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Vendredi 31 août 2007

Prochainement sur vos écrans

Classé dans: ~ Tom @ 1:58

— Delémont, Jura

Demain à l’aube (enfin, c’est ce qui est prévu), Carine & moi sautons en voiture — l’increvable Lucie, avec ses 290.000 km et ses jantes maculées de boue allemande, française, helvète, écossaise — pour traverser la Suisse, puis la Lombardie, puis la Mer Ligurienne, pour découvrir notre prochaine destination : LA CORSE !

Cela peut paraître bien modeste après l’Île de Pâques et tous ces coins du globe, mais pour ma part je n’ai encore jamais posé le pied sur cette île si proche… et pourtant certainement très dépaysante. Et il faut bien avouer que pour cet été, c’est d’avion dont nous n’avions pas envie, ou encore de baragouiner dans une langue étrange, ou de se perdre en calculs de taux de conversion monétaire, ou surtout d’affronter les rigueurs climatiques et néanmoins estivales (déjà bien éprouvées ici dans nos très vertes montagnes) d’une villégiature plus septentrionale. Donc proximité & simplicité pour un voyage pourtant corsé !

Ainsi donc, prochainement sur vos écrans : quelques billets écrits au son des polyphoniques grognements des cochons sauvages !

Samedi 1er septembre 2007

Avanti !

Classé dans: ~ Tom @ 9:15

— à bord du M/N Corsica Victoria, entre Savona & Bastia, Mer Ligure

Installés à la proue du navire, je guette sur l’horizon encore lointain l’apparition de l’Île de Beauté. En partant en septembre, nous pensions être un peu hors saison, néanmoins le navire est plein comme un œuf : difficile de trouver une place confortable pour tenter de finir notre nuit. (D’ailleurs, nous voilà chassés de notre banquette temporaire, située il est vrai derrière une pancarte “Accès réservé à l’équipage". Remettons-nous en quête d’un lieu de repos.)

Car qu’on se le dise, en vacances il faut se lever tôt : 6h pour ce matin, le temps de ranger la tente et se présenter à l’embarquement du ferry. Hier aussi, nous étions censés être debout aux aurores, histoire d’attaquer sereinement la route avec la journée devant nous. Bon, finalement, nous n’avons quitté le Jura que sur les coups de midi… La nuit n’a pas été trop longue pour autant, car la veille nous sommes allés à la dernière séance du cinéma en plein air de Delémont, voir un film suisse-allemand nommé Les Mamies Font Pas Dans La Dentelle (Die Herbstzeitlosen). Ce petit film bien sympathique remporte un grand succès – mérité – outre-Léman : c’est l’histoire d’une mamie fraîchement veuve et de ses copines qui décident d’ouvrir une boutique de lingerie fine dans leur petit village du fin fond de l’Emmental. Ce qui ne va pas sans provoquer quelques remous dans la paisible et très traditionnelle bourgade. On ne peut s’empêcher d’éprouver de l’affection pour ces dames qui doivent lutter – du fond de leur statut de femmes, de mères, d’épouses, de vieilles – contre tous les préjugés bien ancrés dans l’esprit helvète. Et il est plaisant de constater que le méchant de l’histoire est un petit politicard, chef de section d’un parti copie conforme de l’UDC, la trompeusement nommée Union Démocratique du Centre, mais en fait bien à la droite de la droite. Ce parti d’inspiration poujuliste (c’est-à-dire poujadiste + populiste) prône ouvertement une Suisse sans immigrés (car, c’est bien connu, ils sont la cause de tous nos maux) et sans Europe (car, c’est bien connu, elle est la cause de tous leurs maux) . Le malheur, c’est que ce parti est le premier de Suisse… du moins, nous verrons aux élections, pardon, votations fédérales du 21 octobre.

