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Carine & Boston
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- Cambridge, Massachussetts
Boston, USA ~ jeudi 27 juillet 2006
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Lundi 22 janvier 2007

À pas de loup dans le Karoo

Classé dans: ~ Tom @ 22:15 ~ édité le jeudi 8 février 2007 @ 10:15

— Middleburg, Karoo, Eastern Cape

La Vallée de la Désolation est un nom certes un peu théâtral - car ce n’est pas vraiment une vallée, et ce n’est pas vraiment désolé - mais l’endroit est néanmoins spectaculaire. Perchés au-dessus de Graaf-Reinet et sa boucle de rivière, nous avons contemplé ce matin la plaine immense du Karoo, ponctuée de plateaux de grès surélevés comme des forteresses. Sous nos pieds, des colonnes et des crêtes de dolérite (des sills et des dykes, bien connus des géologues) se dressaient vers le ciel, donnant au paysage une touche extraterrestre. Redescendant dans la plaine, nous sommes retournés à des lieux moins inhabituels : les rives d’un lac, refuges de nombreuses antilopes, et également de quelques suricates. Ces mangoustes se dressent comme un i pour surveiller la savane au-dessus des herbes : c’était curieux de voir leurs têtes monter et descendre comme des pistons alors que nous passions à côté.

Une piste déserte au travers des décors sauvages & somptueux du Karoo nous a ensuite mené à Nieu Bethesda, une oasis au nom biblique perdue loin de tout. Quand on naît et vit ici, soit on devient éminent paléontologue (les fossiles de la fin du Permien abondent dans les alentours), soit on devient un peu fou. C’est ce qui est arrivé à Helen Martins : elle a décoré sa maison d’une manière tout à fait intrigante. Fenêtres peintes de soleils souriants, murs multicolores crépis de verre pilé, plafonds bariolés de motifs géométriques. Et quand la maison a été finie, elle s’est attaquée au jardin, le peuplant de dizaines de statues : des sirènes, des jeunes femmes, des chameaux, des sphinx, des rois-mages, des pyramides… et surtout des hiboux, ce qui a valu à la maison son nom de “Owl House”. L’ensemble reste bizarre, incompréhensible, mais dégage une puissante aura mystique (Helen était une Malkavian, sans aucun doute) qui trouve parfaitement sa place au cœur des solitudes du Karoo.

~ quelques photos du jour (parmi les 10) ~
Paysage de Karoo Choisissez votre langue ! Procession pétrifiée The Owl House Agaves de Karoo

Dimanche 21 janvier 2007

Le désert d’oasis en jardin

Classé dans: ~ Tom @ 21:59 ~ édité le jeudi 8 février 2007 @ 10:18

— Le Jardin Backpackin’, Graaf-Reinet, Karoo, Eastern Cape

Après l’Oasis Shanti Backpackers d’Oudtshoorn, nous nous retrouvons ce soir dans un autre backpackers quelques 300 km plus loin, à Graaf-Reinet, la “gemme du Karoo". De quel Karoo s’agit-il maintenant ? du petit ? du grand ? Sans autre précision, considérons que celui au milieu duquel nous dormons ce soir est “moyen".

J’évoquais il y a quelques nuits la taille démesurée des maisons afrikaners. Ce soir, nous pouvons réellement constater qu’elles sont grandes, puisque nous logeons dans l’une d’elles - et encore, ses dimensions semblent bien modestes comparées à ses voisines, de véritables petits châteaux pour certaines. Son nom dans la langue de Molière, Le Jardin, s’explique par le patronyme de notre hôte, Nita Le Roux, et par sa main verte. La demeure fait beaucoup plus penser à une guesthouse (une maison d’hôte) qu’à un backpackers, puisque nous résidons vraiment sous le toit de cette charmante vieille dame, qui semble toutefois de ne pas trop apprécier les derniers changements qu’a connu son pays. Il est clair que pour les Blancs d’un certain âge, la fin de l’apartheid est l’égal d’une révolution, et comme telle mal vécue par une certaine minorité - grossièrement, les Afrikaners aisés et non communistes.

