Version TLM 20140312-0031 Aux 4 Coins du Globe » octobre 2006
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On m'appelle Caïman Dundee
Maintenant c'est un joli sac en cuir.
- Corrientes
Argentine ~ mardi 26 septembre 2006
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Mardi 31 octobre 2006

Survivants d’un séisme et d’un tsunami

Classé dans: ~ Tom @ 23:59

— Valparaiso, patio de La Bicyclette

À 16h00 aujourd’hui, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a fait trembler Valparaiso. Exactement 7 minutes plus tard, un tsunami venu des tréfonds du Pacifique a submergé la ville. Quant à nous, au signal d’alarme, nous avons été évacués sans encombre d’un immeuble de 21 étages, dans les rires et la bonne humeur. Car il s’agissait d’un exercice. Nous nous sommes retrouvés aux premières loges de cette simulation grâce au papa de Denise, administrateur de l’immeuble sus-cité. Denise est l’amie de Fabio, un vieux copain de Nouvelle-Calédonie installé à Valparaiso depuis quelques années. Nos retrouvailles ont eu lieu ce matin à La Bicyclette, et après un petit dèj au soleil, Fabio & Denise nous ont emmenés dans une visite guidée de la ville. Elle a commencé par une ascension du Cerro Alegre, l’une des quarante collines qui font de Valparaiso un immense amphithéâtre sur la mer. Le Cerro Alegre, avec ses maisons colorées qui s’enchevêtrent dans une plaisante anarchie, ses étroits escaliers serpentant au cœur d’une luxuriante végétation, ses miradors d’où se découvrent les vues sur le port, la vaste baie et au loin Viña del Mar, est un quartier bohême regroupant anciennes maisons de maîtres, ateliers d’artistes et d’artisans, petits cafés typés. La colline a donc un caractère très particulier, avec un léger parfum de grandeur et décadence passée qui se sent sur les murs aux peintures fanées - pas étonnant que Valparaiso ait été inscrite au patrimoine de l’humanité.

La promenade s’est poursuivie au marché, où nous avons pris un déjeuner local fruits de mer & poisson, puis nous sommes allés participer à l’exercice de terremoto y maremoto. C’était la foule des grands jours sur la place, de faux blessés étaient en train de se faire maquillerpour les besoins de la simulation - et certains débordaient d’hémoglobine : idéal pour faire la quête en ce jour d’Halloween ! Des hauts-parleurs ont diffusé un grondement sourd, l’alarme a retenti, l’électricité s’est coupée, le feu s’est déclaré dans l’immeuble (un fumigène à une fenêtre, en fait), alors nous avons descendu nonchalamment 16 étages avec les employés de bureau. Dehors les secours s’activaient déjà et les pompiers arrivaient de leurs pays variés : à Valparaiso, chaque caserne a sa nationalité propre - souvenir des immigrants - et donc l’équipement, le casque, les véhicules, tout dans le moindre détail est semblable aux marins-pompiers de Marseille, aux Feuerwehr allemands ou aux Fire Departments londoniens. L’ensemble est donc très hétéroclite, on se croirait au festival Pompiers du Monde !

Le soir venu, nous avons préparé un asado (le barbecue sud-américain) dans le patio de La Bicyclette. Gilles et sa gouaille toulousaine se sont joints à nous autour du feu, des viandes grillées et de quelques bouteilles de vin chilien. La soirée fut riche en anecdotes & éclats de rire, et d’autres suivront car Fabio retourne à Nouméa le 3 décembre… quand nous y serons !

~ quelques photos du jour (parmi les 8) ~
Carine, Fabio & Denise La bombe allemande Halloween ? Fabio à la parilla On ne sait jamais...

Lundi 30 octobre 2006

Première nuit sous tente en Amérique du Sud

Classé dans: ~ Tom @ 23:24

— Valparaiso, Vème Région, 300.000 habitants

Il était temps de la planter cette tente, dans la terre sud-américaine : encore deux jours et c’était trop tard. Nous ne sommes pourtant pas dans un camping ce soir à Valparaiso, mais dans un hospedaje tenu par Gilles le Toulousain, La Bicyclette. Il y a un petit bout de terrain on l’on peut enfoncer nos sardines, et comme mous portaons une tente inutile depuis deux mois, c’était l’occasion ou jamais. Et puis, nous avions furieusement envie d’essayer nos matelas tout neufs achetés à Buenos Aires !

