L’ultime adieu
— sur le quasi-méridien Le Cap-Londres
C’était ce matin notre dernier matin de voyage : nos sacs furent bouclés, nos provisions terminées (miam, les spaghetti au petit dèj’ !) et notre peau une dernière fois baignée d’eau et de lumière sous le radieux soleil de janvier. Mais notre route s’est d’abord orientée, non vers Le Cap, mais vers les monts du Cederberg (les “Montagnes du Cèdre"), par le Pakhuis Pass : du haut de ce col, des colonnes de rochers rouges composent des paysages magnifiques, évoquant les ruines de quelque immense cité perdue, aujourd’hui seulement peuplée de babouins. Quittant ensuite l’Oliphants River - où les pachydermes ne sont plus qu’un lointain souvenir - nous avons rejoint la côte atlantique à Paternoster. Ce village au nom béni possède un charme certain avec ses petites maisons cubiques blanches et bleues, et la plage accueillit notre déjeuner sous un vent chargé de sable, condition généralement incompatible avec l’exercice périlleux de manger un sandwich. Malgré tout, nous avons bravement surmonté l’obstacle, et après quelques crissements de dents et un café (machine à espresso broken, of course) sur une terrasse contemplant les flots glacés, nous avons entamé l’ultime retour vers Le Cap par la route côtière.
Je crois avoir auparavant évoqué dans ces lignes les méthodes quelque peu cavalières des automobilistes dans ce pays, et notamment leur manie de doubler à tort et à travers, en forçant le conducteur de devant à se rabattre sur la bande d’urgence. J’étais déjà convaincu que ce n’était pas très prudent, je suis maintenant sûr que c’est très dangereux : un malheureux canard qui se trouvait paisiblement sur le bas-côté est sous nos yeux, dans une gerbe de plumes, passé de vie à trépas à cause de leurs dépassement insensés. J’espère au moins qu’il aura laissé une belle bosse sur la carrosserie du chauffard qui nous doublait. Entre ça et les “hi-jacking hot spots, do not stop” (des “zones de détournement de voiture, ne vous arrêtez sous aucun prétexte", signalés par d’hallucinants panneaux routiers quand on traverse les townships des environs de Johannesburg), les routes sud-africaines sont de loin les lieux les moins sûrs du pays !
La dernière vision que nous emporterons d’Afrique du Sud sera celle que les marins du monde entier guettent avidement : la vue de la Ville du Cap blottie au pied de la Table Mountain, annonciatrice pour eux de la fin d’un océan pour le début d’un autre, et pour nous la fin d’un voyage pour le début d’un autre…
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