— Lodgepole, Sequoia National Park, Californie

La saga sur les campings continue : ce soir, nous en avons trouvé un SANS douches ! Bien entendu, nous ne le savions pas avant d’y planter nos sardines, et donc je n’étais pas trop content de découvrir ça un peu trop tard. Le plus navrant, c’est que nous sommes dans un parc national célèbre et fréquenté : qu’ils négligent ce genre de détail laisse songeur… J’espère au moins qu’on verra des ours noirs : ici il faut mettre tout ce qui a une bonne odeur - pour un ours, c’est-à-dire nourriture, shampooing, sièges pour bébé ! - dans une “bear-proof box", une boîte en métal censé décourager l’appétit du plantigrade. Sinon, il est capable de forcer la voiture pour y faire son repas ! (néanmoins, il ne touche pas à l’autoradio

Nous avons donc passé la journée dans deux parcs nationaux : le premier fut le Kings Canyon, où nous pûmes admirer des séquoias de belle taille, dont le plus gros au monde, mystérieusement nommé “General Grant", et encore plus mystérieusement titré “Arbre de Noël national". Nous sommes ensuite descendu dans le Kings Canyon proprement dit, une gorge impressionnante certes, mais très loin de ce que je m’imaginais d’un canyon. Moi, les canyons américains, je les voyais comme dans Lucky Luke : un cylindre de roc coupé en 2, avec des Indiens en haut qui lancent des pierres pour bloquer la diligence !

Bon, il ne fait pas très chaud - nous sommes quand même à 6.667 pieds d’altitude, soit 2.000 m et des brouettes - et mes doigts s’engourdissent. Et demain, lever à l’aurore pour contempler d’autres séuoias géants et filer vers le Pacifique.

— San Francisco, Californie

Voila, notre premiere etape, les Etats-Unis, va deja bientot se terminer. Nous avons passe de chouettes moments ici, a San Francisco avec Denis et Karine, puis dans le King’s Canyon et le Sequoia National Park grace a la voiture louee pour 3 jours. Le desavantage de cette region, c’est que l’on passe vraiment beaucoup de temps sur les routes, les distances sont enormes ( nous avons roule 1300 km en 3 jours!!). Et comme c’est les vacances, il y a plein de monde partout, surtout dans les campings! (3 heures hier soir pour en trouver un…et a 9 heures du soir, on commencait a envisager serieusement l’option motel…)
Ce soir, derniere nuit chez Denis et Karine, puis demain, depart pour le Perou…en esperant que le temps passe aux differents controles de securite ne nous fasse pas louper nos vols et differentes correspondances. Ca risque d’etre epique, et fera surement un bon sujet pour le prochain billet! A bientot pour des nouvelles d’Amerique du Sud!

— Noe Street, San Francisco, Californie

Là où on voit que San Francisco est une ville “libérale” (au sens américain du terme, c’est à dire de gauche), c’est au nombre de bannières étoilées qui flottent dans les rues : il y en a incroyablement peu. A Boston et en Nouvelle-Angleterre, chaque maison ou presque arbore fièrement son drapeau, avec en général à côté le gros 4x4 plastronnant le macaron “Support our troops". Dans la version haut de gamme, il y a aussi un “God bless America” bien senti, et même parfois un vindicatif “9.11.01 : we will never forget".

Et bien à Frisco, rien de tout cela : les seuls drapeaux que l’on voit sont sur les bâtiments officiels, et les voitures sont presque toutes de taille raisonnable, là encore au sens américain du terme : une citadine correspond ici à une grosse berline en Europe. Quant aux murs, ils portent souvent des affiches clairement anti-guerre, voire anti-Bush. C’est finalement assez paradoxal : la Californie doit en partie son extraordinaire développement aux industries militaires qui ont fait sa richesse.

L’épicentre (si j’ose employer ce terme très sensible ici) de la contestation est sans nul doute le quartier de Haight, le quartier baba-cool de SF. Enfin, c’était le quartier baba, car aujourd’hui c’est plutôt le quartier bobo. Bien sûr, il reste des magasins qui vendent tout ce qu’il faut pour fumer (et pas que du tabac), d’autres dédiés à la gloire de Katmandou, et même quelques spécimens vieillis de hippies avec les cheveux qui traînent par terre et une forte odeur de patchouli dans les 5 mètres à la ronde. Mais quand on voit les prix exposés en vitrine, on se dit qu’ils ne vivent plus simplement d’amour et de champignons psychédéliques !