Je digresse, je digresse. Après une soirée au ciné et une nuit de lutte contre un graveur récalcitrant (il a gagné), nous avons traversé la Suisse du Nord au Sud, franchi les Alpes par en-dessous, pénétré en Italie, contourné Milan, sinué dans les gorges de Ligurie, frôlé Gênes, son porto et ses bouchons, et enfin descendu la côte méditerranéenne jusqu’à Savona, où fort opportunément je me suis souvenu avoir oublié à la maison savon & boîte à savon. L’objectif suivant était un carré de pelouse pour planter la tente : nous avons cherché un camping à l’aveuglette, et nous en avons trouvé un, à l’aveuglette aussi. Des bungalows et des caravanes serrés les uns contre les autres, coincés entre le chemin de fer et la quatre-voies, qu’il suffit de traverser à ses risques et périls pour atteindre une plage encombrée de parasols léchés par d’indolentes vagues. Le fait que des gens choisissent de passer leurs vacances ici demeure à mes yeux un insondable mystère.

Pas démotivés par l’Italie pour autant, nous sommes allés manger - évidemment - une pizza sur la plage, au bord d’une mer scintillante de fragments de lune rousse. Un cadre bien romantique pour notre première soirée de vacances, dans les volutes mélodieuses de la langue transalpine… je me suis justement fait la réflexion que j’aurai dû accorder plus d’importance aux sous-titres en italien du film de la veille : ne pas connaître un traître mot de la langue du pays, c’est rudement gênant, ne serait-ce que pour comprendre d’où viennent ces 4 € en plus sur l’addition.

Alors que j’écris ces lignes, une ombre bleutée émerge de l’horizon. La Corse surgit des flots.

~ les photos du jour ~
La ligne bleutée des Vosges... Napoléon en empereur romain

Dimanche 2 septembre 2007

De l’art délicat de prendre une douche

Classé dans: ~ Tom @ 22:50

— Patrimonio, Marine de Farinole, Cap Corse

Tout d’abord, renseignez-vous sur les blocs sanitaires existants dans le camping, et si vous avez la chance d’en avoir plusieurs à disposition, repérez celui où la densité de campeurs avoisinants est la moindre. Celui-là aura toutes les chances d’être le moins fréquenté, donc le plus propre. Mais avoir fait cela ne vous dispense en rien d’un examen minutieux de chaque cabine (non encore occupée bien sûr), afin de choisir celle qui réunit le plus de qualités, comme par exemple un raisonnable filet d’eau coulant de la pomme, quelques clous rouillés pour pendre ses affaires, ou une remarquable absence de traces de passage du précédent occupant. Ensuite, il convient de préparer toutes les affaires dont vous avez besoin pour la douche : serviette, savon & shampooing bien sûr, mais aussi vêtements de rechange et surtout, surtout, sandales faciles à enfiler dès la sortie. Car, sachez-le, on ne prévoit jamais d’endroit pour se rechausser convenablement, et l’hygiène élémentaire conseille de ne pas mettre le pied dans cette flaque nauséabonde où croupissent les miasmes putrides de millions d’autres campeurs. Étape suivante : analyser l’espace de la cabine pour y déceler des coins où mettre ses affaires à l’abri de la pluie qui s’annonce : un crochet ici, un haut de porte là, ou encore le mur de séparation des voisins, trop souvent négligé. Car, sachez-le, on ne prévoit jamais d’endroit où poser ses affaires. Enfin, après avoir pris une bonne douche chaude (si vous êtes chanceux), il reste néanmoins à passer une ultime phase critique : enfiler le pantalon jambe par jambe sans qu’il touche le sol détrempé et grouillant de staphylocoques de toutes nationalités, tout ceci bien entendu sans perdre l’équilibre, basculer en arrière, appuyer sur le bouton et reprendre une douche, mais tout habillé cette fois.