Graaf-Reinet est un gros bourg lové entre ses montagnes, dans un méandre de la Sundays, et qui n’a pas l’air de compter ses 80.000 habitants - et pour cause : les Noirs et les Métis logent dans les townships adjacents. La ville blanche est bardée de superbes demeures bâties par les “princes de la plume et rois de la laine". Car s’il y a aussi des autruches comme à Oudtshoorn, ici c’est le paradis du mouton mérino. La région s’y prête à merveille : les plateaux desséchés par le soleil offrent leurs étendues sans limites, seulement fendues par des paquebots de roc qui se dressent comme sur une mer pétrifiée. Toutefois, si Graaf-Reinet affiche une prospérité certaine, elle n’a pas remporté la palme du plus haut clocher d’église : le sien ne fait que 46 m, cinq mètres de moins que sa voisine immédiate, Aberdeen, à 50 km de là. Ce village un brin fantomatique - surtout un dimanche pendant une tempête de poussière - peut s’enorgueillir de posséder le pus haut clocher d’Afrique du Sud. Comme quoi la laine mérinos peut se tricoter en ardentes manifestations de foi… et surtout en superbes querelles de clocher !

~ la photo du jour ~
Barrage sans eau

Samedi 27 janvier 2007

La nuit, tous les chats sont gris (dans le Kalahari)

Classé dans: ~ Tom @ 21:21 ~ édité le vendredi 9 février 2007 @ 17:54

— Twee Rivieren, Kgalagadi Transfrontier Park, 31,3°C

… Mais le jour, sous l’impitoyable soleil du Kalahari, les gros chats reprennent leur couleur fauve. C’est ainsi que nous avons pu contempler, en cette fin d’après-midi, un lion et une lionne paresseusement allongés dans l’ombre d’un arbre. Ils avaient l’air de bien s’apprécier ces deux-là ; d’ailleurs, au bout d’un moment le mâle s’est levé pour présenter ses hommages à Madame, qui n’a pas refusé. Par contre, quand il a voulu remettre le couvert, il s’est pris un coup de patte courroucé, et roi des animaux ou pas, il est vite retourné à sa place, non mais !

Nous sommes donc arrivés hier soir dans le Kalahari, après une longue et morne route dans ce petit recoin d’Afrique du Sud coincé entre Namibie et Botswana. En fait, la route de 255 km entre Upington et Twee Rivieren n’est pas si morne que ça, puisqu’on y croise des grosses cylindrées allemandes autorisées à rouler à 250 km/h ! Si seulement on avait pu en faire autant… Upington n’a guère d’autre intérêt que d’être le dernier lieu de civilisation de ce bout du monde sud-africain, et après un déjeuner dans l’ancienne mission au bord du fleuve Orange (qui n’est ni de cette couleur, ni sponsorisé par une compagnie de télécoms, mais nommé en l’honneur du Duc), nous nous sommes élancés dans ces vastes ondulations écarlates, semblables à une mer silicifiée, et pourtant surnommée le “Kalahari vert".

Quelques heures plus tard, après avoir quitté la chaussée d’asphalte pour la piste de sable, longeant la frontière du Botswana, nous sommes arrivés à Twee Rivieren, porte d’entrée du Kgalagadi Transfrontier Park. Les deux rivières en question ne sont que des lits asséchés : “Kalahari” est une déformation, dans le langage Kgalagadi, d’un mot signifiant “pays de la grande soif". Première pierre des “Peace Parks” initiés par Nelson Mandela, le parc est transfrontières : il s’étend sur les deux pays, Afrique du Sud et Botswana, et les humains comme les animaux peuvent y circuler librement, sans barrières et sans formalités.

À peine arrivés au campement, nous en sommes repartis à bord d’un night drive, un safari au crépuscule. Comme il y a bien moins de hautes herbes (et de touristes) que dans le Kruger National Park, il est facile de voir bon nombre de petites ou grandes créatures s’activer à la nuit tombée : gecko aboyeur, mille-pattes géant, mangouste jaune, lièvre, springhare, chacal à dos noir, renard du Cap… sans oublier les incontournables gnous et antilopes, la gracile springbok et l’élégant gemsbok. Et sur le chemin du retour, je capture dans le faisceau de la lampe deux reflets oranges : un lion ! Sur le point de se coucher d’ailleurs, car il a bientôt disparu dans les herbes.

Aujourd’hui, notre safari a consisté à faire un aller-retour sur la piste de Mata-Mata (où la piscine rafraîchissante fut néanmoins très chaude), à la frontière de la Namibie : 240 petits kilomètres qui nous ont quand même pris huit heures de route ! Cette région du Kalahari n’est pas vraiment désertique : la végétation doit trouver son chemin dans le sol rouge et sec, mais tout le paysage est une superbe savane parsemée d’arbres. Le spectacle prend toute sa beauté quand on découvre, au détour d’un fourré, un guépard allongé dans la fraîcheur de l’ombre, guettant de loin les proies de passage, mais renonçant vite à une course à plus de 100 km/h sur une terre chauffée à 40°C. Le Kalahari ne peut certes pas se vanter d’abriter les “Big 5″, mais avec un quatrième lion admiré ce soir, il compense largement par sa solitude, sa sérénité et son nombre de gros chats !