Question hôtel, il faut dire que le dernier à Santiago était gratiné : petit dèj digne des prisons chiliennes, pas d’eau chaude le soir, si peu le matin, quant à internet et le lecteur de carte bancaire c’était pareil : on nous disait le matin que ça fonctionnerait le soir, et le soir c’était l’inverse… Alors quand l’empotée de service ce matin nous a déclaré qu’il fallait attendre une demi-heure pour nous rendre la monnaie, nous lui avons clairement fait comprendre le fond de notre pensée, pensée plus exacerbée encore à chacun de ses irritants “This is not my responsability"… L’hôtel Angamos : n’y allez pas de notre part !

Valparaiso, bien que deuxième ville du pays, est nettement plus petite que Santiago. Nous y avons flâné cet après-midi, près du port où se pressent d’immenses porte-containers, ou sur les collines qui disposent chacune de leur ascenseur : un antique funiculaire évitant la montée à pied. Du haut du Cerro Artílleria la vue est imprenable sur la zone portuaire, où des camions-grues pas plus hauts que des jouets déplacent les containers multicolores empilés comme des Lego. Et quand on se retourne vers la ville, toutes ces petites maisons bigarrées accrochées au flanc des collines donnent elles aussi l’impression d’être des Lego empilés - mais cette fois par un enfant beaucoup moins ordonné.

~ la photo du jour ~
La baie de Valparaiso

Dimanche 29 octobre 2006

Promenade dominicale

Classé dans: ~ Tom @ 23:15

— Santiago du Chili, altitude 543 m

La cité de Santiago del Nueva Extremadura, fondée en 1541 par Pedro de Valdivia, n’est pas aussi vilaine qu’on nous l’avait dépeinte… Certes, les bâtiments sont hauts et pas tous élégants, les rues étroites et donc la lumière ténue, mais elle est agrémentée de jolies places et de superbes parcs. En quête d’un office du tourisme ouvert le dimanche (et pas grand’chose n’est ouvert le dimanche), nous sommes arrivés devant la Casa Colorada, le petit musée dédié à l’histoire de la ville et installé dans sa plus vieille demeure coloniale, une des rares rescapées du perpétuel lifting urbain. Le gardien nous ayant fermement mais courtoisement invités à le découvrir (c’était gratuit aujourd’hui), nous nous sommes résignés à aller y jeter un rapide coup d’œil… pour finalement contempler avec minutie les superbes dioramas qui y sont exposés. Ces petites scènes illustrent en trois dimensions des instants de la vie de Santiago : les décors et les maquettes de bâtiments sont magnifiques, mais ce qui frappe surtout, c’est le talent du sculpteur pour donner une expression propre à chacune des figurines en bois de 6 cm de haut - et elles sont nombreuses ! Les poses sont variées et les minuscules visages fourmillent d’expressions variées et souvent cocasses : la duègne tançant sévèrement sa señorita pâmée devant le fringant conquistador, la jeune fille rougissant timidement aux avances de son soupirant, ou le fier guerrier mapuche se tenant le pied de douleur suite à un mauvais coup de crosse d’une partie de hockey précolombien. Tous ces détails font de la visite un régal.

Nous nous sommes ensuite rendus au Palais de la Moneda (qui fourmille, lui, de policiers : un tous les 10 m…), là où Salvador Allende a courageusement mis fin à ses jours le 11 septembre 1973, après le putsch de Pinochet, inaugurant ainsi dans le sang le début de la dictature militaire. Mais Salvador a maintenant sa statue sur la place, et pas le sinistre général. Et j’espère que l’actuelle Présidente Michelle Bachelet sera elle aussi immortalisée dans le bronze - mais alors, dans bien des années ! Après un sandwich sur la Plaza de Armas encombrée de familles et de prédicateurs, nous avons continué la promenade dans le barrio Bellavista, le quartier bohême de Santiago, où les rues bordées d’arbres et de maisons basses sont constellées de terrasses et de vendeurs d’artisanat. Le funiculaire nous a emmenés au sommet du Cerro San Cristobal, une éminence au milieu de la ville qui offre un splendide panorama sur les Andes enneigées, la vallée urbanisée et la cordillère côtière, le tout dans la lumière dorée du soleil couchant - nous avons échappé aujourd’hui au sempiternel brouillard qui noie habituellement les six millions d’âmes rassemblées ici, miracle peut-être dû à l’immense Vierge de 14 m de haut qui couronne la montagne, statue d’une blancheur immaculée, conception de l’atelier Val d’Osne à Paris !

