C’est un pic, c’est un roc, c’est un Cap !
— Afrique du Sud Backpackers, Sea Point, Cape Town
Depuis le balcon à colonnades de notre hôtel, je regarde l’animation nocturne de la Main Street, la grande artère qui s’enroule autour de la Table et du Lion, et relie les quartiers littoraux au centre historique. La géographie de Kaapstad est particulière : tout d’abord, contrairement à ce que son nom suggère, la ville n’est pas située sur le cap de Bonne-Espérance, mais à quelques dizaines de kilomètres. Logée au creux de la Table Bay, elle est résolument tournée vers l’Atlantique et vers le Nord. Enfin, ce qui serait son centre géographique est vierge de toute habitation : c’est la Table Mountain, un spectaculaire plateau gréseux qui s’élève brutalement à plus de 1.000 m au-dessus des océans, l’Atlantique et l’Indien. Le paysage urbain, dominé par cette muraille rocheuse et les sommets avoisinants, le Lion’s Head et le Devil’s Head, est à nul autre pareil, et les marins sur la route des Indes devaient certainement être bien soulagés d’apercevoir cette côte à la silhouette si caractéristique, comme en témoignent les nombreuses marines exposées au Casteel de Goede Hoop, le Fort de Bonne-Espérance, le plus ancien bâtiment colonial d’Afrique du Sud, en 1666 embryon de la colonie hollandaise, et maintenant implanté au cœur de la ville. C’est donc naturellement par là que nous avons commencé la découverte de la ville : ce bastion construit sur le modèle cher à Vauban, en forme d’étoile à cinq branches, révèle l’histoire mouvementée de la cité fondée par la VOC (la Compagnie néerlandaise des Indes orientales) mais ensuite âprement disputée par les Anglais. Notre chemin nous a ensuite conduit à Bo-Kaap (le Haut-Cap), le quartier musulman accroché au flanc de Signal Hill, d’où se découvre une vaste vue sur le port et la baie. Les maisons simples, peintes de couleurs vives, entre lesquelles s’élèvent des minarets et le chant du muezzin, tranchent avec les hauts immeubles assez laids du centre-ville. Toutefois, entre eux s’intercale souvent quelque construction plus ancienne et plus élégante, à l’architecture typiquement hollandaise avec ses pignons caractéristiques : une touche d’Amsterdam au bout de l’Afrique.
Notre visite s’est conclue par un tour dans ce qui étaient les jardins potagers de la Compagnie, à l’époque indispensables au ravitaillement des navires, et maintenant devenus de beaux parcs d’agrément, parsemés de nombreux bâtiments officiels : Parlement, Bibliothèque nationale, demeure du Président, musées. Hélas, dès 16h il nous a fallu quitter le centre et revenir vers Sea Point, car les mises en garde des uns et des autres (guide de voyage, ministère français des Affaires Étrangères) à propos de l’insécurité trouvent un écho certain chez ma très prudente compagne (ce que je ne saurais bien entendu lui reprocher). Le Cap n’est probablement pas la ville la plus sûre au monde - surtout quand on vient de Suisse - et à la nuit tombée, le centre se vide et il est vivement déconseillé de s’y attarder. Je n’ai pas pour ma part l’impression que le lieu devient le soir un véritable coupe-gorge, néanmoins quand ce problème de criminalité sera réglé, c’est-à-dire quand les inégalités sociales (entendez : entre Blancs riches et Noirs pauvres) seront moins criantes, alors l’Afrique du Sud sera la destination de voyage idéale.
PS. Hier soir, nous avons dîné dans un wagon-restaurant ! L’Atlantic Express est un vieux wagon de luxe restauré (c’est le cas de le dire) et placé à Sea Point le long de la Main Street : un restaurant pour le moins insolite ! Les spécialités locales y furent à l’honneur : steak de kudu pour Mademoiselle et médaillons de springbok pour moi, le tout arrosé d’une bonne bouteille de vin sud-africain, miam !
~ la photo du jour ~ |
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