~ quelques photos du jour (parmi les 31) ~
Le désert du Kalahari Sieste de lions Autruches Guépard tranquille Traces de passage

Mercredi 17 janvier 2007

Et de trois coins du globe !

Classé dans: ~ Tom @ 23:17 ~ édité le vendredi 9 février 2007 @ 18:15

— Montagu, Route 62, Petit Karoo

La journée a commencé par un événement extraordinaire : ne pouvant prendre notre café matinal dans le camping (les terrains en Afrique du Sud sont dépourvus de cuisine, ce qui nous change considérablement des campings aussies ou kiwis), nous sommes allés à Greyton prendre un petit déjeuner. Et là, Carine qui d’habitude ne jure que par pain, confiture et céréales, a commandé… un english breakfast ! Oui, celui avec les œufs, les tomates, le bacon et la saucisse baignant dans l’huile, et elle a même mangé tout ça ! Bon d’accord, elle n’a pas poussé l’exploit jusqu’à prendre en plus - comme je l’ai fait - des baked beans (haricots blancs à la sauce tomate), mais moi qui n’ai jamais réussi à lui faire avaler le moindre petit bout de lardon, j’étais plutôt sidéré.

Nous sommes ensuite allés dire bonjour au Dr Balie, rencontré la veille à Genadendal. La plus ancienne mission du pays fut fondée en 1737 pour évangéliser les Khoisan, ce qui n’était pas du goût de tout le monde. Pour beaucoup de colons, ces “sauvages” n’étaient pas dignes de devenir chrétiens, et une bonne dose de jalousie est venue s’y ajouter quand on s’est aperçu que le sauvage apprenait rapidement la lecture et l’écriture, contrairement à son maître blanc illettré.

Après avoir parcouru le poussiéreux musée, non sans s’arrêter quelques instants sur les anciennes presses d’imprimerie et leurs casses de fontes (encore des séquelles du “Maître de Garamond”), il était temps de repartir vers le Sud. Le plus au Sud possible, d’ailleurs : le Cap Agulhas est l’extrémité australe du continent africain… voilà, après le Cap Horn et Slope Point (la pointe sud de la Nouvelle-Zélande), notre troisième coin du globe ! Quelle drôle de sensation d’être debout sur la plage, le pied gauche dans l’Océan Indien, et le droit dans l’Atlantique !

Le Cap Agulhas signifie en portugais “le cap des Aiguilles", car les navigateurs ont remarqué qu’en cet endroit, il n’y avait point de déclinaison magnétique de la boussole : l’aiguille indiquait bel et bien le Nord géographique. Curieuse coïncidence : il faudra que je me replonge dans mes cours de géodésie pour clarifier ça.Le Chat sous les étoiles Quoi qu’il en soit, ces ondes magnétiques (ou leur absence) n’ont pas perturbé notre pique-nique et notre café, pris dans le phare le plus austral d’Afrique.

Repartis droit vers le Nord - faute d’autre choix possible - nous sommes arrivés ce soir à Montagu, porte d’entrée de la fameuse Route 62 et du Petit Karoo. La ville est nichée au creux de montagnes d’où jaillissent des eaux thermales, légèrement radioactives. Ces sources s’écoulent dans l’enceinte d’un hôtel 4 étoiles, mais cela ne nous a pas empêché de quitter notre tente et d’aller nous y délasser ce soir, en regardant un ciel qui compte bien plus de 4 étoiles.

~ les photos du jour ~
Le Chat sous les étoiles Opératrice ? le 22 à Asnières ! Le Cap Agulhas, le point le plus austral de l'Afrique

