On tient salon à Delémont
— en direct du salon des Semailles 8
Aujourd’hui est enfin arrivée la pièce maîtresse de notre nouvelle maison : le salon. Un immense sofa rouge en forme de U, dont les dimensions calculées au laser s’adaptent parfaitement à notre géographie intérieure. Géographie contrainte par la baie vitrée d’un côté, le poêle suédois de l’autre… et en dernière instance — ne soyons pas hypocrites, ne nous cachons pas la banale réalité, notre quotidien est celui d’une famille lambda — la position de la télé.
L’attente a duré un mois et demi, précédée d’une période de recherche et de réflexion au moins aussi longue. Et pendant ce temps-là, il nous a fallu nous contenter en guise de séjour d’un assemblage hétéroclite de meubles : clic-clac ayant fait supporté plus que son comptant d’augustes postérieurs, divan rongé jusqu’à la corde par l’Ennemi aux Longues Oreilles, fauteuils récupérés on ne sait où (et on ne veut pas s’en souvenir).
Donc ce n’est pas sans une certaine excitation que je vais chercher la précieuse livraison au magasin. Je prends le volant d’une camionnette chargée jusqu’à la gueule, décharge le tout en notre humble demeure, puis rapporte le véhicule vide au magasin. On m’encaisse le montant de la location (40 francs), et puis… c’est tout. L’idée de sourire, dire merci puis rentrer en courant chez moi pour me vautrer sur un salon tout neuf (et quasiment gratuit) a traversé mon esprit, mais cette imbécile de bonne conscience m’a retenu pour poser la question fatale : “Et le salon, je le paye plus tard ?” Là, les vendeurs se regardent, confus et gênés d’avoir livré un salon entier sans même penser à se le faire régler. Mais de toute manière, ils m’auraient facilement retrouvé : le canapé étant neuf, et donc bien ferme sous les fesses, j’y suis retourné le lendemain pour y réclamer quelques petits coussins supplémentaires.
~ les photos du jour ~ | |