Cavalcade dans les Agriates
— Miomo, San Martino di Lota, Cap Corse, près de Bastia
Aujourd’hui fut une journée noire pour mes fesses.
Il y a dix jours, nous avions repéré Equiland, un centre d’équitation idéalement situé au beau milieu du Désert des Agriates. (Le seul village de ce “désert” est le hameau de Casta, mais n’y cherchez pas Laetita, elle vient de L’Île-Rousse, à quelques heures de galop d’ici.) À l’écurie, nous avons relevé le nom et le numéro de la cavalière dans le but de l’appeler quelques jours plus tard. Ce fut fait à Sartène, en sirotant un café. Rendez-vous fut dès lors pris.
Ce matin, revenus dans les Agriates, nous prîmes le temps de nous offrir un café sur une terrasse — qui ressemblait plutôt à une piste d’envol pour parasols — avant de retrouver Claire Du Fay, notre guide ès chevaux, ainsi que Julie & Julien de Marseille, nos camarades de chevauchée pour l’occasion. Wendy, une grande et tranquille jument, accepta de m’accueillir sur son dos, tandis que Carine enfourcha le cheval Eros (mais ironiquement, d’eros il ne connaîtra point : il était coupé). C’était parti pour six heures de randonnée à cheval sur les pistes desséchées des Agriates, pistes sur lesquelles nous avons pu croiser voitures, quads et — quand même — vaillants marcheurs, qui allaient finalement à la même vitesse que nous. Après deux heures de pas–trop–galop dans un décor de western, est apparue une vision de rêve : la plage de Saleccia, au fin sable blanc et aux eaux turquoises d’une limpidité extraordinaire. L’arrivée de cinq cavaliers a déjà fait son petit effet sur les plagistes, mais quand nous avons pris un bain de mer avec l’étalon, un petit attroupement de curieux s’est créé. La collation promise par Claire fut plus que reconstituante : pain frais, lonzu, fromage corse et vin… mais pas le temps d’une sieste (sacrilège !) : nous avons enfourché nos montures pour le voyage retour, cette fois-ci par l’Est du Monte Genova (421 m), notre point de repère et centre de rotation pour cette journée de balade équestre. Nous nous sommes donc enfoncés dans les petits sentiers d’un maquis autrement impénétrable (où j’ai failli perdre mon appareil photo, malheur !). Ambiance très conviviale dans la colonne de cavaliers ; Claire sait mener son convoi dans la bonne humeur et les accélérations galopantes. D’ailleurs, en souvenir d’une cuisante chevauchée en Terre de Feu, je ne voulais pas revivre le syndrome “cul brûlé” dû à mon caleçon en synthétique ; j’avais donc pris ce matin la précaution de choisir un 100% coton. Mais apparemment, cela ne suffit pas à mon confort postérieur : cette randonnée m’a à nouveau littéralement coûté la peau des fesses. Il faut croire que mon derrière, sous son aspect bourru, est un grand sensible.
Le soleil nimbait d’or ce far west quand nous avons pris le chemin du retour vers la Suisse : Bastia, via l’escarpé col de Teghime (535 m) qui tronçonne le Cap Corse, la proue, du reste du navire. Et en ce dernier soir corse, installés dans le camping en face de notre premier camping, pour faire bonne mesure nous sommes allés manger une pizza dans le resto en face de notre premier resto !
~ quelques photos du jour (parmi les 17) ~ | ||||