Lundi 29 janvier 2007

En traversant le Namaqualand

Classé dans: ~ Tom @ 22:15 ~ édité le dimanche 18 février 2007 @ 02:26

— Clanwilliam, Western Cape

Le nom du village où nous dormons ce soir sonne comme un whisky écossais, mais c’est pourtant l’opulent vignoble de l’Oliphants Valley qui s’étend autour de nous. Dernière nuit oblige, pour préparer les affaires et mettre en ordre les sacs avant l’ultime saut en avion de demain, nous avons décliné l’option camping pour privilégier une guesthouse. Et ce choix se révéla des plus judicieux : non seulement nous logeons ce soir dans une belle et ancienne demeure du plus pur style Cape Dutch classée National Monument et restaurée avec goût, mais en plus le prix nous paraît très modique pour un tel standing. Grande chambre de charme en boiseries avec climatisation et chaîne stéréo, salle de bain privée (et avec baignoire, comme partout en Afrique du Sud : même les campings en sont pourvus !), patio ombragé, cuisine équipée et piscine avec vue sur le Cederberg. La cerise sur le gâteau, c’est que la propriétaire, constatant notre légère hésitation en annonçant son prix, l’a spontanément réduit d’un tiers, nous proposant le “tarif backpackers” ! Pratique parfois de voyager avec de gros sacs poussiéreux sur le dos !

Le problème récurrent quand on quitte un pays, c’est de se débarrasser de sa monnaie et de finir les provisions, deux objectifs parfois contradictoires. Ainsi, pour écouler quelques billets (et surtout, pour clore dignement notre odyssée !), nous nous sommes offerts une petite pizza dans un charmant jardin, et les spaghetti, ce sera pour demain matin au petit dèj’ !

La journée nous a vu traverser le Namaqualand, étendue rocailleuse et aride où l’œil se perd jusqu’à l’horizon. Notre premier arrêt fut à la mission de Pella, un village aux rues de poussière, perdu aux confins du pays. La cathédrale, bâtie en 7 ans par des pères français munis de l’Encyclopédie des Arts & Métiers, dégage un cachet méditerranéen avec ses palmiers dattiers sur fond de ciel bleu, dunes ocres et montagnes rouges. En nous rapprochant de Springbok, la plaine désolée bourgeonne de rocs qui deviennent monticules : on jurerait qu’un géant facétieux, jalonnant son chemin à la manière d’un randonneur, a empilé des tas de cailloux de chaque côté de la route. Springbok, nichée dans ces collines de gneiss nu, est une véritable petite oasis dans ce rude environnement - et c’est aussi la première agglomération rencontrée après 200 km de vide. Malgré cela, hélas, il est très dur d’y trouver un vrai espresso : la machine est toujours inexplicablement broken ! La pause déjeuner se fit à Nababeep, site de feu la plus grande mine de cuivre au monde : nous avons d’ailleurs pris notre pique-nique entre loco à vapeur, nacelle en osier, marteaux-piqueurs et broyeurs de minerai, dans le jardin du Mine Museum, un bâtiment rempli de vieilleries, tristes reliques de l’effervescence qui embrasa jadis la région. Enfin, nous avons repris la route dans les austères paysages du Namaqualand, entre roches rouges, sol jaune et ciel cobalt… En comparaison, le Kalahari semblerait presque fertile ! Pourtant, la pluie printanière venue, on converge du monde entier pour admirer ici une floraison d’une rare exubérance : le sol se couvre d’un tapis éclatant de fleurs sauvages. Hélas pour nous, toutes étaient depuis longtemps retournées à la poussière quand nous avons mis Le Cap au Sud.

~ les photos du jour ~
Le choix dans les dattes 250 km/h ? d'accord ! La mission de Pella & ses palmiers dattiers

Mardi 30 janvier 2007

L’ultime adieu

Classé dans: ~ Tom @ 22:18 ~ édité le dimanche 18 février 2007 @ 03:20

— sur le quasi-méridien Le Cap-Londres

C’était ce matin notre dernier matin de voyage : nos sacs furent bouclés, nos provisions terminées (miam, les spaghetti au petit dèj’ !) et notre peau une dernière fois baignée d’eau et de lumière sous le radieux soleil de janvier. Mais notre route s’est d’abord orientée, non vers Le Cap, mais vers les monts du Cederberg (les “Montagnes du Cèdre"), par le Pakhuis Pass : du haut de ce col, des colonnes de rochers rouges composent des paysages magnifiques, évoquant les ruines de quelque immense cité perdue, aujourd’hui seulement peuplée de babouins. Quittant ensuite l’Oliphants River - où les pachydermes ne sont plus qu’un lointain souvenir - nous avons rejoint la côte atlantique à Paternoster. Ce village au nom béni possède un charme certain avec ses petites maisons cubiques blanches et bleues, et la plage accueillit notre déjeuner sous un vent chargé de sable, condition généralement incompatible avec l’exercice périlleux de manger un sandwich. Malgré tout, nous avons bravement surmonté l’obstacle, et après quelques crissements de dents et un café (machine à espresso broken, of course) sur une terrasse contemplant les flots glacés, nous avons entamé l’ultime retour vers Le Cap par la route côtière.