~ les photos du jour ~
Détail d'un truculent diorama La cicatrice d'un autre 11 septembre ? Santiago & les Andes Salvador Allende immortalisé

Samedi 28 octobre 2006

Sur le chemin de Saint Jacques

Classé dans: ~ Tom @ 19:37

— escale à Puerto Montt, dans l’avion qui nous mène à Santiago

Nous nous sommes réveillés ce matin au milieu du Détroit de Magellan, et nous nous endormirons ce soir à Santiago du Chili : un grand bond en avant de 3.000 km, notre dernière étape continentale avant le saut vers l’Île de Pâques et le Pacifique.

Au petit matin, le Mare Australis s’est arrêté à quelques encâblures de l’Isla Magdalena, habitée par un gardien de phare, des goélands et surtout des milliers de manchots de Magellan (le terme “pingouin” convient aussi, ai-je appris). Ils vivent en couple dans des nids-terriers creusés dans le sol. Autant dans l’eau ils sont de vraies torpilles, autant sur terre ils sont patauds : leur démarche dandinante à la Charlot leur confèrent un air cocasse et assez touchant. Comme ils ne sont pas vraiment farouches et tolèrent volontiers qu’on les approche, c’était un jeu d’enfant pour les baleiniers du XIXème d’en faire un véritable massacre. Heureusement aujourd’hui, l’île est devenu leur santuario, et en mars elle se couvre de nouveaux-nés duveteux.

La fin du voyage approchant, vint ensuite le temps des adieux avec nos compagnons de dîner : Maude & Michel, Yvette & Bill. Ce fut aussi l’occasion de mieux faire connaissance avec Caroline & David : nous nous séparâmes non sur le quai, mais dans un petit café patagonien qu’on a pas mal rempli d’éclats de rire.

23h21 — Santiago du Chili

Nous voilà arrivés à Santiago, installés dans un hôtel qui ne fait absolument rien pour se faire connaître : il ressemble à n’importe quelle autre maison, sans enseigne ou publicité d’aucune sorte. Mais la chambre a l’air agréable - ce n’est plus bien sûr le luxe de notre palace flottant - et de toute manière je sens que je vais dormir comme une masse. La nuit dernière n’a pas été de tout repos - comme Bill la veille, j’ai dû manger au dîner quelque chose qui n’est pas passé - et aller voir les pingouins ce matin m’a demandé une bose dose d’abnégation. Mais nul doute qu’une bonne nuit réparatrice remettra tout ça d’aplomb.

~ les photos du jour ~
Les pingouins de Magellan La table du capitaine Le phare de l'Isla Magdalena & ses habitants

Terre en vue, moussaillon !

Classé dans: ~ Carine & Tom @ 15:04

— Punta Arenas, XIIème Région

Le site est resté quelque peu silencieux ces derniers jours, et pour cause : des militaires chiliens à moustache nous ont emmenés dans leur caserne pour un petit interrogatoire amical de 72 heures. Aïe.

Ahahah, je plaisante. :twisted: Non, en fait si nous n’avons pu donner de nos nouvelles sur le blog, c’est parce que… nous étions en mer ! Une croisière de trois jours dans le labyrinthe de l’archipel fuéguien, de Ushuaia à Punta Arenas, entre Canal de Beagle, Cap Horn, fjords & glaciers, et sur un bateau grand luxe s’il-vous-plaît ! :-) Mais même dans ce palace flottant, de connexion internet il n’y a point !

