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J'ôte le pain de la bouche de mes enfants II Arthur, Théodore & Jonathan ~ samedi 23 avril 2011 |
mercredi 25 juin 2025, 16h32 naviguez sur la carte et choisissez votre destination |
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— en direct du salon des Semailles 8
Aujourd’hui est enfin arrivée la pièce maîtresse de notre nouvelle maison : le salon. Un immense sofa rouge en forme de U, dont les dimensions calculées au laser s’adaptent parfaitement à notre géographie intérieure. Géographie contrainte par la baie vitrée d’un côté, le poêle suédois de l’autre… et en dernière instance — ne soyons pas hypocrites, ne nous cachons pas la banale réalité, notre quotidien est celui d’une famille lambda — la position de la télé.
L’attente a duré un mois et demi, précédée d’une période de recherche et de réflexion au moins aussi longue. Et pendant ce temps-là, il nous a fallu nous contenter en guise de séjour d’un assemblage hétéroclite de meubles : clic-clac ayant fait supporté plus que son comptant d’augustes postérieurs, divan rongé jusqu’à la corde par l’Ennemi aux Longues Oreilles, fauteuils récupérés on ne sait où (et on ne veut pas s’en souvenir).
Donc ce n’est pas sans une certaine excitation que je vais chercher la précieuse livraison au magasin. Je prends le volant d’une camionnette chargée jusqu’à la gueule, décharge le tout en notre humble demeure, puis rapporte le véhicule vide au magasin. On m’encaisse le montant de la location (40 francs), et puis… c’est tout. L’idée de sourire, dire merci puis rentrer en courant chez moi pour me vautrer sur un salon tout neuf (et quasiment gratuit) a traversé mon esprit, mais cette imbécile de bonne conscience m’a retenu pour poser la question fatale : “Et le salon, je le paye plus tard ?” Là, les vendeurs se regardent, confus et gênés d’avoir livré un salon entier sans même penser à se le faire régler. Mais de toute manière, ils m’auraient facilement retrouvé : le canapé étant neuf, et donc bien ferme sous les fesses, j’y suis retourné le lendemain pour y réclamer quelques petits coussins supplémentaires.
~ les photos du jour ~ | |
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— entre la rue des Labours et la rue des Moissons (ici)
Aujourd’hui notre intérieur a vécu un véritable bouleversement — intérieur, donc. Il était jusqu’ici un peu frustre, avec quelques meubles jetés ça et là pour combler l’espace, le disputant aux cartons qu’il faut encore vider. C’est fou le temps que peut prendre un emménagement, surtout quand on découvre au fur et à mesure de l’installation les dégâts causés par l’Ennemi aux Longues Oreilles. Canapé grignoté par petits bouts, câbles rongés jusqu’à la moelle, fils dangereusement dénudés — tandis que je branchais une rallonge, une décharge de 220V, en traversant ma main et mon cerveau, m’a révélé que Pinpin avait réinventé la clôture électrique à l’envers, celle des animaux pour les humains.
Bref, cet après-midi, alors qu’une planche sur tréteaux présidait encore en guise de salle à manger, deux déménageurs (et pas des armoires à glace) ont toqué à l’huis et porté avec une aisance déconcertante une belle table ronde — comme il se doit avec un roi Arthur à la maison — en bois lustré, les trônes qui vont avec, un magnifique bureau Art déco — depuis lequel je vous écris en ce moment, confortablement installé devant le spectacle de Delémont by night — et surtout, surtout, un superbe piano primé à Berne en 1914, rien que ça. Tout ça grâce à la générosité de la tante Nénette et de l’oncle Paul, qui ne nous ont même pas laissé le soin de rétribuer les vigoureux bras. Carine va pouvoir taquiner à nouveau les touches : elle a joué jusqu’à 18 ans, ayant l’option “piano” au bac, et elle a de beaux restes. Quant à moi, après une interruption de 25 ans, je vais me remettre à l’ouvrage, dépoussiérer mon solfège et commencer l’application d’un strict programme éducatif de bon père de famille.
~ la photo du jour ~ |
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— Rue des Semailles 8, Delémont
Au risque de paraphraser l’immense Winston Churchill, je dirais que les semaines à venir n’ont à nous promettre que de la sueur, du temps et des lames.
