La culture en protestant
— Greyton, dans l’Overberg, le Pays Au-Delà des Monts
Encore un saut de puce réalisé aujourd’hui sur la grande carte d’Afrique du Sud : de Franschhoek à Greyton, il ne doit pas y avoir 80 km à vol d’oiseau. À ce rythme-là, dans deux semaines, quand nous devrons prendre notre dernier avion, nous serons encore dans la banlieue du Cap ! D’un autre côté, cela correspond parfaitement à notre manière de voyager : nous allons au gré de nos envies, à la vitesse qu’il nous plaît, sans autre impératif que de trouver un lieu hospitalier pour le soir. Conséquence toutefois : notre projet d’aller voir la Côte des Squelettes et le désert de Namibie est mis entre parenthèses… l’Afrique du Sud en elle-même vaut largement une visite !
Si nous n’avons pas accompli de grandes distances aujourd’hui, la faute en est largement imputable au Huguenot Museum de Franschhoek. Nous pensions visiter ce musée au pas de charge, croyant qu’il serait plein de poussiéreux objets relatifs aux colons huguenots : photos de famille en daguerréotype, notices illisibles tapées sur machine à écrire, ustensiles vieillots et rouillés, vêtements d’époque à la limite de la putréfaction… Ce fut en partie le cas, mais la surprise résidait dans la fort intéressante rétrospective sur l’histoire du protestantisme en France : les 95 thèses de Luther, le massacre de Wassy, la Saint-Barthélemy, l’Édit de Nantes et sa révocation… le tout présenté sur de très attrayants panneaux en français (probablement transfuges d’une exposition dans l’Hexagone). Une vraie révision de l’Histoire de France, qui n’a d’ailleurs pas captivé que moi : Carine a fait preuve d’une grande assiduité, certainement grâce à la lecture du “Maître de Garamond”. Ce roman historique d’Anne Cunéo (une Suissesse) se replace dans ce contexte : les débuts de la Réforme, qui coïncident avec ceux de l’imprimerie moderne (la police Garamond, vous connaissez forcément si vous lisez ces lignes). Un excellent livre que nous conseillons à tous !
Étant enfin sortis de cet inattendu musée francophone, nous sommes allés voir l’imposant monument dédié à l’héritage huguenot dans le Sud de l’Afrique, et après un petit tour par de très intéressantes toilettes, alors que l’après-midi était déjà bien entamé, nous avons enfin repris la route. Le passage des montagnes Hottentots-Holland se révéla spectaculaire, et la redescente par la vallée de la Riviersonderend (la “Rivière Sans Fin") le fut tout autant. La mission de Genadendal se blottit dans ses contreforts ; étant arrivés trop tard pour visiter les bâtiments, nous avons longuement discuté avec l’ancien directeur du lieu, le Dr Balie. Son sang mêle ceux de l’Europe, de l’Asie (de l’île de Bali) et de l’Afrique : il parle la langue khoikhoi, émaillée de nombreux clicks de la langue (souvenez-vous “Les Dieux Sont Tombés sur la Tête”), son cœur déborde de foi chrétienne et ses souvenirs sont encore émus de sa rencontre avec Nelson Mandela en 1995, qui a débaptisé sa maison officielle du Cap pour la renommer Genadendal, “la Vallée de la Grâce". Un homme remarquable que ce docteur.
Quant à nous, après un bon dîner passé à évoquer l’après-voyage (y-a-t-il une vie après le voyage ?), nous revoilà dans un camping parfaitement désert, au pied des majestueuses montagnes du Riviersonderendberge. Mais dernier obstacle avant le lit : prendre sa douche dans le noir le plus total !
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