Nous avons débarqué ce midi à Punta Arenas, et notre avion pour Santiago décolle dans 2 heures : je n’aurai donc pas le temps de mettre en ligne le journal de bord de ce périple digne de Shackleton. Mais dès que nous aurons un peu plus de temps devant nous, vous saurez tout de nos aventures dans les îles des mers du Sud - et contrairement à ce que tout le monde dit, l’eau n’est pas bleu turquoise ici ! ;-)

~ les photos du jour ~
La table du capitaine Les pingouins de Magellan Le phare de l'Isla Magdalena & ses habitants

Vendredi 27 octobre 2006

La croisière s’amuse

Classé dans: ~ Tom @ 23:49

— M/N Mare Australis, 53°31,456′S, 68°15,340′W

Dernière nuit sur le Mare Australis. La Croix du Sud brille au-dessus de la poupe alors que la Lune jette son pâle reflet dans les eaux noires de Magellan. Pendant 72 heures nous avons cotoyé nombre de gens aux langages différents, des croisiéristes bien sûr, mais aussi des marins, des membres d’equipage, des guides de tourisme. Et demain midi toute cette petite société se désintègrera sur le ponton de Punta Arenas. Une croisière est déjà une expérience en soi, et à plus forte raison quand elle sillonne le labyrinthe de canaux, d’îles, de fjords et de rochers de l’archipel fuéguien. Bien sûr, on n’échappe pas aux poncifs du genre : le programme est respecté à la minute près, les G.O. ont un discours bien rôdé (avec les petites blagues au moment opportun), les repas sont servis à heure fixe et tout est pensé pour le confort du passager. Bref, tout cela ne sonne pas vraiment routard, moi qui rêvait de prendre la mer sur un navire de fret et dormir en hamac dans un entrepont crasseux infesté de rats ! :-)

Sans surprise, la majorité des passagers vient d’Espagne, avec quelques Chiliens et Bresiliens pour composer le bloc hispano-lusitanophone. Des Étasuniens forment une petite minorité anglophone, quelques Allemands et Hollandais donnent une légère touche gutturale, néanmoins le groupe francophone est le deuxième en importance, avec une joviale communauté québécoise. Au cours du voyage nous avons fait de fort sympathiques connaissances : le hasard nous a fait nous asseoir lors du premier dîner à côté de deux couples, Maude & Michel venus de Neauphle-le-Château, Yvelines, et Yvette & Bill arrivant de San Diego, Californie. Michel est un officier à la retraite de la Marine Nationale, capitaine au long cours et vieux loup de mer qui a des anecdotes dans chaque port de la planète, mais Maude n’a rien à lui envier question voyages : de la Polynésie à l’Afrique Noire, elle a goûté à la poussière des cinq continents. Yvette quant à elle travaille au célèbre Zoo de San Diego, et leur liste de voyages avec Bill est impressionnante. Il y avait également un autre couple de notre âge à bord, Caroline & David de la Sarthe, qui ont embarqué un peu dans les mêmes conditions que nous.

La journée s’est passée entièrement en mer : quelques présentations pour meubler entre les repas, mais aussi une sortie en Zodiac dans le Seno Chico (le “petit fjord", plutôt grand en fait) pour aller voir de près le glacier Gunther Plüschow. Pour celui qui a contemplé le Perito Moreno, ce n’est plus vraiment un spectacle extraordinaire, mais se retrouver à frayer son chemin dans un champ flottant de glace est une expérience assez curieuse. Et les cormorans royaux, dérangés par notre arrivée, qui plongent, s’envolent ou marchent sur l’eau mettent de l’animation dans ce tableau glacé.

Il est 1h30 du matin, le bateau semble désert maintenant et l’on n’entend que le sourd ronronnement des moteurs. Le slumières oranges de Punta Arenas apparaissent déjà à babord, mais avant d’y accoster demain, nous irons rendre visite aux manchots de Magellan sur l’Isla Magdalena. Tenue de soirée exigée !

PS. Aujourd’hui nous avons franchi un cap, nous seuls parmi tous les passagers : celui de la moitié de notre voyage !

~ les photos du jour ~
Crépuscule sur la Terre de Feu Belle lignée royale... Des glaciers jusqu'à la mer 1 Des glaciers jusqu'à la mer 2 Une pétrelle arctique dans le sillage

Jeudi 26 octobre 2006

Cap Horn : expédition échouée

Classé dans: ~ Tom @ 23:30

— M/N Mare Australis, 54°57,352′ S, 69°08,770′ W

[Ces coordonnées sont absolument véridiques : je suis allé me les procurer à la passerelle de pilotage du navire.]

