Vive l’amitié entre France et Hollande !
— depuis un paisible exil fiscal prêt à accueillir toute la richesse de France
Qui a dit que les Français n’aimaient plus l’Europe ? Il y a cinq ans, ils ont voté Hongrie. Aujourd’hui, ils plébiscitent Hollande. Quel bel exemple d’amitié entre les peuples !
Ce que j’aime dans les victoires de la gauche, c’est cette impression de ferveur populaire spontanée qui en émerge. Un côté anarchique et libertaire vaguement intimidant, mais dans le fond jubilatoire. On ne peut guère en dire de même des succès de la droite, qui semblent, comment dire ?… plus formalisés, guindés, compassés. Prenez au hasard la fête de Sarkozy en 2007, le péché originel qui plonge aujourd’hui la droite en pénitence. On ne peut pas dire que le Fouquet’s ait une touche très popu, mais plutôt bien people. Quand aux “Jeunes Pop", comme s’appellent eux-mêmes les jeunes loups de l’UMP, bien propres sous leurs polos Lacoste, leurs jupes plissées (car il y a aussi des filles) et leurs barrettes dans les cheveux, ils ont toujours l’air de sortir de la kermesse paroissiale. Et puis incontestablement, Yannick Noah à la Bastille, ça a quand même une autre gueule que Mireille Mathieu à la Concorde.
Ce qui m’amuse aussi, en ce soir de scrutin, c’est la soudaine promotion des partisans du MoDem, dans un sensible appel du pied de la gauche. On a pas mal entendu le mot “humaniste” dans différentes bouches socialistes, remerciant ceux-ci d’avoir fait le bon choix. Les supporters de Bayrou sont donc passés en quelques heures du stade de “centristes” (malgré tout clairement connoté à droite) en “humanistes", appellation nettement plus flatteuse car porteuse de lumière et de belles idées. Une manière d’attirer le centre droit un peu sur sa gauche, et ainsi de préparer le 3ème round des législatives. En effet, qui n’aime pas se voir qualifier d’"humaniste” ? À part le FN, je ne vois pas.
Un détail m’échappe : ce soir, devant la scène de la Bastille, on voyait de nombreux drapeaux fendre joyeusement l’air, des emblèmes d’un peu partout sur la planète. Outre les inévitables drapeaux rouges, roses, bleus à douze étoiles dorées, et bien sûr tricolores, j’ai aperçu entre autres les couleurs de l’Irlande, de l’Italie, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, de la Guinée, du Maroc, de la Tunisie, de la Syrie, de la Palestine, du Chili, et même du Pérou. Bien sûr, la gaie bannière arc-en-ciel flottait également dans le ciel parisien. Mais curieusement, parmi tous ces pavillons chamarrés, personne ne pensait à agiter peut-être le plus évident entre tous : celui de Hollande.
PS. Pendant ce temps-là, à la frontière franco-suisse, les files d’attente s’allongent…