Réglons nos comptes !
— Delémont, Jura
Ouf, les voilà enfin ces comptes ! Il nous a fallu bien du temps pour déchiffrer notre fidèle petit carnet bleu tout écorné et en retranscrire ses 1.500 lignes… sans faire d’erreur, s’il vous plaît ! Tâche délicate donc, et surtout très longue. C’est dingue le nombre de trucs à faire quand on n’a pas ouvert son courrier depuis six mois…
Donc voili-voilou le décompte du voyage, en francs suisses (ben oui, nous sommes toujours au franc ici) et en euros. Tous les chiffres suivants sont pour nous deux ; pour une personne seule il faut prendre sa calculette, diviser par 2 et ajouter un nombre aléatoire entre 1 et 1.000.000 : il s’avère en effet beaucoup plus économique de voyager à 2.
Dépenses préliminaires | billets d’avion |
11 248, 70 CHF
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7 026, 28 €
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préparatifs |
868, 75 CHF
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542, 55 €
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Voyage | 2 personnes pendant 6 mois |
20 714, 30 CHF
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13 059, 69 €
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dépenses personnelles Carine & Tom |
878,89 CHF
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556, 95 €
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Coût total du voyage |
33 710, 53 CHF
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21 185, 47 €
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Première constatation : ce n’est pas si cher que ça de voyager pendant 6 mois : en gros 2.000 € par personne et par mois. Certes, il faut choisir entre ça et ce rutilant 4x4 BMW qui vous fait saliver d’envie à chaque passage de la pub à la télé.
Deuxième constatation : le billet d’avion représente à lui seul très exactement le tiers du coût total. Pour le rentabiliser, solution : partir le plus longtemps possible, c’est-à-dire une année. Et sur ce plan-là, nous avons été assez dispendieux, ne profitant que de la moitié du temps qui nous était imparti.
Troisième constatation : Carine a fait preuve d’une remarquable acuité quand elle a ébauché notre budget pour le voyage. Son calcul a donné 20.085 CHF (12.632 €), à comparer aux 20.714, 30 CHF (13.059,69 €) dépensés réellement pendant notre périple. La cerise sur le gâteau, c’est que ses estimations pays par pays sont très proches de la réalité, et les quelques surestimations (Bolivie, Chili) compensent les pays plus chers que prévus (Nouvelle-Calédonie) et même notre petit extra de la pointe sud-américaine, la croisière en Terre de Feu sur le Mare Australis, qui coûta (pour nous deux) la bagatelle de 1.560 $, soit 1.978 CHF, soit 1.243 €.
À ce propos, une petite note préliminaire : dans les diagrammes suivants ne figurent ni le billet d’avion, ni la croisière australe. Ces deux lignes ont tendance à déséquilibrer tout le reste, et à fausser le coût réel du voyage dans chaque contrée.
Pays par pays, voilà ce que nous avons dépensé.
Donc l’Amérique du Sud, où nous avons passé pas loin de 3 mois - la moitié de notre périple - ne nous aura coûté qu’un petit tiers de notre budget total. Le continent idéal pour les voyageurs désargentés, par conséquent. Mention spéciale à la Bolivie, où l’on peut (sur)vivre et voyager pendant longtemps pour presque rien… à condition de bien supporter altitude et gelées roses !
Penchons-nous maintenant sur les dépenses catégorie par catégorie. Arrivés à ce point, une petite explication de texte s’avère nécessaire : voici la signification des catégories.
- logement : hôtel en Amérique du Sud et dans les grandes villes, camping partout ailleurs quand c’est possible.
- transport : le transport collectif concerne principalement les bus sud-américains, ainsi que taxis, combis, minis, tricycles, bateaux et autres transports urbains plus conventionnels (métro, tramway). Le transport individuel indique quant à lui nos locations de voitures et les frais connexes (essence, péages, parking, ainsi que les nombreuses prunes… naaannn je rigole !).
- nourriture : forcément, qui veut aller loin ménage sa monture, et comme la monture c’est nous, nous nous sommes ménagés. Les courses sont les achats que nous avons fait pour nous préparer notre propre petite popotte (mmmh les bons pique-niques !). Et quand nous en avions un peu marre, nous allions au restaurant. Enfin, les boissons sont les innombrables cafés, pots, bières, cidres, vins (mais aussi les glaces à la dulce de leche d’Argentine et le kava de Calédonie), bref, tous ces petits instants bénis où on se pose et on regarde le monde danser sa folle ronde.
- autres dépenses : ici on trouve en vrac les achats divers (cartes postales & timbres, téléphones, médicaments pour Carine, tabac pour moi, cadeaux, ciné…), les soussous consacrés à internet (rien que pour vous, petits veinards), et surtout les visites, qui sont les dépenses réellement “touristiques” (entrées dans les musées ou les parcs nationaux, excursions, transports sur les sites - en avion, en bateau, en vélo, à cheval, en pirogue…).
Pas de doute, louer une voiture revient très cher - d’autant plus que le prix à payer est le même que l’on soit une ou deux personnes. Les dépenses “de luxe” (transport individuel, restaurant, boissons) représentent 42%, pas loin de la moitié de notre budget : une économie aurait sans doute été possible ici, mais de toute manière il aurait bien fallu se déplacer, manger et boire, toutes choses jamais gratuites. Alors pourquoi ne pas se faire plaisir ?