L’opération D-Day au Cap H est donc tombée a l’eau, si j’ose dire. On nous avait prévenu : la météo au Cap Horn est tout sauf tranquille, et rien n’y est jamais assuré, surtout pas le débarquement de croisiéristes en goguette. Mais pourtant au petit matin, le temps était assez clément pour tenter la manœuvre. En gros, elle se compose de quatre étapes périlleuses : embarquement des passagers sur le Zodiac, débarquement sur la Isla Cabo de Hornos, réembarquement depuis l’île et débarquement sur le navire. Une routine pour nous, jeunes & fringants aventuriers, mais il n’en va pas de même pour la très grande majorité des passagers. “Une croisière très appreciée de la clientèle senior", avait-on lu dans le guide - nous étions prévenus.

Au petit matin donc, à l’abri derrière l’ultime île de l’archipel fuéguien, nous avons vu les Zodiac s’éloigner un à un. Notre grande malchance fut d’être francophones : les anglophones et les hispanophones étaient devant nous, la queue du peloton. Car au beau milieu de cette délicate opération de transbordement, les autorités décidèrent que la mer était trop agitée pour continuer, et annulèrent le reste des transferts sur le Cap Horn. Leur hantise est très certainement de voir une mamie glisser dans l’eau gelée des 50èmes hurlants : ils ne veulent surtout pas courir ce risque. Toujours est-il que nous vîmes alors les Zodiac faire demi-tour avec encore toute leur cargaison de gilets orange fluo. Aaaaaargh ! si proches du Cap Horn, et ne pas pouvoir y poser le pied ! J’ai alors ressenti - et je ressens toujours un peu ce soir - une grosse frustration. Ma foi, tant pis, c’est la loterie de la mer, mais moi qui voulait laisser ma marque sur ce caillou perdu a un coin du globe… À l’instar des marins hollandais qui nommèrent ce cap d’après leur port d’attache, Hoorne, je voulais rebaptiser ce lieu d’après mon département d’attache : le Cap Orne ! Malgré tout, nous avons quand même eu droit à un lot de consolation : une virée en Zodiac auprès d’une colonie de lions de mer, vautrés commes des pachas sur le rocher le plus austral du monde habité. Le spectacle de ces curieux indolents valait certainement celui du phare, des quelques monuments & autres stèles commémoratives parsemés sur l’herbe rase de ce rocher du bout du monde.

Plus tard dans la journée, nous avons pu voir quatre dauphins jouer et faire la course avec le navire, puis nous avons debarqué - tous sans exception cette fois-ci - dans la Bahia Wulaia, là où la main de l’homme n’a (presque) jamais posé le pied. Seuls ont osé vivre ici les militaires, quelques pêcheurs, une famille d’éleveurs… et avant tout ce petit monde les Yumaná, les aborigènes d’ici, aujourd’hui à ranger parmi les innombrables victimes de notre civilisation. Nous avons choisi la promenade “sportive” dans les hauteurs de l’île, marche toutefois bien tranquille pour nos jeunes jambes. Elle s’est conclue dans un émouvant silence méditatif en communion avec la nature immaculée… que seul un chalutier de pêche au crabe royal venait troubler de son moteur !

La vie à bord est minutée comme du papier à musique, et chaque activité est planifiée comme au Club Med. L’inévitable soirée karaoke qui animait le bar où j’écris s’est terminée à minuit pile, et maintenant tout le monde est certainement au lit. Et je viens de me rendre compte que la table sur laquelle je couche ces lignes arbore pour décoration une carte maritime, avec portée dessus l’Allée des Glaciers dans laquelle nous passons ce soir : je lis d’Est en Ouest le Ventisquero Holanda, le Ventisquero Italia, le Ventisquero Francia, le Ventisquero Alemania, le Ventisquero España… et le plus grand, le Ventisquero Romanche !!!

~ quelques photos du jour (parmi les 14) ~
Course avec trois dauphins Adieu le Cap Horn Convoi de bateaux-poupées russes Le Cap Horn vu du zodiac Prêts à plonger !

