Chi va piano va sano
— entre la rue des Labours et la rue des Moissons (ici)
Aujourd’hui notre intérieur a vécu un véritable bouleversement — intérieur, donc. Il était jusqu’ici un peu frustre, avec quelques meubles jetés ça et là pour combler l’espace, le disputant aux cartons qu’il faut encore vider. C’est fou le temps que peut prendre un emménagement, surtout quand on découvre au fur et à mesure de l’installation les dégâts causés par l’Ennemi aux Longues Oreilles. Canapé grignoté par petits bouts, câbles rongés jusqu’à la moelle, fils dangereusement dénudés — tandis que je branchais une rallonge, une décharge de 220V, en traversant ma main et mon cerveau, m’a révélé que Pinpin avait réinventé la clôture électrique à l’envers, celle des animaux pour les humains.
Bref, cet après-midi, alors qu’une planche sur tréteaux présidait encore en guise de salle à manger, deux déménageurs (et pas des armoires à glace) ont toqué à l’huis et porté avec une aisance déconcertante une belle table ronde — comme il se doit avec un roi Arthur à la maison — en bois lustré, les trônes qui vont avec, un magnifique bureau Art déco — depuis lequel je vous écris en ce moment, confortablement installé devant le spectacle de Delémont by night — et surtout, surtout, un superbe piano primé à Berne en 1914, rien que ça. Tout ça grâce à la générosité de la tante Nénette et de l’oncle Paul, qui ne nous ont même pas laissé le soin de rétribuer les vigoureux bras. Carine va pouvoir taquiner à nouveau les touches : elle a joué jusqu’à 18 ans, ayant l’option “piano” au bac, et elle a de beaux restes. Quant à moi, après une interruption de 25 ans, je vais me remettre à l’ouvrage, dépoussiérer mon solfège et commencer l’application d’un strict programme éducatif de bon père de famille.
~ la photo du jour ~ |