De la sueur pour déplacer ces tonnes de meubles, cartons, bouquins, bébé, lapin. (Je vous concède cependant que les deux derniers ne sont pas les plus pondéreux. Quoique… si on y ajoute tout l’attirail qui les accompagne, la balance s’alourdit vite.)
Du temps car il en faudra avant que la nouvelle maison devienne un vrai petit nid douillet, avec tout ce qu’il faut là où il faut.
Et des lames… euh, pourquoi des lames ? eh bien, pour ouvrir les cartons, quand on a du temps et de la sueur à perdre, pardi !
Permettez-moi en passant de glisser deux–trois mots sur le curieux système de propriété en Suisse. En France, quand on achète une maison, on s’endette pour 20 ans. Soit. Ici, on s’endette à vie. Le fisc helvète, pas plus altruiste que ses voisins, considère qu’un propriétaire, puisqu’il ne paie pas de loyer mensuel, perçoit donc virtuellement plus de revenus. Par conséquent, il doit payer plus d’impôts. D’un autre côté, une hypothèque auprès d’une banque donne droit à un dégrèvement d’impôt. (Je sais, ce sont des gros mots que j’emploie, mais j’essaie néanmoins de rester simple.) Donc l’un dans l’autre, tant qu’on reste endetté auprès de sa banque, ça s’équilibre. Mais si jamais on décide d’acquérir la propriété pleine & entière de sa maison, c’est-à-dire de rembourser intégralement sa dette pour ne plus avoir ce boulet bancaire à traîner, le fisc vous tombe dessus en vous réclamant les taxes calculées sur des revenus artificiellement gonflés. Voilà pourquoi la très grande majorité des Suisses continue de rembourser l’hypothèque de leur maison, même s’ils y vivent depuis 50 ans.
Être le locataire ad vitam æternam de sa banque, voilà un concept qui ne cesse pas de m’étonner.
~ les photos du jour ~ | |
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pleure | ne pleure pas |
faim | pas faim |
mouillé | sec |
froid | chaud |
clair | obscur |
silencieux | bruyant |
Papa | Maman |
Finalement, ce n’est pas si compliqué que ça de comprendre ce petit être étrange dont l’activité se répartit équitablement entre dénouer le fil de ses songes, sourire aux anges et remplir les couches.
~ les photos du jour ~ | ||
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— Delémont, Jura
Tel Excalibur jaillissant de son rocher, Arthur nous a rejoint avec 11 jours d’avance pour faire un beau cadeau d’anniversaire à sa maman, un cadeau qui pèse 3,060 kg et mesure 49 cm.
L’arrivée de ce petit garçon a enchanté sa maman (sans nul doute, les murmures de Berlin, pardon, de Merlin y sont pour quelque chose) : les deux se portent comme un charme. Et cet héritier prouve définitivement que la mâle-édiction Le Meur se poursuit par-delà les frontières.
~ la photo du jour ~ |
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— Delémont, Jura
Voici les dernières photos envoyés par notre petit voyageur, plongé en immersion totale depuis 9 mois dans un monde étrange où la lumière est douce et les voix estompées. Morpheus aurait pu lui dire “You’re in the Matrix”, mais Carine & moi, nous l’accueillerons très bientôt avec un “Welcome in the real world”.
Une fois n’est pas coutume, en ce soir d’investiture nous délaissons la raffinée cuisine helvétique (en gros, des soupes dans toutes leurs infinies variations) pour la gastronomie d’outre-Atlantique. Les Ch’tis seront naturellement allés dans une Barack à frites, mais ici, étions-nous capables de préparer de savoureux hamburgers swiss made, avec leurs petits drapeaux hand made, of course ? La réponse, après Obama, pardon, au bas mot 30 minutes de pugilat culinaire :
Je me suis toujours demandé (et je ne dois pas être le seul) pourquoi la fête de Pâques — à savoir, la résurrection de Jésus-Christ Notre Sauveur, mais n’ayant pas fait mon catéchisme (et pour cause : je ne suis même pas baptisé, hou le mécréant) il me faut à chaque fois faire un tour sur Wikipédia pour m’en assurer — pourquoi la fête de Pâques, donc, avait pour symboles œufs, poules, lapins et cloches. Vu l’évènement, on aurait pu imaginer comme emblème croix, clous (de neuf pouces de long), couronne d’épine, linceul ou sarcophage. Mais non, ce ne sont que jolies choses qui fleurent bon le printemps, le renouveau de la vie, le retour d’entre les morts.
