Voyagez sans bagages !
— à bord du Pantomime IV, Rushcutters Bay, Sydney
Aujourd’hui était une journée maudite pour mes bagages. Ça a commencé dès ce matin quand, en ouvrant ma trousse de toilette, je découvre la catastrophe : ce stupide bouchon de gel douche s’est brisé, répandant tout le visqueux contenu sur brosse à dents, peigne, rasoir, dentifrice… Bref, tout le nécessaire s’est retrouvé noyé sous une épaisse couche de gel parfumé lavande. Évidemment, la Loi de Murphy veut que dans ces cas-là on ait un avion à prendre, et donc absolument pas le temps de réparer les dégâts dans les règles de l’art. J’ai donc dû me dépêcher de purger la trousse et de rincer vite fait le tout, avant de le remettre bien dégoulinant dans un sac plastique que j’espère le plus étanche possible. Je ne me moquerai plus jamais de Carine et de sa manie d’envelopper dans des sacs tous les flacons suspects de s’épancher un peu trop !
La deuxième mauvaise surprise a été, après un très turbulent voyage Perth-Sydney, de ne PAS retrouver mon sac sur le tapis roulant de l’aéroport… ENCORE ?!? Pourquoi ça tombe toujours sur moi ce genre de boulette ? Renseignement pris, mon sac a je ne sais pour quelle obscure raison raté l’avion, et il a pris le suivant. Bon, 1h½ d’attente ça passe encore, mais cette fois-ci ils ne s’en sont pas tirés comme ça et, contraints et forcés, nous ont généreusement offert un café et un muffin au bar. Et quand l’employé a enfin rapporté mon sac, c’est pour découvrir - troisième mauvaise surprise - qu’une lanière a été arrachée par les tendres mains des manutentionnaires, laissant la tente pendre lamentablement sur le sol. Je rafistole l’ensemble comme je peux avec une épingle à nourrice, et toc ! la cordelette de ma housse à lunettes de soleil péruvienne se rompt à ce moment-là. La loi des séries de Murphy, je suppose…
Heureusement, ça ne pouvait plus être pire, et la suite s’est bien mieux passée. Nous avons sauté dans un taxi pour nous rendre à notre gîte de ce soir, le plus inattendu qui soit : un voilier de 12 m amarré au cœur de Sydney dans la Rushcutters Bay, la marina du Cruising Yacht Club of Australia, havre de la légendaire course Sydney-Hobart. Le Pantomime IV est le bateau de Michael, un globe-trotter australien avec qui nous nous sommes évadés de Copacabana en Bolivie. On se rencontre sur un bateau au petit matin sur le lac Titicaca, on se retrouve sur un bateau le soir tombant dans le Sydney Harbour… Le courant était bien passé entre nous alors, et c’est avec un vif plaisir que nous sommes montés à bord du Pantomime pour partager nos récits de voyage. Michael est un voyageur impénitent : depuis qu’il a quitté son boulot il y a huit ans, il ne cesse de parcourir le globe en tout sens, avec Sydney et Melbourne en ports d’attache… la belle vie, quoi ! Et il en faudrait bien des billets pour faire un bref résumé de ses périples. Nous avons évoqué ses dernières pérégrinations dans un restaurant thaï de Kings Cross, autour d’une bouteille ramenée spécialement pour l’occasion des caves de Margaret River, et nous voilà maintenant Carine & moi confortablement installés pour la nuit sur les moëlleuses banquettes de la cabine toute en boiseries. Profitons-en, car demain nous disons “So long !” à Michael, à Sydney et à l’Australie pour affronter notre plus long voyage en avion (14 heures) et découvrir… l’Afrique !
~ les photos du jour ~ | |||