Mercredi 25 octobre 2006

Sortie par la Grande Porte

Classé dans: ~ Tom @ 23:02

— M/N Mare Australis, Canal de Beagle, entre Ushuaia, Argentine, et Puerto Navarino, Chili

La Grande Porte, c’est la mer, le canal de Beagle, celui de Murray, le Cap Horn, l’archipel fuéguien, le détroit de Magellan et pour finir notre destination : Punta Arenas. Voilà une conclusion magnifique pour un continent magnifique ! Conclusion inespérée, car contre vents & marées, nous avons finalement réussi à monter à bord du Mare Australis pour tailler notre route avec vents & marées. Tout a commencé avant-hier, quand après le décalage de 48 heures de notre avion, j’envoie un mel (sans trop y croire, néanmoins) à l’agence Comapa de Puerto Natales, prestataire de la compagnie maritime chilienne Cruceros Australis. On me répond hier qu’il y a encore des places disponibles pour près de 1.000 $US par personne, mais nous en prenons connaissance trop tard dans la soirée pour les réserver… et quand je les rappelle il n’y en a plus. L’occasion de ne pas reprendre le bus vient peut-être de larguer les amarres. Mais l’espoir ne me quitte pas : ce matin, avant de partir pour le Parque Nacionale Tierra del Fuego, je retente un dernier coup de fil au Chili : l’agence laisse encore flotter une chance, mais il faut patienter près du téléphone. Et encore patienter. Et encore patienter. Enfin, à 13h, elle m’annonce que miracle ! il y a une cabine de libre (classe AA, le top) au prix de dernière minute : 800 $US ! Bon, c’est moins cher, mais ça reste quand même cher, et après toutes nos longues & vaines démarches pour trouver un bateau économique (par exemple un ferry, un chalutier, un porte-container, un sous-marin atomique), il s’avère que c’est la seule et unique possibilité de regagner Punta Arenas par la mer. Le calcul est donc vite fait : l’occasion est trop belle pour la laisser couler, et tant pis si on explose le budget.

À partir de ce moment-là donc, c’est la course : faire des photocopies de passeports, envoyer des fax, s’assurer que tout est bien arrivé, avoir les confirmations, retourner à l’hôtel, régler la note (augmentée d’une demi-journée pour juste 2 heures de trop, alors que nous y avons dormi 5 nuits… les rats !), faire nos sacs en quatrième vitesse, aller à l’enregistrement des bagages, remplir une tonne de papiers futiles pour les douanes, faire rembourser (en partie évidemment, grrr…) nos billets de bus maintenant caduques, manger les fruits & légumes qui sinon ne passeraient pas la douane, et monter à bord du Mare Australis pour enfin savourer le luxe d’un palace flottant.

On ne peut pas prétendre que l’expérience soit digne d’un vrai routard, mais c’est en tout cas bien agréable : confortablement installé dans le lounge, je sirote un whisky en contemplant les lumières lointaines d’Ushuaia, de l’autre côté du canal de Beagle - car nous sommes maintenant en eaux chiliennes. La traversée ne s’annonce pas ennuyeuse, c’est même plutôt le genre “La croisière s’amuse” avec un programme détaillé heure par heure. Inutile de préciser que Carine & moi détonons un peu parmi les passagers, qui ont certainement en moyenne le double de notre âge. Mais comme l’a dit le capitaine, c’est autant une croisière qu’une “expédition” (n’ayons pas peur des grands mots), et seuls les pingouins sont tenus de porter un smoking.

~ les photos du jour ~
À nous les mers du Sud ! Le Mare Australis dans le port d'Ushuaia Ushuaia depuis le quai

Mardi 24 octobre 2006

Comme des gauchos dans la pampatagonia

Classé dans: ~ Tom @ 23:59

— Ushuaia, Finisterre Argentino

Des gauchos un peu gauches certes, mais avouons que nous ne nous en sommes pas trop mal sortis de notre cabalgatas de ce matin. Arrivés au Centro Hípico Fin del Mundo (Ushuaia a un petit air d’apocalypse avec cette “fin du monde” partout annoncée) en compagnie de Simon, un Anglais de Manchester, et Adolfo notre guide, nous avons enfourché nos montures pour une petite promenade à quatre pattes dans les collines boisées qui bordent le Canal de Beagle. Les conditions étaient idéales : les chevaux étaient très doux, la nature superbe, la plage déserte et la météo - comme toujours par ici imprévisible - plutôt clémente. Et même avec les branches basses des arbres, les sentiers boueux et défoncés, les rivières à traverser, les galops plus ou moins contrôlés et les molosses qui rôdent et en veulent aux jarrets de nos bêtes, aucune chute ne fut à déplorer. C’est maintenant que nous en payons le prix : Carine est toute courbaturée de partout, et quant à moi je m’assois désormais avec moult précautions - je déconseille d’ailleurs vivement à tout cavalier les caleçons 92% polyamide 8% élasthanne : quand ça frotte, ça brûle !