Toutes ces aventures ablutionnaires ne me laissent guère le temps de vous conter les mille et une beautés du Cap Corse : ses fières tours génoises guettant depuis cinq siècles quelque invasion barbaresque, ses montagnes s’abîmant dans les flots liguriens, ses couvents en ruine surplombés de sveltes éoliennes, ses lacets diaboliques virevoltant entre maquis écarlate et mer azur, ses petits ports de Barcaggio et Centuri perdus au bout du bout de l’île, et enfin ses pizzas arrosées d’un bon petit vin du cru, Patrimonio local de l’humanité !

~ les photos du jour ~
Sea, sec & sun Les beautés du littoral du Cap Corse Vieilles pierres & éoliennes La beauté du littoral du Cap Corse Le petit port de Centuri

Lundi 3 septembre 2007

Alors les campeurs, on s’embourgeoise ?

Classé dans: ~ Tom @ 23:23

Aujourd’hui marque un tournant décisif dans notre vie de campeurs : de camarades prolétaires que nous étions, équipés en tout et pour tout d’une simple toile, nous sommes passés au statut de bourgeois privilégiés. Nous avons fait l’acquisition cet après-midi des accessoires du planteur de sardines professionnel : deux chaises (pliantes), une table (pliante également) et une glacière (pas pliante). Ainsi, nous pourrons savourer notre café matinal les fesses ailleurs que sur une pierre bien dure ou un matelas de rosée, tout en sortant de la glacière notre Véritable Gruyère de Suisse qui, peu habitué au climat méditerranéen, commence à suer et à sentir la vache de nos montagnes. Prochaine étape de notre ascension sociale : le camping-car. Vu que bizarrement, il ne coûte pas plus cher de garer ce véhicule de milliardaire dans un camping que d’y planter une modeste tente sur 3 m² de pelouse. Logique, n’est-il pas ?

Ce matin vit à Patrimonio notre première baignade en Méditerranée, sur une plage de sable fin pour nous tous seuls. Nous nous sommes ensuite lancés à la conquête du Désert des Agriates, un chaos de rochers rouges couverts de maquis. Le terme “désert” peut certes paraître excessif — après tout, ce n’est pas le Sahara — mais dans cette île où l’on peut trouver des villages dans les endroits les plus inattendus, les Agriates se distinguent par leur remarquable absence de peuplement, à l’exception du petit hameau de Casta, perdu au beau milieu de la désolation minérale. Ironiquement, cette région était au XVème siècle le grenier à blé de Gênes, d’ailleurs son nom vient du latin agrer, l’agriculture. Mais aujourd’hui, le paysage évoque plutôt un décor de far west, qui se prête particulièrement bien à une cavalcade western. De fait, nous avons tenté de faire du cheval, mais si possible nous reviendrons en ayant pris soin de réserver notre chevauchée : seuls quelques chevaux mais point d’humains au paddock.

Après notre traversée du désert, nous sommes arrivés en Balagne, à L’Île-Rousse. Nous n’avions pas spécialement prévu de nous y arrêter, mais il fallait bien trouver un coin d’ombre pour pique-niquer ; impossible de débusquer cette perle rare dans les Agriates. Les palmiers de la place Pascal Paoli (qui est en Corse ce que Simón Bolívar est en Amérique du Sud), sur les marches de l’église, apportèrent une fraîcheur bienvenue, suivie d’un café à l’ombre des platanes. Une petite marche digestive nous entraîna jusqu’à l’Île Rousse proprement dite, un îlot de granite rouge coiffé d’une tour génoise et d’un phare, îlot maintenant relié par une digue au “continent” — si j’ose employer ce terme ici. C’est à Calvi que nous nous sommes équipés sérieusement en matériel de camping, avant de se diriger vers Galéria par l’intérieur des terres. Le menu de ce soir, dégusté sous un olivier séculaire, fut typiquement typique : cannelloni au brocciu (prononcez “broutch” le nom de ce fromage corse, l’équivalent de la crème fraîche en Normandie : on le met dans tout) pour Carine, tripettes à la mode corse pour moi. Et pour cette nuit, on a pris le maquis : elle se passera dans un camping loin de la plage, donc calme et peu fréquenté, dans un superbe cadre parsemé de grillons chanteurs… premier & vespéral aperçu des polyphonies corses ?

