Pour Perlin tapez 1, pour Pinpin tapez 2
Constatant que nos efforts désespérés pour réconcilier nos deux lapins restaient vains, nous avons dû prendre une douloureuse décision : en transformer un en pâté au cognac, hum, en garder un. Et donner l’autre. C’était la seule solution pour faire cesser la guerre civile qui éclatait dans le salon quand nous libérions les deux fauves en même temps.
Fichu instinct de domination ! Dès qu’elles s’apercevaient — même en terrain “neutre” comme la cuisine — le jeu du chat et de la souris (si vous me passez l’expression) recommençait : Pinpin, bien que beaucoup plus petite que Perlin, n’hésitait pas longtemps avant de sauter sur sa sœur. Les dommages collatéraux étaient pour nous, principalement sous forme de petites crottes molles et puantes transformant la scène de désolation en terrain miné. Mais de surcroît, Perlin se mit à son tour à manifester un instinct territorial hyper-développé : une fois dans sa cage, elle pouvait se montrer très agressive, gronder et se lancer toutes griffes dehors vers l’outrecuidante main qui osait venir la caresser. Fâcheux. Pendant ce temps, Pinpin restait enfermée toute seule dans le bureau. Donc au final, personne n’était vraiment content : ni Perlin, ni Pinpin, ni nous, navrés de voir nos p’tites loutes devenir acariâtres ou solitaires.
Nous avons donc passé une petite annonce — enfin, trois, pour être précis — sur internet. J’avoue qu’en contemplant la profusion d’offres, je n’y croyais pas trop. Mais j’avais tort : dès le lendemain, nous avions trois coups de fil et autant de mels (j’imagine que la photo des 2 monstres doit y être pour beaucoup). Forcément, dans ces cas-là on dit oui à la première proposition qui vient, croyant que ce sera aussi la dernière. Conséquence : étant troisième dans la file, une Suisse allemande adepte de la cuniculiculture (l’élevage de lapins, donc) n’aura pas la satisfaction de voir Perlin rejoindre ses protégés et faire tout plein de jolis petits lapereaux. Et pourtant, sa compétence était hors de doute, et elle nous livra même son secret pour rabibocher deux lapines chamailleuses : mettre un vieux mâle castré au milieu, qui se chargera vite fait bien fait de calmer tout ce petit monde.
Ores doncques, demain un monsieur va accomplir 250 bornes pour que je lui pose un lapin… entre les mains. Oui, mais quel lapin ? Perlin, avec son allure impériale, sa belle fourrure angora mais son fichu caractère de cochon ? ou Pinpin, si mignonne et si frêle qu’on a tout de suite envie de la protéger ?
Le choix fut difficile et sera déchirant.
~ la photo du jour ~ |