Je n’ai toujours pas la réponse à cette métaphysique question, mais j’ai un indice : ces symboles ne s’entendent pas forcément bien entre eux. La preuve : notre lapinpin de Pâques à nous, au cours d’une audacieuse – sinon hasardeuse – manœuvre acrobatique, a envoyé valdinguer notre Œuf de Pâques à nous, un bel œuf d’autruche venu tout droit d’Oudtshoorn, Afrique du Sud. Inutile de préciser que quand nous avons découvert la catastrophe, les cloches (de Pâques, donc) ont sonné aux longues oreilles de l’infernale pécheresse ! (Mais rassurez-vous, vu sa mine d’ange, le pardon lui a vite été accordé.)
Ores doncques, armé d’un rouleau de scotch, d’un tube de superglue et surtout de beaucoup de patience, je me suis attelé à redonner un semblant de vie frankensteinesque à l’Œuf, réduit à un misérable amoncellement de débris sur le tapis. À toute chose malheur est bon : je dois avouer que je ne me connaissais pas ce goût pour les puzzles ! (D’ailleurs, celles & ceux qui ont déjà cette passion pourront faire un tour ici : la charmante Claudine a choisi de mettre notre photo de la Chaussée des Géants en pièces.)
Constatant que nos efforts désespérés pour réconcilier nos deux lapins restaient vains, nous avons dû prendre une douloureuse décision : en transformer un en pâté au cognac, hum, en garder un. Et donner l’autre. C’était la seule solution pour faire cesser la guerre civile qui éclatait dans le salon quand nous libérions les deux fauves en même temps.
Fichu instinct de domination ! Dès qu’elles s’apercevaient — même en terrain “neutre” comme la cuisine — le jeu du chat et de la souris (si vous me passez l’expression) recommençait : Pinpin, bien que beaucoup plus petite que Perlin, n’hésitait pas longtemps avant de sauter sur sa sœur. Les dommages collatéraux étaient pour nous, principalement sous forme de petites crottes molles et puantes transformant la scène de désolation en terrain miné. Mais de surcroît, Perlin se mit à son tour à manifester un instinct territorial hyper-développé : une fois dans sa cage, elle pouvait se montrer très agressive, gronder et se lancer toutes griffes dehors vers l’outrecuidante main qui osait venir la caresser. Fâcheux. Pendant ce temps, Pinpin restait enfermée toute seule dans le bureau. Donc au final, personne n’était vraiment content : ni Perlin, ni Pinpin, ni nous, navrés de voir nos p’tites loutes devenir acariâtres ou solitaires.
Nous avons donc passé une petite annonce — enfin, trois, pour être précis — sur internet. J’avoue qu’en contemplant la profusion d’offres, je n’y croyais pas trop. Mais j’avais tort : dès le lendemain, nous avions trois coups de fil et autant de mels (j’imagine que la photo des 2 monstres doit y être pour beaucoup). Forcément, dans ces cas-là on dit oui à la première proposition qui vient, croyant que ce sera aussi la dernière. Conséquence : étant troisième dans la file, une Suisse allemande adepte de la cuniculiculture (l’élevage de lapins, donc) n’aura pas la satisfaction de voir Perlin rejoindre ses protégés et faire tout plein de jolis petits lapereaux. Et pourtant, sa compétence était hors de doute, et elle nous livra même son secret pour rabibocher deux lapines chamailleuses : mettre un vieux mâle castré au milieu, qui se chargera vite fait bien fait de calmer tout ce petit monde.
Ores doncques, demain un monsieur va accomplir 250 bornes pour que je lui pose un lapin… entre les mains. Oui, mais quel lapin ? Perlin, avec son allure impériale, sa belle fourrure angora mais son fichu caractère de cochon ? ou Pinpin, si mignonne et si frêle qu’on a tout de suite envie de la protéger ?
Le choix fut difficile et sera déchirant.
~ la photo du jour ~ |
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