Mardi 4 septembre 2007

Ça se corse

Classé dans: ~ Tom @ 23:27

— Plage d’Arone, Piana, les Calanche

Résumé rapide de la situation : nous sommes partis des Deux-Torrents ce matin pour une petite incursion dans la vallée du Fango (célèbre pour sa danse, hahaha). La rivière y a creusé de superbes gorges, dans lesquelles nous nous sommes évidemment baignés, sous le regard attentif de quelques légionnaires en faction dans le coin — pas des légionnaires romains, non, des bidasses de la Légion Étrangère, dont le régiment est installé à Calvi. Puis nous sommes revenus à Galéria pour pique-niquer sur le port, avant de se lancer dans l’aventure téméraire de prendre un café. Car ici le café allongé (donc un café normal avec un peu d’eau en plus) a le prix du double café ; quant au verre d’eau tout bête, il vous en coûtera près d’un euro, 0,90 € pour être exact ! La caissière du supermarché n’a plus de centimes : elle arrondit donc la facture à votre désavantage. Sans même parler de ces trois malheureuses boissons achetées à la station-service pour la modique somme de 8 €… C’est un peu agaçant de se sentir dans la peau (et les plumes) d’un pigeon à chaque fois, et je me demande s’ils ne font pas tout pour vous couper l’envie de revenir.

La suite du voyage suivit une route hypra-sinueuse jusqu’à Porto, sur une corniche coincée entre ciel & mer avec beaucoup de monde dessus — et pas que des Smart, il y a des cars aussi. Les paysages sont superbes, certes, mais l’attention de tous les instants que requiert la route ne laisse guère le loisir de contempler le panorama, y compris pour la copilote qui ne supporte ces interminables lacets que si elle fixe sans faillir la ligne axiale de la chaussée. À Porto, dilemme : tentons-nous de rallier l’intérieur, certainement moins encombré ? restons-nous à Porto pour visiter son golfe en bateau, avec la fameuse réserve naturelle de Scandola au Nord et les Calanche au Sud ? ou allons-nous pour le soir au camping de la Plage d’Arone, conseillé par un ami ? Nous avons choisi cette dernière solution : la route qui traverse les Calanche réserve des points de vue admirables sur ce massif de granite rose aux formes fantastiques, mais là aussi c’est la foule des grands jours. Enfin, le camping est loin d’être un petit paradis perdu et oublié de tous : c’est un gros village peuplé à 90% d’Allemands (on pourrait le renommer Neu Tübingen, à en juger par les plaques minéralogiques de nos teutons voisins), où l’on n’hésite pas à s’installer sans vergogne à côté de votre tente, alors même que vous venez de choisir un emplacement tranquille et à peu près dégagé de ses voisins. Gonflé ! :-x

Mais cela ne nous a malgré tout pas empêché de s’asseoir dans nos chaises, de sortir bière et cidre frais de notre glacière, de les poser sur notre table, et de les verser dans notre gorge. Tout en contemplant les jeux endiablés de trois chatons tout maigres, des petits matous du maquis.

~ les photos du jour ~
Avertissement amical Baignade dans le Fango Fontaine de galets

Mercredi 5 septembre 2007

Enfin une journée (un peu) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 22:58

— Calacuccia, Niolo, altitude 830 m, température 11°C

Ce soir, style télégraphique de rigueur : demain, lever tôt pour aller se frotter aux pentes du Monte Cinto, le point culminant de la Corse. Donc pas de chichis, faisons vite pour que j’aille me coucher à une heure raisonnable (et en plus, il fait froid).

