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Samedi 14 octobre 2006

En route vers le bout du monde

Classé dans: ~ Tom @ 23:15 ~ édité le mardi 17 octobre 2006 @ 01:54

— sur la RN3, la route atlantique de la Patagonie

Nous effectuons cette nuit ce qui devrait être notre dernier très long trajet en bus, de Puerto Madryn à El Calafate via Rio Gallegos. Le bus n’est pas des plus confortables, il n’est pas des plus chauffés non plus, et en plus il avait 2 h de retard, mais en descendant dans la cabine du chauffeur pour y fumer une cigarette, j’entends sa radio diffuser entre les chansons latinos du moment le tube des années 80 “Voyage Voyage"… un clin d’œil du destin ?

Nous arrivons à Comodoro Rivadavia (qu’Anna & Jaume connaissent bien aussi ;-) ). La route est encore longue.

~ les photos du jour ~
Étrange voyageur au terminal des bus Satané vent patagon ! Hérésies !!!

Lundi 16 octobre 2006

Le glacier Perito Moreno

Classé dans: ~ Carine @ 21:06 ~ édité le mardi 17 octobre 2006 @ 02:07

— El Calafate

Nous voici arrives a El Calafate, du cote des parcs nationaux Los Glaciares et Torres del Paine, ce dernier se trouvant de l’autre cote de la frontiere, au Chili.

Nous avons fait un bon voyage pour arriver ici, meme si c’est toujours bien long et peu confortable. En plus, comme nous n’avons plus tant de temps avant le depart de notre avion, on se depeche un peu et donc on voyage beaucoup.

Aujourd’hui, nous avons donc repris un bus pour 1h30, afin d’aller voir le glacier Perito Moreno, qui arrive dans un lac glaciaire et qui se casse par moment dans le lac, avec des bruits genre “tonnerre” très impressionnants. Il fait beau, le vent souffle fort et est froid, mais ce n’est pas grave, pourvu qu’il ne pleuve pas!!

Cette nuit, nous la passons encore a El Calafate, et demain, nous reprennons le bus pour 5h de route, direction Puerto Natales, au Chili, pour aller visiter mercredi le parc Torres del Paine. Voila pour le programme de ces prochains jours. Nous aimerions bien prendre ensuite un bateau pour naviguer sur les fjords et aller vers Ushuaia, en Terre de Feu argentine, mais il n’est pas sur qu’il y ait une liaison et donc, si ce n’est pas le cas, on reprendra le bus !!

~ les photos du jour ~
Une beauté glaciale L'impressionnante masse du glacier Perito Moreno

Dimanche 15 octobre 2006

La fin du monde est proche

Classé dans: ~ Tom @ 23:59 ~ édité le mercredi 18 octobre 2006 @ 03:39

— El Calafate, Province de Santa Cruz

Longue journée de bus : partis hier de Puerto Madryn avec 2h½ de retard, nous sommes arrivés à 10h ce matin à Rio Gallegos, trop tard pour attraper le premier bus pour El Calafate. Il a donc fallu patienter à Rio Gallegos jusqu’à 13h30 : la ville n’offre guère de charmes, et elle est battue par le vent patagon, de bonnes vieilles bourrasques venues du Pacifique, propres à décorner les bœufs argentins. D’ailleurs il n’y a pas de bœufs ici, juste des moutons sachant se contenter de l’âpre végétation de la steppe patagonne. Et ce soir à El Calafate, sympathique petite ville de fin du monde, nous échafaudons nos plans pour nos derniers jours argentins à venir : voiture ou bus ? parc Los Glaciares ? parc Torres del Paine ? Puerto Natales ? Ushuaia ? bateau pour nous emmener de l’un à l’autre ? que de questions à résoudre… pas toujours simple de voyager !

