Dernier soir péruvien
— Puno, Pérou
Je profite une ultime fois de l’ambiance si particulière de notre hostal, le Samana Inn, si loin des canons de nos hôtels européens. Ce soir il y a apparemment un gros chagrin d’amour dans l’air et Cynthia, la petite bonne, passe son temps au téléphone public, sous l’Å“il navré de Maritza la patronne, et sous l’Å“il impavide du jeune gars qui s’occupe de la salle internet (régulièrement envahie de pré-ados avides de Counter Strike). Le bon côté, c’est que tout le personnel est là , car contrairement à l’Hotel California des Eagles - qu’on ne peut jamais quitter - celui-là on ne peut jamais y rentrer. Il y a bien une sonnette aux 20 mélodies différentes, mais personne pour ouvrir la grille cadenassée. Il faut alors soit être très patient, soit forcer la fragile serrure de la porte de service ! Mais quelle que soit la difficulté pour entrer, c’est après, au moment de faire sa toilette, que tout se gâte : quand on a la chance d’avoir de l’eau, on constate que la douche électrique l’est vraiment ! On ne peut pas toucher le bouton d’eau sans recevoir un coup de jus ! Idéal pour bien se réveiller le matin…
Deux pensées me viennent en vrac avant de quitter le Pérou. La première, c’est le nombre incalculable d’affiches politiques peintes sur les murs. Il y a eu une élection présidentielle mi-2006, et maisons & gros rochers au bord des routes sont couverts de slogans pour Alan Perú, Ollanta ou Lourdes - c’est Alan (Perú) Garcia qui a gagné, malgré son passé politique qui n’a rien à envier à celui de notre cher Chichi. Le problème, puisqu’il s’agit de peintures, c’est que tout ça reste en place après l’élection, ce qui donne au pays une allure de campagne électorale permanente. Et je n’évoque même pas la pléthore de candidats députés qui se bousculent sur chaque m² de brique en adobe…
L’autre point, c’est à propos des chiens péruviens. Ils sont extrêmement nombreux à se balader partout, libres, dans les villes et les campagnes. On pourrait croire à des chiens errants, mais ils ne le sont probablement pas. Pas plus qu’ils ne sont dangereux : jamais ils ne se montrent menaçants, jamais même ils n’aboient contre un humain (par contre ils font des concerts entre eux chaque soir). C’est bien loin du toutou à sa mémère qui, faute d’une éducation péruvienne “à la dure", agresse chaque passant. Et le détail le plus étonnant, c’est qu’il n’y a pour ainsi dire pas de crottes dans les rues !
Terminons ce dernier billet péruvien sur les Péruviens. J’ai personnellement trouvé que c’était un peuple accueillant et plutôt ouverts aux étrangers. Bien sûr, certains profitent du voyageur pour grapiller une ou deux soles de plus, mais nous avons également rencontré des gens amicaux et parfaitement désintéressés, comme Joseph, ce professeur de Lima qui a usé ses culottes sur les bancs de l’Université Catholique de Lille, ou David, ce restaurateur d’église à Chucuito qui m’a conté avec une infinie patience l’histoire des trois Vierges du Rosaire sud-américaines. Le seul petit défaut des Péruviens finalement, c’est qu’ils ne parlent pas français !
~ la photo du jour ~ |