Départ ce matin relativement tôt de la Plage d’Arone (j’ai même réussi l’exploit de me lever avant Carine), re-traversée des Calanche toujours aussi belles et avec un peu moins de monde que la veille. Nous avons fait une croix sur Porto, son golfe et sa réserve de Scandola : certainement trop fréquentés à notre goût — deviendrions-nous misanthropes ?… Cap à l’Est, vers l’intérieur, vers les gorges de Spelunca. Un premier & bref arrêt au pont génois de Pianella, une arche qui enjambe élégamment la rivière Porto, pour ensuite suivre les gorges taillées par l’Aïtone jusqu’au pont — génois, lui aussi — de Zaglia, où nous avons déjeuné. Très jolie balade, mais décidément que c’est chevillé : il semblerait que les vacances scolaires ne soient pas finies en Allemagne, à voir le nombre de familles teutonnes qui sillonnent l’île.

La halte suivante fut dans la forêt d’Aïtone, avec ses vertigineux pins laricio qui s’élancent vers le ciel : ils furent plantés pour finir en mâts dans la marine à voile, et c’est la vapeur qui leur a sauvé la peau, euh, l’écorce. Là encore, petite marche jusqu’aux cascades d’Aïtone, qui s’avèrent n’être que de minces goutte-à-goutte : charmant, mais un brin décevant quand même quand vous vous attendez à de vraies & rugissantes cascades. Enfin, nous nous arrêtés ce soir à Calacuccia, petit village montagnard campé autour de son lac et cerné de hauts massifs. Camping calme et agréable, fréquenté par les marcheurs du GR20 et du Mare a Mare. Pizzas ce soir — on tourne à une pizza tous les deux soirs, c’est une bonne moyenne — dans le très agréable restaurant U Valduniellu, où nous avons pu déguster quelques produits locaux (dont la châtaigne bien sûr) et où on nous a même offert le digestif : c’est suffisamment rare pour le souligner.

Bon, sur ce, bonne nuit, c’est pas le tout on a 1.600 m à monter demain nous.

~ quelques photos du jour (parmi les 10) ~
Ces Génois, quels bâtisseurs ! Le Col de Vergio, 1.447 m Les Calanche de Piana Le pont génois de Pianella Le Niolu (prononcez "Niolo")

Jeudi 6 septembre 2007

Enfin une journée (très) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 22:47

— Calacuccia, le Niolo, température 12°C, brrrr !

Après l’effort, le réconfort. Nous nous sommes autorisés ce soir un dîner 100% corse dans un petit resto de Calacuccia : terrine de figatelli, sauté de veau au miel, sanglier du chasseur, flan à la châtaigne, vin du cru, et même une coppa pour nos prochains pique-niques. C’était mérité, car ce matin, nous sommes partis à l’assaut du Monte Cinto, 2.607 m, sommet de la Corse.

Mais les dieux de la marche n’étaient pas avec nous.

Première surprise : le début de la randonnée est bien plus bas que celui annoncé par les guides : une piste défoncée empêche quiconque — hormis les sportifs en 4x4 (attention : oxymore ;-)) — de s’épargner 1h30 et 500 m de dénivelé préliminaires. Pas de problème, nous prenons notre courage à deux jambes et commençons la marche. Mais il est déjà midi passé — oui, comme prévu, nous ne nous sommes pas levés aussi tôt que prévu — quand nous arrivons au Refuge de l’Erco, véritable point de départ de la grimpée vers le sommet. Grimpée qui nécessite au bas mot 3 heures aller, nous disent deux vieux mais verts bonhommes qui venaient d’en redescendre — je n’ose pas imaginer à quelle heure ils se sont levés ces grands-pères, et surtout je n’ose pas m’imaginer faire la course avec eux : bon pied bon œil les ancêtres !