Mardi 17 octobre 2006

Chili con car (le Chili avec un car)

Classé dans: ~ Tom @ 10:35 ~ édité le jeudi 19 octobre 2006 @ 17:16

— au milieu de nulle part entre El Calafate, Argentine, et Puerto Natales, Chili

Nous traversons la steppe sans fin de Patagonie sous un ciel d’où le vent a chassé tous les nuages. Des troupeaux de moutons sont disséminés ça et là, côtoyés par des nandus, des sortes d’autruches locales qui évoquent les danseuses du Moulin Rouge lorsqu’à notre approche elles courrent pour s’éloigner de la piste : une débauche de plumes ondoyantes sur deux jambes maigrelettes. Et quand on croise un point d’eau, il n’est pas rare qu’il soit occupé par des flamants roses, surprenantes taches de couleur sur fond jaune passé. En arrière-plan à l’Ouest se dresse un rempart de montagnes balnchies de neige. Derrière : le Chili, le Parc Torres del Paine et Puerto Natales, notre destination.

Nous ne serons pas restés très longtemps au Parque Nacional Los Glaciares, juste le temps de rester bouche bée devant la fabuleuse puissance du glacier Perito Moreno : 5 km de large, 50 m de haut, cette colossale masse de neige compactée avance de 1,5 m par jour dans un lac, et parfois parvient même à le couper en deux, devenant ainsi barrage naturel. L’eau s’accumule en amont, s’infiltre dans les interstices, met la glace sous pression et finit par faire exploser l’obstacle dans unce cataclysmique ruptura. Ce phénomène reste assez rare ; quand il se produit, on en parle jusqu’en Europe, et certainement plus loin encore. Par contre tous les jours le glacier se désagrège lentement dans le lac : des blocs se détachent et tombent de la falaise dans un bruit à vous figer le sang dans les veines, sang déjà bien cristallisé par le vent polaire que le glacier semble exhaler. Ce “tonnerre", selon le fort juste mot de Carine, arrive avec un peu de retard sur l’image, mais est bien plus impressionnant : un grondement sourd fait trembler l’air alors qu’on ne voit qu’un “petit” glaçon tomber dans le lac et rejoindre les autres icebergs.

[À ce moment-là de la narration nous franchissons la frontière Argentine-Chili : que de temps perdu en paperasseries douanières…]

Pour tenter de sentir au plus près la puissance de la rivière de glace, nous nous sommes embarqués sur un navire qui longe le flanc nord du Perito Moreno. Il le longe, certes, mais de très loin, à une distance plus que raisonnable - aucun risque de se prendre un pan sur la tête - et la promenade sur le lac est plutôt décevante (et bien sûr, comme tout attrape-touriste, excessivement chère). Le panorama depuis les balcons est tout autant satisfaisant : le glacier apparaît sur deux de ses trois côtés, et nous avons pu assister à quelques chutes spectaculaires. Ma compagne, grande amatrice de glaces et de fondues - et donc de glace fondue - a dû beaucoup apprécier !

Samedi 21 octobre 2006

Nous voici à la fin du monde

Classé dans: ~ Tom @ 23:59 ~ édité le mardi 24 octobre 2006 @ 01:12

— Ushuaia, 58.000 habitants, Tierra del Fuego

À Ushuaia, les trois mots qui apparaissent le plus souvent sont certainement “Fin del Mundo”, un leitmotiv touristique dont en effet bien peu de villes peuvent se targuer. Mais l’expression mise à toutes les sauces est un peu galvaudée, ainsi que l’appellation de “cité la plus australe du monde” : il y a sur la chilienne Isla Navarino en face, de l’autre côté du Canal de Beagle, un village de 2.250 âmes, Puerto Williams, qui pourrait revendiquer ce titre : voilà réellement la ville la plus au sud du monde. Mais il faut croire qu’Ushuaia a mieux réussi son opération marketing que sa malheureuse rivale. Elle dispose d’ailleurs de nombreux atouts : une ceinture de majestueuses montagnes avec même une station de ski, un joli port en eaux profondes accueillant yachts, bateaux de croisière et portes-containers, un centre-ville commerçant bien animé, un office du tourisme incroyablement compétent et serviable (ce n’est pas si courant), et une population qu’on pourrait croire briefée par le maire pour être gentille et accueillante envers les visiteurs (sous peine d’exil en Antarctique ?). Si on y ajoute que la température y reste très douce - l’influence océanique fait qu’il n’y a pas de grandes chaleurs pendant la journée, mais la nuit n’est pas glaciale non plus - et que le vent des 55èmes Rugissants s’arrête parfois de rugir, cela nous donne bien envie de rester ici quelques jours.