Je crois avoir auparavant évoqué dans ces lignes les méthodes quelque peu cavalières des automobilistes dans ce pays, et notamment leur manie de doubler à tort et à travers, en forçant le conducteur de devant à se rabattre sur la bande d’urgence. J’étais déjà convaincu que ce n’était pas très prudent, je suis maintenant sûr que c’est très dangereux : un malheureux canard qui se trouvait paisiblement sur le bas-côté est sous nos yeux, dans une gerbe de plumes, passé de vie à trépas à cause de leurs dépassement insensés. J’espère au moins qu’il aura laissé une belle bosse sur la carrosserie du chauffard qui nous doublait. Entre ça et les “hi-jacking hot spots, do not stop” (des “zones de détournement de voiture, ne vous arrêtez sous aucun prétexte", signalés par d’hallucinants panneaux routiers quand on traverse les townships des environs de Johannesburg), les routes sud-africaines sont de loin les lieux les moins sûrs du pays !

La dernière vision que nous emporterons d’Afrique du Sud sera celle que les marins du monde entier guettent avidement : la vue de la Ville du Cap blottie au pied de la Table Mountain, annonciatrice pour eux de la fin d’un océan pour le début d’un autre, et pour nous la fin d’un voyage pour le début d’un autre…

~ les photos du jour ~
Lutte contre un monstre marin Dernière vision d'un grand voyage

Dimanche 28 janvier 2007

La terre est rouge comme l’Orange

Classé dans: ~ Tom @ 22:25 ~ édité le mardi 27 février 2007 @ 19:14

— Pofadder, Northern Cape

Au début, nous croyions que notre camping de ce soir, situé au cœur du tranquille village de Pofadder, n’était infesté que de moustiques. Mais le vent s’est levé, balayant les insectes et apportant une fraîcheur bienvenue après une journée de canicule. Par contre, nous nous sommes aperçus que le lieu était hanté par un hôte beaucoup plus inquiétant : une espèce d’arachnide couleur sable, très rapide et d’une taille effrayante : 15 cm de long. J’ai d’abord cru à un scorpion, puis à une monstrueuse araignée, mais je soupçonne qu’il s’agit d’un solifuge, c’est-à-dire un arachnide beaucoup plus exotique. L’ennui, c’est qu’il semble faire des cercles autour de la tente, et l’idée de dormir cerné par cette inquiétante créature – dont j’ignore tout du régime alimentaire – n’est pas des plus rassurantes…

Nous avons quitté ce matin le Kalahari et refait en sens inverse l’immense route déserte qui sépare le parc de la ville d’Upington. Les poteaux électriques jalonnant le trajet ont une particularité sympathique : ils servent de support aux savantes constructions des tisserands sociaux [voir le commentaire ci-dessous], des oiseaux très ingénieux qui bâtissent d’énormes colo-nids (des logements sociaux, donc) à partir de simples brindilles. Ces nids en forme de cône, pointe en haut et ouverture en bas, les mettent à l’abri des serpents et - luxe suprême dans le Kalahari, où les températures peuvent osciller de -15°C à 50°C - ils sont climatisés : la fourchette thermique varie entre 15°C et 30°C. Hélas, ces oiseaux débrouillards sont parfois trop ambitieux : le nid devient trop lourd, les amarres se rompent, il glisse et s’écrase au pied du poteau. Et là, les habitants se disent : “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?”

Notre antépénultième jour de voyage nous a conduit le long du fleuve Orange, qui s’étire tel un ruban sur un tapis de vignes. Nous avons suivi son cours jusqu’à sa chute : à Augrabies Falls, le “lieu du grand bruit", il entaille le plateau de gneiss et se transforme en terribles trombes dévalant 56 m de haut. Baignade déconseillée. Le canyon qui s’ensuit est une vision spectaculaire : l’écume, la roche, la brousse, les collines et le ciel en arrière-plan composent une palette magique. Après avoir vu, sous ce soleil de plomb, tant d’eau sans pouvoir la boire, nous nous sommes copieusement désaltérés, puis nous sommes repartis vers l’Ouest. Sur la route, nous tombons devant un étrange camion, chargé jusqu’à la gueule de voitures immatriculées… en Allemagne ! Des Mercedes, BMW, Audi, Volkswagen à tous les étages… des modèles connus et d’autres non (en tout cas pas de moi), et parmi ces derniers, des prototypes, avec encore les rivets sur le capot. Elles sont ici pour effectuer des tests de vitesse, jusqu’à 250 km/h, dans les grands espaces africains. Vu le transport nécessaire, cela me semble bien coûteux pour des tests, mais Carine se demande s’ils n’en profitent pas pour tourner quelques pubs dans le coin, ce qui avec les paysages superbes serait assez judicieux… à vérifier à la télé. Car en effet, la très photogénique route N14 traverse une immense plaine désertique seulement bordée par l’horizon, au sol écarlate, ponctuée de-ci de-là par quelques restes de relief. Et c’est au beau milieu de ce nulle part que nous nous sommes arrêtés pour la nuit. Plus que deux jours avant de retrouver le Cap et de rentrer à la maison… si le terrible solifuge ne nous a pas dévorés d’ici-là !