Du coup, il est presque trop tard (selon Carine) pour tenter l’ascension. Nous décidons alors de nous rabattre vers un objectif censé être plus atteignable : le Lac Cinto, relique d’un lointain glacier niché au pied du mont. Le maquis d’altitude exhale un parfum discret et délicieux, mais se venge de notre intrusion en dépêchant ses armées de genévriers nous griffer les jambes. Dans un paysage de pics dentelés qui n’a rien à envier à nos Alpes, les vaches et leurs veaux, jolis comme des peluches, nous regardent nonchalamment passer en broutant sans entrave ni barrière aucune, tandis que nous suivons les cairns qui ponctuent le très incertain sentier. Sentier qui finit par s’estomper dans un immense éboulis. Deuxième surprise. Allez maintenant débusquer des petits tas de pierres dans un énorme tas de pierres ! Tant bien que mal, nous persistons : les cairns nous mènent droit… sur une vertigineuse barre rocheuse. 8-O Enfer & damnation ! nous voulions faire de la marche, pas de l’escalade. Les pierriers étaient déjà bien délicats à franchir, alors ne pensons même pas aux murs. Nous ne sommes pas seuls dans cette mésaventure : un autre couple de randonneurs doit, comme nous, renoncer à apercevoir le lac glaciaire. Revenant en arrière et en éclaireur un peu sur le côté, je subodore que la vraie piste est par là, signalée elle aussi par des cairns : c’est bien simple, il y a des cairns partout dans cette maudite montagne ! Bref, plus le temps de chercher la voie, il faut — à mon grand dam — faire demi-tour avant la nuit et le froid, car même en Corse, au-dessus de 2.000 m il gèle à pierre fendre.

Troisième & dernière avanie de la journée : en traversant un de ces belliqueux buissons du maquis, le chapeau que Carine avait accroché à la ceinture décide d’y rester. Un chapeau tout neuf, porté à peine trois fois, snifff… :cry: (je m’en veux, c’était moi qui lui avait suggéré de l’attacher là…) Après 7 h de marche et 1.000 m de dénivelé, sans avoir atteint aucun de nos objectifs, nous avons les jambes en compote et zébrées de cuisants souvenirs — et moi en plus, les épaules ruinées pour avoir voulu porter, âne bâté que je suis, un sac trop chargé. À avoir usé notre santé sur ce fallacieux sentier, maintenant je comprends pleinement le sens de ce proverbe corse :

    “buciardu com’è a scopa”,

menteur comme la bruyère, qui fleurit mais ne donne pas de fruit.

~ les photos du jour ~
Sur les pentes du Monte Cinto Voilà une bien étrange roche Montagnes corsées Camaïeu de cailloux

Vendredi 7 septembre 2007

Enfin une journée (moins) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 23:41

— Calacuccia, U Niolu

Ce matin, nous avons fait une énième tentative pour visiter l’office de tourisme de Calacuccia : quand il n’est pas clos à 17h au lieu des 18h indiquées, il est exceptionnellement fermé… pas facile de se renseigner par ici ! Cela ne nous a pas découragé pour autant : après notre cuisant échec d’hier (cuisant surtout pour nos mollets dépouillés d’épiderme par le maquis), nous nous sommes lancés dans une randonnée au milieu de la forêt de Valdu-Niellu, un magnifique massif de pins laricio droits comme des i. Il y a un très doux parfum flottant ici, au bord des gorges de la Colga, et contrairement à hier, le chemin est bien balisé — les cairns c’est bien, mais les marques de couleur c’est mieux. D’épaulements rocheux en dalles de granite, nous avons donc gravi la montagne jusqu’au col de Stazzona, à 1.762 m d’altitude, pour découvrir caché juste derrière le bucolique Lac de Nino. Cette cuvette perchée se comble lentement de pozzines, des pelouses impeccablement tondues par les vaches et les chevaux qui y paissent. D’ailleurs, les vaches, les chevaux, les cochons, les chèvres, tout ce petit monde divague librement à quatre pattes dans les forêts, sur les pentes, partout : comment les paysans font-ils pour retrouver leur cheptel ? À l’œil, pardi ! ils reconnaissent toutes leurs bêtes d’un simple regard, selon Dominique, un autochtone rencontré à la Fiera di a Santa.