Hier fut en partie consacré à des activités nettement moins récréatives : la recherche du bus nous ramenant à Punta Arenas. Ayant finalement renoncé à notre idée de croisière sur le Détroit de Magellan, nous faisons le tour des compagnies de bus afin d’en trouver un pour mercredi, notre avion décollant jeudi. Mais là, aaargh ! tout est pris d’assaut, plus aucune place disponible ! Diable ! nous sommes faits comme des rats en Terre de Feu ! Nous retournons dans notre tête les différentes options qui nous restent, et choisissons celle en apparence compliquée : reculer la date de notre avion. En fait, une fois le bon numéro de téléphone en main, les choses se sont déroulées avec une étonnante simplicité : en un coup de fil nous avions un vol 48 heures plus tard, ceci sans frais supplémentaire. À partir de là, plus de problème pour trouver un bus quittant Ushuaia - mais il faut vraiment s’y prendre à l’avance ici, les bus sont petits, peu nombreux et donc pleins plusieurs jours avant le départ. Et peut-être ce chamboulement de date aura une conséquence imprévue : l’opportunité finalement de le prendre, ce damné bateau. Réponse demain matin, suspense…

~ les photos du jour ~
La cabalgatas d'Ushuaia Carine la gaucho Cavalier et son cheval

Dimanche 22 octobre 2006

Il pleut à Ushuaia…

Classé dans: ~ Carine @ 20:20

— Ushuaia, Terre de Feu argentine

… ah non, maintenant, il fait du soleil….heu non, en fait il neige….ahh, il re-fait du soleil…

Hé oui, comme nous l’avions lu dans le guide, le temps change vite dans ces contrées. Pour commencer la journée, il faisait un magnifique soleil dans un superbe ciel bleu. C’est donc très contents que nous sommes partis, pique-nique dans le sac, pour une balade de 6 heures sur les hauteurs d’Ushuaia, avec la découverte du glacier Martial comme but de notre balade.

Nous avons traversé de superbes forêts, sur un petit sentier bien pittoresque, le long d’un petit ruisseau, avec de jolies vues sur la baie d’Ushuaia. Malheureusement, au fur et à mesure de notre avancée, le chemin devenait de plus en plus boueux, et nous avons fini par arriver à la limite de la neige. Nous avons donc rebroussé chemin, car en plus, les nuages avaient commencé par assombrir le ciel et cacher les montagnes. Et la neige n’a pas tardé à tomber, comme la température d’ailleurs! Heureusement que je transporte toujours dans mon sac bonnet en laine et écharpe!

Nous nous sommes arrêtés malgré le temps peu clément pour manger notre pique-nique, au froid et sous la neige. Et après, bien frigorifiés (les sandwichs, ça réchauffe pas des masses), nous avions très envie d’un bon café bien chaud. Nous avons donc été au seul endroit possible à ce moment (nous étions encore assez loin de la ville): un hôtel 5 étoiles, situé sur les hauteurs de la ville, avec une vue magnifique sur la mer. Bien évidemment, l’endroit était nickel, tout comme le service: très bons café et capuccino accompagnés d’eau gazeuse et de petits gâteaux secs.

On se disait que l’on allait payer cela fort cher (on avait même fait les paris!). Hé bien, même pas! Pour tout ça, on a payé …. zéro pesos!! Et non, on n’a pas fuit l’hôtel en courant après avoir terminé nos consommations!
En fait, le garçon nous a expliqué que c’était la politique de la maison d’offrir les consommations aux personnes qui venaient découvrir l’hôtel (le pauvre a dû d’ailleurs s’y reprendre à plusieurs fois, entre espagnol et anglais, car on pensait tout d’abord avoir mal compris…).
On est donc ressortis tout contents de cet hôtel, même si on ne savait plus du coup s’il fallait laisser un pourboire! C’est un geste fort commercial, surtout que l’on ne faisait pas trop “clients potentiels de l’établissement": on est arrivés avec nos chaussures toutes crottées, nos pantalons tout usés, et nos sacs au dos…et il faut savoir que les prix des chambres sont compris entre 250 et 390 US$ !!

Mais comme dit Thomas, on gardera un très bon souvenir de cet établissement, et si on revient à l’âge de la retraite, plus vieux mais aussi plus riches, on descendra dans cet hôtel!

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