Notre découverte de la ville s’est continuée dans les parcs cette fois-ci, et Frisco n’en manque pas : les collines ne sont pas toujours facilement constructibles… Le plus impressionnant d’entre eux est probablement le Golden Gate Park, ne serait-ce que par ses dimensions : 5 km sur 1. Bon d’accord, une autoroute passe en plein milieu, mais il est quand même superbe avec ses serres tropicales, son Japanese Tea Garden au raffinement délicat, son musée d’art à l’architecture intrigante, et son jardin botanique aux épaisses pelouses bien arrosées, idéales pour une petite sieste. Et ce qui fait toujours plaisir à voir, ce sont les écureuils qui gambadent partout !

Mais le parc qui offre la vue la plus spectaculaire reste néanmoins le jardin du Palais de la Légion d’Honneur (en français dans le texte, Palais qui accueillait d’ailleurs une exposition “Monet in Normandy” !) à la pointe nord-ouest de la péninsule, car de là on embrasse l’immensité du Pacifique, et surtout l’élan du célèbre Golden Gate Bridge.

P.S. Il ne vous a pas échappé, chers lecteurs, que les accents sont revenus dans les textes, et d’ailleurs que les textes sont revenus eux-mêmes après quelques jours de silence. Tout ça grâce à l’ordinateur de Denis, sa connexion internet et son clavier français ! Bon, c’est un Mac, donc je me pose toujours la même question : “Mais où est le bouton droit de cette fichue souris ?!?", mais sinon ça m’a aussi permis de mettre quelques photos en ligne dans la galerie… allez y faire un tour !

— Noe Street, San Francisco, Californie

J’écris ces lignes depuis l’appartement de Denis, un vieil ami d’Alençon devenu expat’ aux States. Par un hasard du calendrier, nous sommes arrivés à San Francisco le jour de son déménagement : sa femme Karine, sa fille Amandine et lui partent s’installer de l’autre côté de la Baie. Nous avons donc Carine & moi l’immense privilège de disposer d’un appartement en plein coeur de Castro, le quartier gay de Frisco ! Mais soyons sérieux, nous ne sommes pas venus ici pour contempler de jeunes éphèbes au torse musclé (en tout cas pas moi), mais pour visiter la ville mythique des années Flower Power. Et c’est ce que nous avons fait tout le jour durant, à parcourir en tout sens les quartiers de la ville. Castro pour les gays, Civic Center pour les clochards, Chinatown pour les Chinois (étonnant, non ?), North Beach pour les Italiens, Nob Hill pour les hôtels de luxe, Financial District pour les traders, Fisherman’s Wharf pour les touristes, Telegraph Hill pour les télégraphistes… un quartier pour chacun, donc. Et il faut avouer que le contraste est saisissant entre ces différentes petites villes : l’opulence des boutiques de luxe et la puissance des audacieux gratte-ciels côtoient le fourmillement des rues chinoises et le SDF qui pousse son caddie rempli de sacs poubelles…

Mais la ville a un charme incontestable, ne serait-ce que par sa géographie : une péninsule entourée d’une baie majestueuse, attachée par ses ponts élancés comme par des fils tendus avec le continent, constellée de collines du haut desquelles se dévoile la masse bleue du Pacifique, toujours prêt à lancer ses froides brumes à l’assaut de la cité. Et les habitants semblent s’activer pour oublier qu’ils chevauchent un dragon assoupi, San Andreas, dont le réveil sera terrible.

— Carver, Massachusetts

Nous voila assis a la charmante terrasse du Cranebrook Restaurant, un etablissement dont l’interieur ressemble a un veritable petit musee. Nous attendons notre brunch qui se prepare dans la cuisine juste ouverte. L’endroit est enchanteur : une terrasse elegamment amenagee donne sur un petit lac ou une famille de cygnes vaque tranquillement a ses occupations. Inutile de preciser que le fait de pouvoir fumer peinard en buvant son cafe matinal (tous les bars & restos ici sont non-fumeurs) n’est pas pour me deplaire !