Car après ces 4 heures de marche et ces 700 m de dénivelé, il nous reste un peu d’énergie pour aller à Casamaccioli, le village voisin, où la fête bat déjà son plein, en attendant la rituelle procession religieuse du lendemain. Ayant compté sur l’existence annoncée (mais hélas improbable) d’une navette, nous marchons encore un peu avant de se résigner à prendre la voiture. Sur place, rencontre avec Marc-Olivier, un habitant de Calacuccia croisé sur la route quelques minutes plus tôt : fort de nos anciens liens de camaraderie, il nous invite à boire quelques verres dans une ambiance de beuverie malgré tout très bon enfant. La jeunesse corse des alentours a visiblement sauté sur l’occasion pour s’encanailler à la Fête de la Vierge. Ils ne sont pas les seuls d’ailleurs : des attroupements se forment autour de tables, des jeux de roulette parfaitement illégaux si j’en crois mes anémiques connaissances en droit. Mais bon, la France & ses pandores sont tellement loin… Et il est heureux que ce ne soit que de la roulette corse, et non russe : les stands voisins, quant ils n’arborent pas ouvertement des boisseaux de drapeaux de guerilleros du maquis, proposent des tenues camouflage ou des cagoules suspectes avec juste trois trous pour les yeux et la bouche… les nuits ont beau être fraîches par ici, ces passe-montagnes me paraissent un peu chaud pour le coin. Et au milieu de toute cette foire arrive la procession vespérale de la statue — la granolita — telle un ruisseau de vertu dans un océan de débauche. Un garage providentiellement reconverti en auberge nous accueille pour nous offrir sa soupe corse et son fromage, préparés & dégustés par les vieux du coin : atmosphère très insulaire à l’intérieur ! Dehors, les polyphonies corses commencent à résonner, mais curieusement les chorales improvisées des buvettes l’emportent largement sur le groupe debout sur l’estrade. Rien de tel qu’une Pietra à la châtaigne pour encourager un gosier timide !

~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~
Sanglier civilisé Suivez les cairns Non, ce n'est pas le Ku Klux Klan Randonneuse esseulée Le Lac de Nino & ses pozzines

Samedi 8 septembre 2007

Enfin une journée (pas du tout) sportive

Classé dans: ~ Tom @ 22:44

— Acqua Viva, vallée de la Gravona, en amont d’Ajaccio

Ma première priorité ce matin fut d’élucider ce point mystérieux sur la carte : un dolmen, à deux pas d’où nous dormons. Je chausse donc mes godillots et me lance dans la mer de ronces qui me sépare de l’objectif. Je l’ai trouvé, ce monument mégalithique, et pourtant : d’une, il faut savoir qu’il est là, de deux, il faut vraiment savoir ce que c’est. Car il ne s’agit pas d’un beau dolmen façon Astérix, mais plutôt d’une grosse pierre posée sur une autre. Moi qui m’attendait à un Carnac oublié…

Après trois nuits sur place, nous avons quitté notre camping — il était temps : un camping-car a installé ses fenêtres fumées sous notre tente, alors que le terrain est immense et pratiquement désert… à n’y rien comprendre ! Le Niolo a préservé son authenticité certainement grâce à (ou à cause de) son isolement : une seule et unique route le traverse cette cuvette. À l’Ouest s’élève le col de Vergio, altitude 1.447 m, et à l’Est, il faut affronter la Scala di Santa Regina, un étroit défilé au fond duquel coule le Golo, taillant son escalier dans un paysage minéral de roches rouges. On se croirait sur Mars, s’il n’y avait la circulation de la route — route qui ne fut ouverte que fort tardivement, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale : avant, c’était par les sentiers de berger que les gens se rendaient à la célèbre foire de Casamaccioli.