~ les photos du jour ~
Vitesse maximum : 250 km/h ! Augrabies Falls Il est assez grand votre panneau ? Le désert du Kalahari

Mercredi 24 janvier 2007

À la source de la rivière de diamants

Classé dans: ~ Tom @ 18:41 ~ édité le vendredi 6 avril 2007 @ 01:56

— Kimberley, Northern Cape

L’orage gronde sur les vastes plaines du Northern Cape, et le ciel est zébré de terrifiants éclairs ("zébré” est le mot exact au pays des Equus bruchelli). Peut-être qu’à l’endroit où elle frappe, la foudre laisse sur le sol un petit diamant ? Nous avons juste eu le temps de planter la tente avant que la pluie, menaçante toute l’après-midi, ne se décide à tomber. Et cette tente se trouve à deux cents mètres du Big Hole, le plus grand trou sur terre jamais creusé par la main de l’homme. C’est là qu’ont été extraits, de 1871 à 1914, 2.722 kg de diamants, ce qui représente un bon nombre de rivières de diamants, avouons-le. Le “grand trou” s’est creusé sur le toit d’une cheminée de kimberlite, un magma jailli des profondeurs de la Terre, charriant avec lui des morceaux du manteau, et parmi eux les précieuses pierres. Car ce pur cristal de carbone ne se forme qu’au-delà de 200 km de profondeur : avant il ne s’agira que de vulgaire charbon, quel paradoxe de l’alchimie !

La ville s’est rapidement construite à côté du trou, peuplée de femmes et d’hommes venus de tous les horizons, attirés par les adamantins reflets de la richesse - et parmi eux d’ailleurs, beaucoup de Noirs, traités comme des voleurs et des moins-que-rien. La plupart auront creusé ici leur tombe, quelques uns auront creusé leur fortune, comme les frères Diederick et Nicolaas Johannes de Beer, les fermiers propriétaires d’un terrain auparavant jugé ingrat, et surtout Cecil John Rhodes, magnat du diamant, fondateur de l’incontournable De Beers Consolidated Mines Ltd. Rhodes a bâti sur ces cailloux une fortune qui lui permit de devenir le Premier Ministre de la colonie du Cap, fer de lance de l’Empire Britannique, et même d’avoir un pays à son nom, la Rhodésie (maintenant Zimbabwe) !

Pénétrant dans le village de pionniers soigneusement reconstitué, nous sommes allés jeter un œil au-dessus du cratère désormais noyé d’eau, avant de passer dans une fausse galerie (un vrai parc d’attractions, avec bruit assourdissant et simulations d’explosions) puis d’arriver dans une exposition très complète. Le clou est sans doute l’immense coffre-fort qui trône au milieu du hall, renfermant plus de 300 diamants de la collection De Beers, dont Eurêka, la première pierre découverte en 1867 par deux gosses, source de la ruée vers le cristal. Le commentaire d’Eugene, notre guide, eut une touche surprenante, critiquant à mi-mots la De Beers d’avoir pillé le sous-sol et d’être partie en enrichissant Londres, mais pas Kimberley. Un ton politiquement incorrect, mais réaliste : maintenant la De Beers a quitté l’Afrique du Sud et opère au Botswana, reproduisant le même schéma qu’il y a un siècle. Ce n’est pas la faute des géologues, mais pourquoi, quand on trouve des diamants, de l’or, de l’argent ou du pétrole, ce n’est jamais la population locale qui en profite le plus ?

Il est 22h passées et nous revenons de dîner. Mais avant d’aller manger une pizza dans le plus fameux restaurant italien de la ville, nous sommes allés nous désaltérer juste à côté, au Halfway House Inn, le pub historique où Cecil John Rhodes venait boire sans quitter la selle de son cheval… et en effet, porte & plafonds sont assez hauts pour le permettre !