Ça tombe bien, il y a une foultitude de sentiers fuéguiens à explorer aux alentours, dans les forêts de lenga et les montagnes jusqu’au pied des glaciers. Et comme en plus nous aurons vraisemblablement beaucoup de mal à trouver un bateau pour retourner à Punta Arenas (il nous faudrait pour cela soit des moyens financiers illimités, soit du temps, soit une maîtrise parfaite de l’espagnol, mais hélas nous ne disposons d’aucun des trois), plutôt que d’embarquer nous resterons sur la côte et allumerons des feux pour les marins, comme l’ont fait les Yamaná et les Selk’nam lors du passage de Magellan en 1520, donnant ainsi son nom à la Terre de Feu.

~ les photos du jour ~
Ushuaia, la ville de la fin du monde 5.171 km, sans compter les détours

Dimanche 22 octobre 2006

Il pleut à Ushuaia…

Classé dans: ~ Carine @ 20:20 ~ édité le mardi 24 octobre 2006 @ 01:20

— Ushuaia, Terre de Feu argentine

… ah non, maintenant, il fait du soleil….heu non, en fait il neige….ahh, il re-fait du soleil…

Hé oui, comme nous l’avions lu dans le guide, le temps change vite dans ces contrées. Pour commencer la journée, il faisait un magnifique soleil dans un superbe ciel bleu. C’est donc très contents que nous sommes partis, pique-nique dans le sac, pour une balade de 6 heures sur les hauteurs d’Ushuaia, avec la découverte du glacier Martial comme but de notre balade.

Nous avons traversé de superbes forêts, sur un petit sentier bien pittoresque, le long d’un petit ruisseau, avec de jolies vues sur la baie d’Ushuaia. Malheureusement, au fur et à mesure de notre avancée, le chemin devenait de plus en plus boueux, et nous avons fini par arriver à la limite de la neige. Nous avons donc rebroussé chemin, car en plus, les nuages avaient commencé par assombrir le ciel et cacher les montagnes. Et la neige n’a pas tardé à tomber, comme la température d’ailleurs! Heureusement que je transporte toujours dans mon sac bonnet en laine et écharpe!

Nous nous sommes arrêtés malgré le temps peu clément pour manger notre pique-nique, au froid et sous la neige. Et après, bien frigorifiés (les sandwichs, ça réchauffe pas des masses), nous avions très envie d’un bon café bien chaud. Nous avons donc été au seul endroit possible à ce moment (nous étions encore assez loin de la ville): un hôtel 5 étoiles, situé sur les hauteurs de la ville, avec une vue magnifique sur la mer. Bien évidemment, l’endroit était nickel, tout comme le service: très bons café et capuccino accompagnés d’eau gazeuse et de petits gâteaux secs.

On se disait que l’on allait payer cela fort cher (on avait même fait les paris!). Hé bien, même pas! Pour tout ça, on a payé …. zéro pesos!! Et non, on n’a pas fuit l’hôtel en courant après avoir terminé nos consommations!
En fait, le garçon nous a expliqué que c’était la politique de la maison d’offrir les consommations aux personnes qui venaient découvrir l’hôtel (le pauvre a dû d’ailleurs s’y reprendre à plusieurs fois, entre espagnol et anglais, car on pensait tout d’abord avoir mal compris…).
On est donc ressortis tout contents de cet hôtel, même si on ne savait plus du coup s’il fallait laisser un pourboire! C’est un geste fort commercial, surtout que l’on ne faisait pas trop “clients potentiels de l’établissement": on est arrivés avec nos chaussures toutes crottées, nos pantalons tout usés, et nos sacs au dos…et il faut savoir que les prix des chambres sont compris entre 250 et 390 US$ !!

Mais comme dit Thomas, on gardera un très bon souvenir de cet établissement, et si on revient à l’âge de la retraite, plus vieux mais aussi plus riches, on descendra dans cet hôtel!

Samedi 28 octobre 2006

Terre en vue, moussaillon !

Classé dans: ~ Carine & Tom @ 15:04 ~ édité le dimanche 29 octobre 2006 @ 21:31

— Punta Arenas, XIIème Région

Le site est resté quelque peu silencieux ces derniers jours, et pour cause : des militaires chiliens à moustache nous ont emmenés dans leur caserne pour un petit interrogatoire amical de 72 heures. Aïe.

