Promenade dominicale
— Santiago du Chili, altitude 543 m
La cité de Santiago del Nueva Extremadura, fondée en 1541 par Pedro de Valdivia, n’est pas aussi vilaine qu’on nous l’avait dépeinte… Certes, les bâtiments sont hauts et pas tous élégants, les rues étroites et donc la lumière ténue, mais elle est agrémentée de jolies places et de superbes parcs. En quête d’un office du tourisme ouvert le dimanche (et pas grand’chose n’est ouvert le dimanche), nous sommes arrivés devant la Casa Colorada, le petit musée dédié à l’histoire de la ville et installé dans sa plus vieille demeure coloniale, une des rares rescapées du perpétuel lifting urbain. Le gardien nous ayant fermement mais courtoisement invités à le découvrir (c’était gratuit aujourd’hui), nous nous sommes résignés à aller y jeter un rapide coup d’œil… pour finalement contempler avec minutie les superbes dioramas qui y sont exposés. Ces petites scènes illustrent en trois dimensions des instants de la vie de Santiago : les décors et les maquettes de bâtiments sont magnifiques, mais ce qui frappe surtout, c’est le talent du sculpteur pour donner une expression propre à chacune des figurines en bois de 6 cm de haut - et elles sont nombreuses ! Les poses sont variées et les minuscules visages fourmillent d’expressions variées et souvent cocasses : la duègne tançant sévèrement sa señorita pâmée devant le fringant conquistador, la jeune fille rougissant timidement aux avances de son soupirant, ou le fier guerrier mapuche se tenant le pied de douleur suite à un mauvais coup de crosse d’une partie de hockey précolombien. Tous ces détails font de la visite un régal.
Nous nous sommes ensuite rendus au Palais de la Moneda (qui fourmille, lui, de policiers : un tous les 10 m…), là où Salvador Allende a courageusement mis fin à ses jours le 11 septembre 1973, après le putsch de Pinochet, inaugurant ainsi dans le sang le début de la dictature militaire. Mais Salvador a maintenant sa statue sur la place, et pas le sinistre général. Et j’espère que l’actuelle Présidente Michelle Bachelet sera elle aussi immortalisée dans le bronze - mais alors, dans bien des années ! Après un sandwich sur la Plaza de Armas encombrée de familles et de prédicateurs, nous avons continué la promenade dans le barrio Bellavista, le quartier bohême de Santiago, où les rues bordées d’arbres et de maisons basses sont constellées de terrasses et de vendeurs d’artisanat. Le funiculaire nous a emmenés au sommet du Cerro San Cristobal, une éminence au milieu de la ville qui offre un splendide panorama sur les Andes enneigées, la vallée urbanisée et la cordillère côtière, le tout dans la lumière dorée du soleil couchant - nous avons échappé aujourd’hui au sempiternel brouillard qui noie habituellement les six millions d’âmes rassemblées ici, miracle peut-être dû à l’immense Vierge de 14 m de haut qui couronne la montagne, statue d’une blancheur immaculée, conception de l’atelier Val d’Osne à Paris !
~ les photos du jour ~ | |||
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