~ les photos du jour ~
Dentelle de poutrelles Le Big Hole aux diamants

Vendredi 19 janvier 2007

Le Karoo au fil de la Route 62

Classé dans: ~ Tom @ 22:19 ~ édité le dimanche 13 janvier 2008 @ 02:33

— Oudtshoorn, capitale mondiale de l’autruche, Petit Karoo

Une fois n’est pas coutume, c’est dans un backpackers que nous dormons ce soir. Finalement, c’est presque plus économique de dormir dans une vraie maison que sous tente : les campings ici n’ont - mis à part des douches et des toilettes - aucun aménagement pour préparer sa popotte. Ni cuisine, ni bouilloire pour de l’eau chaude toute bête, ni même de simples tables & chaises. Il nous faut donc le soir venu aller au restaurant, et le matin aller au café, ce qui revient vite assez cher. Les backpackers, des maisons reconverties en hôtel bon marché, sont eux équipés d’une cuisine : le prix de la chambre est alors largement compensé par celui du dîner et du ptidèj’ en moins.

Hier soir par contre, c’est dans un camping que nous avons passé la nuit, près de Calitzdorp, capitale sud-africaine du port, l’appellation locale du porto. Nous nous sommes installés sur le terrain d’un bush pub, un pub de brousse installé en pleine campagne entre vignes, autruches, springboks (les antilopes, pas l’équipe de rugby) et vulgaires poules. Mal nous en a pris d’ailleurs, car au petit matin ce n’est pas un, pas deux, pas trois, mais quatre coqs intempestifs qui se sont mis à chanter pour saluer l’aurore ! Heureusement que je n’avais pas un fusil sous la main, car il y aurait eu du coq au vin au menu de ce soir ! Mais le point d’orgue de cette symphonie animalière s’est produit quand nous avons levé le camp : alors que je roule la tente, un scorpion en sort à quelques centimètres de moi ! Ah, l’Afrique recèle bien des émotions fortes !

La soirée dans ce bush pub fut très couleur locale : un Cabernet Sauvignon venu des chais voisins, dégusté dans une ambiance 100% Afrikaner blanc, avec en musique de fond des groupes locaux chantant en afrikaans. Il y a juste quinze ans que l’apartheid a été aboli, mais le patron du pub semblait encore en éprouver une certaine nostalgie. Carine me faisait part de ses impressions sur le pays : l’arrogance affichée de certains Blancs se manifeste dans des maisons d’une taille démesurée, luxe choquant en comparaison avec les townships noirs qui s’étendent en bordure des villes. Ces bidonvilles un peu améliorés (il y a parfois l’eau et l’électricité), qu’on appelle pudiquement “habitations informelles", comptent des petites cabanes qui n’ont pas la taille du garage des demeures sus-citées. D’ailleurs, il en faut un grand garage pour ranger le gros 4x4 rutilant de chrome, et quand sur la route celui-ci apparaît dans le rétroviseur collé au pare-chocs, il faut humblement lui laisser place et rouler sur le bas-côté afin de ne pas réduire sa moyenne d’excès de vitesse. La nation arc-en-ciel mettra du temps avant de devenir le paradigme universel que prophétise Monseigneur Desmond Tutu.

Ces deux derniers jours nous ont vu traverser le Little Karoo ("le petit désert"), une étroite bande de terre semi-aride - où la vigne pousse pourtant bien - coincée entre deux spectaculaires chaînes de montagnes. De Montagu à Oudtshoorn (à vos souhaits !) en suivant la très scénique Route 62, nous avons pris les sentiers buissonniers par des gorges taillées dans des calcaires tourmentés : Tradouw Pass, Seweweekspoort, Swartberg Pass et Meiringspoort, cols qui enjambent les Swartberg Mountains et ouvrent le passage du Petit au Grand Karoo. “Il y a du mouvement dans ces roches", a lâché ma compagne en contemplant les fantastiques intrications dessinées sur les parois écarlates du défilé. Nous ne nous sommes pas contentés d’admirer l’extérieur de la montagne : nous sommes aussi allés voir dedans. Les Cango Caves constituent un très long réseau de galeries karstiques, dont nous n’avons aperçus qu’une infime partie superbement décorée de stalactites, stalagmites, piliers et draperies. Et ce soir, ce n’est plus vers la terre mais vers le ciel que nos yeux se sont tournés : une comète fait resplendir sa crinière entre les étoiles de la Croix du Sud.