Ahahah, je plaisante. :twisted: Non, en fait si nous n’avons pu donner de nos nouvelles sur le blog, c’est parce que… nous étions en mer ! Une croisière de trois jours dans le labyrinthe de l’archipel fuéguien, de Ushuaia à Punta Arenas, entre Canal de Beagle, Cap Horn, fjords & glaciers, et sur un bateau grand luxe s’il-vous-plaît ! :-) Mais même dans ce palace flottant, de connexion internet il n’y a point !

Nous avons débarqué ce midi à Punta Arenas, et notre avion pour Santiago décolle dans 2 heures : je n’aurai donc pas le temps de mettre en ligne le journal de bord de ce périple digne de Shackleton. Mais dès que nous aurons un peu plus de temps devant nous, vous saurez tout de nos aventures dans les îles des mers du Sud - et contrairement à ce que tout le monde dit, l’eau n’est pas bleu turquoise ici ! ;-)

~ les photos du jour ~
Les pingouins de Magellan Le phare de l'Isla Magdalena & ses habitants La table du capitaine

Vendredi 20 octobre 2006

Vue imprenable sur le Détroit de Magellan

Classé dans: ~ Tom @ 9:14 ~ édité le dimanche 29 octobre 2006 @ 21:32

— quittant Punta Arenas, Provincia de Magallanes, Chili, pour Ushuaia, Terre de Feu, Argentine

À ma droite, le bleu acier du Détroit de Magellan, et de l’autre côté, la Terre de Feu. La route que nous suivons ce matin longe le détroit jusqu’à son point le plus resserré, Punta Delagada, puis le franchit en ferry pour arriver sur la Terre de Feu, coupée en deux par le méridien 67ºW entre Chili et Argentine. Jusqu’à il y a peu, avant que je ne me penche sur une carte détaillée de cette région, je croyais naïvement que le détroit était le large passage séparant l’Amérique du Sud de l’Antarctique, du Cap Horn à la péninsule saillant du grand continent blanc. En fait (et à ma grande honte de cartographe) il n’en est rien : le Détroit de Magellan est un étroit couloir maritime qui s’insinue entre l’extrémité du continent, la Terre de Feu et tout l’archipel de la Cordillère de Darwin. On en apprend tous les jours.

Le problème d’un tour du monde, c’est que le voyage est tellement vaste qu’on a guère le temps ou le souci de se préoccuper des “petits” détails locaux - ce qui n’est pas le cas quand on prépare un voyage sur une durée et une zone plus limitée, où là on épluche toute la littérature et on prend toutes les réservations pour planifier le trajet entier à la minute près - du moins, c’est ce que certains doivent faire. Ce n’est évidemment pas notre cas : nous décidons de nos activités quasiment au jour le jour, avec pour paramètres principaux le charme ou l’intérêt de l’endroit où nous sommes, ceux supposés de notre prochaine destination, les possibilités de transport, la météo… Cette improvisation permanente nous laisse une grande liberté et une grande souplesse dans nos pérégrinations, avec pour seul impératif l’heure de décollage de notre prochain avion. Mais la méthode a un inconvénient : nous caressions le fol espoir de conclure notre descente australe par une traversée en bateau de Punta Arenas à Ushuaia, à travers les splendides fjords, îles et glaciers de la pointe du cône Sud. Mais voilà, les bateaux de croisière coûtent extrêmement chers (1000 $US, et nous ne sommes qu’en basse saison), et le bateau plus économique a quitté le port pour son voyage hebdomadaire la veille de notre arrivée… Il restait bien la possibilité de prendre l’avion pour rattraper ce navire à une escale, mais cette solution s’avérait elle aussi assez onéreuse et compliquée. Donc à mon grand regret, nous avons fait une croix sur cette croisière du bout du monde, mais en voyage on ne peut ni tout voir ni tout faire. Il reste néanmoins un ultime - mais infime - espoir : celui de trouver un bateau à Ushuaia qui se rend à Punta Arenas. Pas sûr qu’il existe, car le fait que ce soit entre deux pays, même aussi proches que le Chili et l’Argentine, réduit beaucoup le trafic et augmente extraordinairement le coût. Exemple : la simple traversée du canal de Beagle d’Ushuaia, Terre de Feu, Argentine à Puerto Williams, sur l’Isla Navarino chilienne juste en face, coûte 100 $US !

