Alors les campeurs, on s’embourgeoise ?
Aujourd’hui marque un tournant décisif dans notre vie de campeurs : de camarades prolétaires que nous étions, équipés en tout et pour tout d’une simple toile, nous sommes passés au statut de bourgeois privilégiés. Nous avons fait l’acquisition cet après-midi des accessoires du planteur de sardines professionnel : deux chaises (pliantes), une table (pliante également) et une glacière (pas pliante). Ainsi, nous pourrons savourer notre café matinal les fesses ailleurs que sur une pierre bien dure ou un matelas de rosée, tout en sortant de la glacière notre Véritable Gruyère de Suisse qui, peu habitué au climat méditerranéen, commence à suer et à sentir la vache de nos montagnes. Prochaine étape de notre ascension sociale : le camping-car. Vu que bizarrement, il ne coûte pas plus cher de garer ce véhicule de milliardaire dans un camping que d’y planter une modeste tente sur 3 m² de pelouse. Logique, n’est-il pas ?
Ce matin vit à Patrimonio notre première baignade en Méditerranée, sur une plage de sable fin pour nous tous seuls. Nous nous sommes ensuite lancés à la conquête du Désert des Agriates, un chaos de rochers rouges couverts de maquis. Le terme “désert” peut certes paraître excessif — après tout, ce n’est pas le Sahara — mais dans cette île où l’on peut trouver des villages dans les endroits les plus inattendus, les Agriates se distinguent par leur remarquable absence de peuplement, à l’exception du petit hameau de Casta, perdu au beau milieu de la désolation minérale. Ironiquement, cette région était au XVème siècle le grenier à blé de Gênes, d’ailleurs son nom vient du latin agrer, l’agriculture. Mais aujourd’hui, le paysage évoque plutôt un décor de far west, qui se prête particulièrement bien à une cavalcade western. De fait, nous avons tenté de faire du cheval, mais si possible nous reviendrons en ayant pris soin de réserver notre chevauchée : seuls quelques chevaux mais point d’humains au paddock.
Après notre traversée du désert, nous sommes arrivés en Balagne, à L’Île-Rousse. Nous n’avions pas spécialement prévu de nous y arrêter, mais il fallait bien trouver un coin d’ombre pour pique-niquer ; impossible de débusquer cette perle rare dans les Agriates. Les palmiers de la place Pascal Paoli (qui est en Corse ce que Simón Bolívar est en Amérique du Sud), sur les marches de l’église, apportèrent une fraîcheur bienvenue, suivie d’un café à l’ombre des platanes. Une petite marche digestive nous entraîna jusqu’à l’Île Rousse proprement dite, un îlot de granite rouge coiffé d’une tour génoise et d’un phare, îlot maintenant relié par une digue au “continent” — si j’ose employer ce terme ici. C’est à Calvi que nous nous sommes équipés sérieusement en matériel de camping, avant de se diriger vers Galéria par l’intérieur des terres. Le menu de ce soir, dégusté sous un olivier séculaire, fut typiquement typique : cannelloni au brocciu (prononcez “broutch” le nom de ce fromage corse, l’équivalent de la crème fraîche en Normandie : on le met dans tout) pour Carine, tripettes à la mode corse pour moi. Et pour cette nuit, on a pris le maquis : elle se passera dans un camping loin de la plage, donc calme et peu fréquenté, dans un superbe cadre parsemé de grillons chanteurs… premier & vespéral aperçu des polyphonies corses ?
Un carnet de 2 commentaires »
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scallione — Mardi 16 octobre 2007 @ 0:21
Social traitres !
Tom — Mardi 16 octobre 2007 @ 0:28
Mais non mon cher Scallione, c’est simplement l’ouverture à la mode Sarkozy !