Rano Kau, Tangata-Manu & Make-Make
— Hanga Roa, Rapa Nui
Ce fut une longue journée de marche, et nos pieds sont bien fatigués. Bien sûr, nous avons commencé notre découverte de l’île par Hanga Roa, la “capitale” de fait puisque c’est le seul village de l’île. Rapa Nui est un minuscule rocher triangulaire de 23 km de long sur 12 de large, perdu au milieu du Pacifique - c’est l’endroit le plus isolé au monde de toute autre terre habitée. Les Pascuans ne sont plus que 3.000 aujourd’hui ; à l’âge d’or de l’île au XVIème, ils étaient 10.000 et les onze tribus se répartissaient sur toute la surface. Mais l’arrivée de l’homme blanc et de sa civilisation les a décimés (une centaine d’habitants seulement survivait en 1872), et même parqués sur la pointe sud-ouest de l’île, maintenant Hanga Roa. Tragique histoire que celle des Pascuans…
Après avoir fait nos préparatifs et arpenté les larges rues verdoyantes de la bourgade, nous avons tourné nos pas vers le volcan qui couronne la pointe sud, le Rano Kau. Quelques champs de grelots (nom que je donne à une herbe sèche dont la cosse contient plein de petits grains sonores : passer au milieu n’est pas très discret, mais très amusant) et quelques forêts d’eucalyptus plus loin, nous avons atteint le sommet du cratère, un cercle parfait seulement altéré par la chute d’un pan ouvrant une majestueuse fenêtre sur l’azur infini du Pacifique. Le fond du cratère est constellé d’étangs, les “yeux qui regardent le ciel", avant seule source d’eau douce pour l’île. Se tenir au sommet de cette vision donne une sensation grisante d’élévation vers le sacré. Les Anciens l’avaient bien compris, puisqu’ils ont fondé ici le principal site rituel, le sanctuaire d’Orongo, coincé entre mer et cratère. C’est là qu’avaient lieu les cérémonies qui désignaient le Tangata-Manu - l’Homme-Oiseau - servant l’esprit Make-Make. L’épreuve était une sorte de triathlon polynésien : il fallait guetter l’arrivée des frégates (des oiseaux marins) venus nidifier sur l’îlot de Motu Nui, escalader la falaise, s’emparer du premier œuf pondu puis rejoindre l’île à la nage, tout ça à la course avec les autres prétendants au titre qui tentent de casser l’œuf. Voilà un bon vieux rite initiatique qui faisait passer de l’âge de garçon à l’âge d’homme… et même parfois de vie à trépas.
La conclusion de cette journée se déroula devant une bonne assiette de poisson local, avec une sympathique serveuse qui parlait peut-être douze langues mais ne savait pas faire une addition correcte. Les Pascuans vivent bien du tourisme, et certainement encore mieux de la crédulité du touriste.
~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~ | ||||
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