Dans l’éden du Pacifique Sud
— Baie de Kanuméra, Île des Pins
À la réflexion, le rythme calédonien n’est pas fait pour moi : pas d’autre alternative que de se lever et se coucher comme les poules. Nous avons traversé Nouméa au petit matin (5h45) pour monter à bord du Betico (prononcez “Bétitcho"), le jet-catamaran qui nous a menés à l’Île des Pins, au Sud de la Grande Terre. Et ce soir, les neuf heures sont à peine passées qu’il faut sérieusement songer à aller dormir, faute d’autres activités. Bon, ça ne devrait pas poser de gros problème, car la journée a été longue et la dernière nuit courte - Nouméa propose quand même plus d’animation aux noctambules, et j’ai enfin réussi à dénicher un nakamal ! Le kava, voilà qui occupe agréablement une soirée. Marche sacs au dos jusqu’au port, puis du wharf au camping : tous ces efforts furent récompensés par une baignade bienvenue dans la baie de Kanuméra, une plage tout droit sortie d’une carte postale du paradis. Sable d’ivoire, eau turquoise d’une limpidité diamantine, ceinture émeraude de forêt primaire dominée par les silhouettes en brosse des pins colonnaires, et le rocher corallien de Kanuméra posé au beau milieu, tel un joyau dans son écrin. Malheureusement pour nous, un navire de croisière australien venait d’y débarquer sa cargaison de lycéens en goguette, et le paradis a pris une tournure d’enfer surpeuplé. Nous avons fui la cohue des plages pour nous réfugier près des poissons multicolores aux formes saugrenues, eux-mêmes à l’abri du raz-de-marée australien dans leur refuge de corail.
L’après-midi, ce sont les centenaires pierres du bagne de l’île qui nous ont intéressés : la prison, le château d’eau (construit en 1878 et toujours en service), le couvent. Et au coucher du soleil, je me suis recueilli sur les tombes des Communards déportés et morts ici entre 1872 et 1880. Une rose rouge, échappée du Mur des Fédérés du Père-Lachaise, ornait même le mémorial. En sortant du cimetière, nous avons croisé un autre méditatif sur la Commune, Jacky, un métro qui vit ici et organise des randonnées à cheval. Nous avons disserté jusqu’à la brune de Louise Michel, des héros malheureux de 1871 et de la vie quotidienne sur l’île, avant de regagner notre gîte pour y déguster un bon plat local : salade de papaye verte et poisson à la purée de citrouille. Je crois maintenant que je vais faire un dernier petit tour à la baie sous la pleine lune, pour écouter la profonde respiration de l’Océan et savourer la magie du lieu.
~ les photos du jour ~ | |||
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