~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~
Swartberg Pass I Vous voyez la comète ? Swartberg Pass II Bon il est pas gros, mais il fait quand même peur La maman & ses petits autruchons

Mardi 9 janvier 2007

Big 5 !

Classé dans: ~ Tom @ 22:20 ~ édité le mardi 26 août 2008 @ 14:59

— Pretoriuskop, Kruger National Park

Ce titre pourrait être l’interjection que l’on lance au bingo local. L’idée est là : en fait, les Big Five désignent les animaux qui étaient les plus traqués au temps des safaris-chasse, à savoir le buffle, le rhinocéros, l’éléphant, le léopard et le lion. Pour les trois premiers, pas de problème : nous les avions déjà aperçus hier ou avant-hier, notamment des éléphants. Leur population se porte d’ailleurs très bien : on en dénombre maintenant plus de 11.000 dans le parc, alors qu’au début du siècle ils étaient quasiment en voie d’extinction. Seul un petit groupe avait survécu, caché dans une inaccessible gorge de l’Olifants River : c’est la lignée ancestrale de tous les éléphants du Kruger.

Par contre, il nous manquait encore les gros chats. Faisant preuve d’une certaine opiniâtreté, et ne lésinant pas sur les moyens, nous nous sommes levés (dans la douleur) ce matin à 3h30, pour embarquer avec un ranger dans un gros tout-terrain et faire un safari à l’aurore. Le soleil se lève tout juste, la savane se réveille, c’est le moment idéal pour observer l’animation naissante, car pendant les heures chaudes les animaux restent à l’ombre et se font discrets. Steve nous a menés sur la piste de girafes, de babouins, de rhinos, d’hippos et de crocodiles, mais de félins, point. Bredouilles, nous avons repris la route pour notre ultime refuge, en faisant un arrêt au tout premier camp historique du parc, Skukuza. On y trouve un mémorial aux fondateurs, un musée, un clocher, une bibliothèque, un cimetière pour chiens (?) et un impressionnant pont ferroviaire qui enjambe la Sabie : l’ouvrage ne paraît pas vraiment économiquement justifiable, mais que n’aurait-on pas fait il y a un siècle pour emmener les riches Blancs sur leur terrain de chasse ?

Ayant passé tout un après-midi les yeux braqués sur la savane, guettant en vain les signes d’activité félidée, nous sommes arrivés à Pretoriuskop d’où nous sommes aussitôt repartis avec un ranger, pour un safari au crépuscule cette fois, l’autre moment éminemment propice de la journée. L’exploration a commencé par le menu fretin désormais habituel : antilopes, rhino, éléphant… (mais non, je ne suis pas blasé !) Puis à un moment, la radio a crépité et tout s’est emballé : nous nous sommes immédiatement rendus sur les berges d’un lac, pour voir disparaître au loin une silhouette jaune tachetée de noir : un léopard ! C’eût pu être trop tard sans la connaissance experte d’Eliott : il nous mena devant une piste d’où ressurgit quelques minutes plus tard le félin, complètement indifférent à notre présence. Admirer la souple, puissante et redoutable démarche d’un léopard est un spectacle d’une rare beauté. Hélas, pas le temps d’en abuser : il a continué son chemin dans la brousse. Mais aussitôt, une autre nouvelle a fait vibrer les ondes : des lions commencent leur chasse vespérale, à quelques centaines de mètres de là ! Plus exactement, trois lions attendent que le travail soit fait par les trois lionnes qui les précèdent. Voir marcher de front ces trois chasseresses d’une même foulée lente, lourde de menace, a de quoi remplir d’effroi la proie la mieux trempée. Les impalas n’ont pas demandé leur reste, et même moi, qui ne figurait pas sur leur menu du soir, je n’étais pas rassuré. Les lions, quant à eux, même s’ils n’ont pas l’air en peluche, sont moins sérieux à la tâche, et vont même à l’occasion s’allonger tranquillement - une pose pour les photographes ?

Pour ma part, je ne sais pas si c’est parce que j’ai vu le roi des animaux, mais ce soir en mangeant j’ai perdu ma couronne !

Sons & lumières de la savane vespérale
Les lionnes & le léopard ne font, eux,
aucun bruit.

~ quelques photos du jour (parmi les 26) ~
Le pont ferroviaire de Skukuza Martin-pêcheur du Sénégal Eléphant furieux Savane vespérale Martin-pêcheur
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