— Plymouth, Myles Standish Forest State Park, Massachusetts

Bruyant, ca doit etre le maitre-mot de l’Amerique. Ici tout est plus bruyant qu’ailleurs : la rue, les telephones portables, le metro, les autoradios, les voitures (et pas seulement les arrogants 4x4), les motos (et la, les Harley detiennent la palme d’or) et meme - et surtout - les gens. A croire qu’a force de vivre dans un tel vacarme, ils ont fini par ne plus savoir qu’hurler au lieu de parler. Ca caracterise d’ailleurs assez bien nos voisins de ce soir, malgre l’heure tardive et les enfants au lit (ce qui reduit deja de moitie le bruit de fond).

Donc oui, c’est notre premier plante de tente en Amerique, et ce fut une sacree epreuve : il est retire au fin fond de la foret, a 20 minutes (si on ne se perd pas entretemps…) du premier bled, mais on ne doit notre place qu’a un desistement de derniere minute et une hotesse francophile. Coup de bol, car des campings ouverts aux campeurs, il semblerait qu’il n’y en ait pas des masses ! Maintenant vous savez, les campings c’est pour les caravanes, les camping-cars et les (si peu) mobile-homes. Les tentes, les vraies en toile, c’est pour les prolos !

De la, nous sommes alles chercher notre pitance vesperale a Plymouth, cite celebre pour le debarquement en 1620 des “Peres pelerins” a bord du Mayflower. Mais la encore le bruit etait partout, sous la forme d’une procession sans fin de grosses voitures et petaradantes motos le long de la rue principale. Le samedi soir dans le berceau des Etats-Unis est plutot a eviter.

Par contre, c’est la quietude et la serenite de l’etude qui regne sur Harvard, la fameuse universite de Cambridge, pres de Boston. Il fait bon flaner sur ce campus, tout en elegants batiments georgiens en brique rouge. Nous y avons passe la matinee avant d’aller chercher la voiture, charges comme des mules avec nos 2 sacs a dos chacun, enfin, un sac a dos et un sac a ventre. Si apres 6 mois de ce traitement je ne deviens pas comme Schwarzenegger, c’est a n’y rien comprendre !

Une fois la voiture entre nos mains, nous avons mis le cap au Sud, pour chercher la tenebreuse ville de Hope… Mais en vain : nous ne trouvames que l’insignifiant village de Duxbury a la place. Ou sont donc Melvin, Charles, Emma, Quentin et les Autres de la Nuit ? Dans la nuit sans limite de notre imaginaire, je suppose…

— Boston, Massachusetts

… est une superbe bilbiotheque, climatisee (il fait 35 degres dehors, degres Celsius bien sur, pas leurs degres Fahrenheit a la noix), et avec acces gratuit a Internet ! Et il y a meme une belle exposition sur les cartes geographiques, et une autre sur Jeanne d’Arc !!! On va aller voir ca…

— Boston, Massachusetts

Une fois n’est pas coutume, ce soir nous nous sommes couches avec les poules. Il faut dire pour notre defense que cela fait 24 heures bien tassees que nous sommes debouts: lever a 3 heures du mat’ pour notre premier avion vers Londres puis le second vers l’Amerique. Et quand a Boston il est 21h30, a Delemont il est… 3h30 ! Nous sommes donc sur les rotules, d’autant plus que nous avons crapahute dans la ville durant tout l’apres-midi : les bords de la Charles River qui separe Boston de Cambridge & son celebre M.I.T., Beacon Hill, les grands parcs de Boston Common & Public Garden, le quartier anime de Back Bay melangeant eglises pseudo-romanes et batiments vertigineux… Une grande ville americaine avec tous ses cliches : les gratte-ciels, les sirenes hurlantes, la foule, le bruit, la voiture omnipresente, la grosse voiture meme avec toute la collection mondiale de 4x4 et autres enormes monstruosites anti-ecologiques. Mais Boston a aussi bien des charmes europeens, et les petites rues pavees et en pente avec ses reverberes en gaz de Beacon Hill peuvent en temoigner.

Avec tout ca, j’en aurai presque oublie mon sac a dos perdu par British Airways ! Ils ont decide - et on ne saura jamais pourquoi - de ne PAS le mettre dans l’avion de Boston. Du coup, je me retrouve tout nu (au propre comme au figure) pour passer ma premiere nuit de voyage. Enfin, une chose est sure, c’est que ca ne m’empechera pas de dormir : j’ai deja les yeux qui tombent tous seuls. X-/ Bonne nuit !