’eau tout bête, il vous en coûtera près d’un euro, 0,90 € pour être exact ! La caissière du supermarché n’a plus de centimes : elle arrondit donc la facture à votre désavantage. Sans même parler de ces trois malheureuses boissons achetées à la station-service pour la modique somme de 8 €… C’est un peu agaçant de se sentir dans la peau (et les plumes) d’un pigeon à chaque fois, et je me demande s’ils ne font pas tout pour vous couper l’envie de revenir.

La suite du voyage suivit une route hypra-sinueuse jusqu’à Porto, sur une corniche coincée entre ciel & mer avec beaucoup de monde dessus — et pas que des Smart, il y a des cars aussi. Les paysages sont superbes, certes, mais l’attention de tous les instants que requiert la route ne laisse guère le loisir de contempler le panorama, y compris pour la copilote qui ne supporte ces interminables lacets que si elle fixe sans faillir la ligne axiale de la chaussée. À Porto, dilemme : tentons-nous de rallier l’intérieur, certainement moins encombré ? restons-nous à Porto pour visiter son golfe en bateau, avec la fameuse réserve naturelle de Scandola au Nord et les Calanche au Sud ? ou allons-nous pour le soir au camping de la Plage d’Arone, conseillé par un ami ? Nous avons choisi cette dernière solution : la route qui traverse les Calanche réserve des points de vue admirables sur ce massif de granite rose aux formes fantastiques, mais là aussi c’est la foule des grands jours. Enfin, le camping est loin d’être un petit paradis perdu et oublié de tous : c’est un gros village peuplé à 90% d’Allemands (on pourrait le renommer Neu Tübingen, à en juger par les plaques minéralogiques de nos teutons voisins), où l’on n’hésite pas à s’installer sans vergogne à côté de votre tente, alors même que vous venez de choisir un emplacement tranquille et à peu près dégagé de ses voisins. Gonflé ! :-x

Mais cela ne nous a malgré tout pas empêché de s’asseoir dans nos chaises, de sortir bière et cidre frais de notre glacière, de les poser sur notre table, et de les verser dans notre gorge. Tout en contemplant les jeux endiablés de trois chatons tout maigres, des petits matous du maquis.

~ les photos du jour ~
Fontaine de galets Baignade dans le Fango Avertissement amical
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