Notre étape suivante fut Corte, l’ancienne capitale de la République de Corse de Pascal Paoli. La ville occupe un site remarquable tout en pentes, un véritable nid d’aigle. Mais ces considérations géographiques n’émurent point ma compagne : ce qu’elle voyait surtout en ce lieu civilisé, c’est des boutiques susceptibles de lui proposer un nouveau chapeau. Mais elle ne trouva que des boucles d’oreille (et indiennes en plus, même pas corses) : pas aussi pratique pour les randonnées sous le soleil, convenons-en. C’est bien les filles ça.

En traçant notre route vers Ajaccio, nous marquâmes un arrêt aux triples ponts du Vecchio. Le plus ancien est gênois, permettant à la petite route de modestement franchir la gorge. Le second, ferroviaire, plus haut, plus long, plus imposant, est l’œuvre de Gustave Eiffel, et reprend en écho les arches gênoises. Le dernier est le viaduc routier moderne, qui élance sa flèche d’un bout à l’autre du ravin. Trois époques, trois techniques, et une belle leçon d’architecture devant ces ouvrages d’art. Mais nous sommes bien vite revenus à une Corse plus lointaine, en nous mettant en quête à travers bois de la statue-menhir de Tavera, témoin de la jadis florissante civilisation mégalithique insulaire. Ce n’est certes qu’un bloc de pierre où l’on distingue vaguement un visage, mais pourquoi donc est-ce plus saisissant que nos ponts de béton et de métal ?

~ quelques photos du jour (parmi les 7) ~
Un sympathique animal Chats de Corte La statue-menhir de Tavella Jeune femme accorte à Corte Cagoules pour apprenti dynamiteur

Dimanche 9 septembre 2007

Ajaccio, la cité impériale

Classé dans: ~ Tom @ 23:05

— Pietrosella, Golfe d’Ajaccio

Certes, le titre semble un peu pompeux, mais la capitale du Sud est toute entière dédiée à son illustre enfant : Napoléon Bonaparte (enfant peu prodigue hélas : l’Empereur n’y revint jamais). On ne compte plus les statues, mémorials, monuments, places, cours, maisons, salons, cafés, boutiques qui lui sont consacrés, à Lui & à sa large famille. Même Letizia, la mère qui mit au monde un empereur et une tripotée de rois, se voit elle aussi distinguée par une rue et une place qui portent son nom, devant l’illustre demeure. Pour la petite anecdote : en 1794, les Anglais, pour contrer l’Empire en marche, envahirent la Corse et y édifièrent un éphémère Royaume Anglo-Corse. La maison familiale des Bonaparte fut occupée par — ironie du destin — Hudson Lowe, le futur geôlier de l’Empereur à Sainte-Hélène. Ça leur donnait au moins à tous deux un sujet de conversation…

Nous avons donc flâné dans les agréables rues de la cité impériale, son marché qui mêle allègrement fumets de coppa, odeurs de fromages (visiblement plus très frais), senteurs de miel de maquis, parfums de la marée, bouquets de fruits & légumes. Les terrasses ne sont pas à dédaigner non plus, surtout lorsqu’elles se situent à côté de l’hôtel de ville, tout pavoisé de banderoles tricolores en l’honneur du 64ème anniversaire de la libération de la ville, la première ville libérée de France. Et pour cette grande occasion, tout l’arsenal d’époque était de sortie : jeeps, camions, soldats… et infirmières !

Notre tour d’Ajaccio n’aurait pas été complet sans une promenade — au mépris des hordes de touristes et d’Ajacciens endimanchés — vers le ponant, où le soleil couchant incendie de rouge la mer des Îles Sanguinaires. Au risque d’ébrécher le mythe, il semblerait qu’en fait ces îles tiennent leur nom du tout proche golfe de Sagone — les îles Sagonarii — mais avouez que “Sanguinaires", ça en impose un peu plus, non ?

~ quelques photos du jour (parmi les 6) ~
Ici est né... Le Petit Caporal, en toute modestie Ajaccio, première ville libérée de France Napo & ses frères Napoléon en empereur romain (bis)
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