Celles & ceux qui projettent un voyage au long cours dans un ou plusieurs des pays que nous avons visité seront certainement heureux de trouver les quelques diagrammes qui suivent - probablement parce que nous, nous aurions bien aimé trouver quelque chose de ce genre pendant la préparation du budget. Il a fallu faire un peu au pifomètre, mais comme je le soulignais plus haut, Carine s’en est sortie avec brio !
Le logement est bien évidemment une part non négligeable des dépenses, que nous avons essayé de comprimer au maximum en recourant au camping autant que possible (pourquoi traîner une tente avec soi, sinon ?) et - quand nous avions cette chance - en allant rendre visite aux copains disséminés aux 4 coins du globe ! J’ai ici une grosse pensée pour eux, et je leur adresse un GRAND merci : le matelas gonflable d’un ami vaut toutes les chambres d’hôtel du monde !
Les Andes & leurs nuits glaciales ne permettent guère de faire du camping : ce fut hôtel tous les soirs en Amérique du Sud - à l’exception notable de Buenos Aires chez Anna & Jaume, de la Bicyclette de Gilles à Valaparaiso au Chili, et de l’Île de Paques à la chaleur salvatrice (mais tempérée par ses cafards). Malgré cette orgie d’hospedajes, l’Amérique du Sud se place question budget logement en tête de peloton… ce qui n’est pas le cas de celle du Nord, où nous avons pourtant usé la pelouse des campsites que nous avons trouvé (avec peine, tant ils sont bien dissimulés, ou complets jusqu’à la gueule). La Nouvelle-Zélande, avec beaucoup de campings - mais pas toujours sous tente pour cause de pluie - est à un niveau voisin, alors qu’en comparaison l’Australie paraît très économique : la raison en est que nous avons passé beaucoup de temps à Perth, gracieusement logés chez Eric & Cress. En Afrique du Sud, nous avons alterné guesthouses et campings, et le prix par nuit, un peu moins de 12 €, reste très raisonnable. Quand à la Nouvelle-Calédonie, elle remporte de loin la palme de la cherté… et pourtant, nous ne nous sommes guère permis de luxe ! [pour plus d’informations sur le logement, voir le commentaire ci-dessous]
Les transports en commun, ça a du bon… surtout pour le porte-monnaie ! Les bus sud-américains n’ont plus de secret pour nous, ils nous ont mené de haut en bas du continent, et ne nous ont pas coûté tant que ça. Mais avouons que pour visiter un pays à son rythme, rien ne vaut une voiture. Et dans bien des cas, il est difficile - voire impossible - de s’en passer : hors des sentiers battus, comment faire sans en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Calédonie ? Ceux qui aiment exclusivement les villes seront heureux de s’affranchir d’une voiture chère et encombrante… malheureusement Carine & moi adorons gambader dans la campagne !
La nourriture… voilà un bon indicateur du prix de la vie dans chaque pays. Curieusement, la fast-food nation n’est pas des plus économiques : elle se classe pénultième, derrière - tiens tiens - la Nouvelle-Calédonie, décidément toujours très haute dans ce palmarès. Par contre, le Sud de l’Amérique se démarque nettement par rapport au Sud du Pacifique ou de l’Afrique. Certes, il est vrai que les gargotes boliviennes n’ont pas grand’chose à voir avec les bons petits repas dégustés en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande (toujours accompagnés de jus de raisin local). Par contre, notez que les immenses et succulents lomo de bife servis en Argentine - arrosés d’un petit Malbec du cru - sont très abordables : prenez un billet pour Buenos Aires et réservez une table à Palermo dans la foulée !
Ici, pas de doute, certains pays monnayent cher leurs beautés : Pérou, Chili & Afrique du Sud ne lésinent pas sur le tarif d’entrée de leurs sites et leurs parcs naturels. Mais qui n’aurait pas envie de contempler le Macchu Pichu, les moaïs de l’Île de Pâques ou les guépards du Kalahari ?
Question internet, c’est le monde à l’envers : c’est dans le prétendu “tiers-monde” qu’il est le plus facile - et le plus économique - de se connecter. En Australie ou en Nouvelle-Zélande, c’est un peu délicat de trouver un café internet. Quant aux États-Unis, les seuls points d’accès sont dans les bibliothèques publiques - donc gratuites, mais pleines de contraintes. Et je n’évoque même pas ici la Nouvelle-Calédonie, où quelques minutes sur le web vous coûteront votre chemise !
Et voici le classement final de nos 9 pays !
Sans surprise, les 4 pays sud-américains sont à conseiller pour celui qui veut voyager à moindre frais - avec mention spéciale pour la Bolivie, deux fois moins chère que le plus bas de tous les autres (le Pérou). Les USA, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Afrique du Sud se situent dans une fourchette “moyenne” de 60 à 80 € par jour - pour 2 personnes, toujours. Quant à la Nouvelle-Calédonie, elle crève les plafonds à plus de 100 € par jour ! Le Caillou est un endroit magnifique, certes, mais réservez-le pour votre voyage de noces - de diamant, de préférence : voilà un Caillou qui vaut cher.
La petite touche finale, c’est qu’avec ces 20.000 et quelques francs suisses dépensés durant le voyage, Carine & moi avons bien réparti chacun notre contribution financière. Au final, j’accuse un retard par rapport à elle de seulement 336 CHF sur la facture globale, soit moins de 2% du total. Et en plus, Carine m’a murmuré que je pourrai la rembourser en nature !