Voyages dans le temps
— Bonifacio, en face de la Sardaigne
Le premier café de la journée (un vrai café hein, pas un Nescafé bouilli au camping-gaz) tinta sur la terrasse du Bar de la Préhistoire, servi par une demoiselle qui avait fort bien évolué depuis la femme des cavernes. C’était le prélude à la visite du site mégalithique de Filitosa, un vaste espace hérissé de statues-menhirs, de murailles cyclopéennes et de roches aux formes fantastiques, le tout nimbé d’une musique très Mystienne (pour ceux qui connaissent cet excellent jeu). D’entre ces vénérables pierres sourd une atmosphère irréelle, et la promenade dans le temps devient une balade hors du temps…
Trivialement ramenés à l’époque actuelle par nos ventres grondants, nous nous sommes installés pour notre pique-nique à Calvese, village-balcon surplombant la paisible vallée du Taravo, avant de se rendre à Propriano faire des grosses courses avec plein d’achats inutiles dedans (j’adore les achats inutiles du style Chamallow). Ne croyez pas qu’il soit si simple de prendre les sentiers buissonniers en Corse : les panneaux routiers sont systématiquement en corse et en français, mais un petit malin a cru bon de tout aussi systématiquement barbouiller ces derniers de peinture. Ça ne simplifie pas la navigation, mais fort heureusement le français n’est là que pour rendre une transcription phonétique intelligible des noms corses, langue toute en subtilités de lecture et de prononciation. Ça ne pouvait de toute manière pas être pire qu’au Connemara, où les inscriptions en anglais disparaissent soudain pour ne laisser que d’hermétiques runes gaëliques…
Nous atteignîmes donc non sans mal Sartène, fort jolie cité accrochée à sa montagne comme une moule à son rocher. Le labyrinthe tordu de ses venelles en pente se démêla pourtant bien vite devant Carine, aux sens aiguisés par la promesse d’y faire un peu de shopping : d’ailleurs, elle y trouva enfin son nouveau chapeau — offert par son chevalier servant, se libérant ainsi de la culpabilité causée par la perte du précédent couvre-chef.
Enfin, le point le plus méridional de France métropolitaine se révéla sous le soleil couchant : Bonifacio, magnifique port fortifié d’abord par la Nature, puis par l’homme. Le site doit son surnom de “gouvernail de la Corse” à sa forme de safran positionné tout à la poupe du navire Corsica (et seuls les esprits chagrins feront remarquer que ce gouvernail est braqué à fond… ce qui revient à tourner en rond). Comme on pouvait le redouter, la ville est extrêmement touristique, et se garer sans bourse délier tient de la gageure. Mais qu’à cela ne tienne, nous y reviendrons demain ! Bonne nuit !
~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~ | ||||
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