Ça y est, nous venons de franchir en ferry le Détroit de Magellan, et nous avons même eu la chance d’apercevoir quelques uns de ses habitants : des dauphins australs noir et blanc ! Mais maintenant c’est la télé (couleur, elle) que nous devons subir : elle diffuse Fast & Furious : Tokyo Drift, une pure débilité américaine vantant les vertus du tuning (je vous renvoie chez The Jacky Touch), des grosses bagnoles rutilantes, de la musique primaire à vous crever les tympans, des filles dévêtues qui regardent lascivement les pistons de mâles moteurs, de l’amitié virile et des duels-à-celui-qui-roule-le-plus-vite. Bref, un parfait concentré de crétinerie, et en plus c’est la deuxième fois qu’on nous l’inflige dans un bus !

~ la photo du jour ~
Le Détroit de Magellan

Jeudi 26 octobre 2006

Cap Horn : expédition échouée

Classé dans: ~ Tom @ 23:30 ~ édité le lundi 6 novembre 2006 @ 12:50

— M/N Mare Australis, 54°57,352′ S, 69°08,770′ W

[Ces coordonnées sont absolument véridiques : je suis allé me les procurer à la passerelle de pilotage du navire.]

L’opération D-Day au Cap H est donc tombée a l’eau, si j’ose dire. On nous avait prévenu : la météo au Cap Horn est tout sauf tranquille, et rien n’y est jamais assuré, surtout pas le débarquement de croisiéristes en goguette. Mais pourtant au petit matin, le temps était assez clément pour tenter la manœuvre. En gros, elle se compose de quatre étapes périlleuses : embarquement des passagers sur le Zodiac, débarquement sur la Isla Cabo de Hornos, réembarquement depuis l’île et débarquement sur le navire. Une routine pour nous, jeunes & fringants aventuriers, mais il n’en va pas de même pour la très grande majorité des passagers. “Une croisière très appreciée de la clientèle senior", avait-on lu dans le guide - nous étions prévenus.

Au petit matin donc, à l’abri derrière l’ultime île de l’archipel fuéguien, nous avons vu les Zodiac s’éloigner un à un. Notre grande malchance fut d’être francophones : les anglophones et les hispanophones étaient devant nous, la queue du peloton. Car au beau milieu de cette délicate opération de transbordement, les autorités décidèrent que la mer était trop agitée pour continuer, et annulèrent le reste des transferts sur le Cap Horn. Leur hantise est très certainement de voir une mamie glisser dans l’eau gelée des 50èmes hurlants : ils ne veulent surtout pas courir ce risque. Toujours est-il que nous vîmes alors les Zodiac faire demi-tour avec encore toute leur cargaison de gilets orange fluo. Aaaaaargh ! si proches du Cap Horn, et ne pas pouvoir y poser le pied ! J’ai alors ressenti - et je ressens toujours un peu ce soir - une grosse frustration. Ma foi, tant pis, c’est la loterie de la mer, mais moi qui voulait laisser ma marque sur ce caillou perdu a un coin du globe… À l’instar des marins hollandais qui nommèrent ce cap d’après leur port d’attache, Hoorne, je voulais rebaptiser ce lieu d’après mon département d’attache : le Cap Orne ! Malgré tout, nous avons quand même eu droit à un lot de consolation : une virée en Zodiac auprès d’une colonie de lions de mer, vautrés commes des pachas sur le rocher le plus austral du monde habité. Le spectacle de ces curieux indolents valait certainement celui du phare, des quelques monuments & autres stèles commémoratives parsemés sur l’herbe rase de ce rocher du bout du monde.

Plus tard dans la journée, nous avons pu voir quatre dauphins jouer et faire la course avec le navire, puis nous avons debarqué - tous sans exception cette fois-ci - dans la Bahia Wulaia, là où la main de l’homme n’a (presque) jamais posé le pied. Seuls ont osé vivre ici les militaires, quelques pêcheurs, une famille d’éleveurs… et avant tout ce petit monde les Yumaná, les aborigènes d’ici, aujourd’hui à ranger parmi les innombrables victimes de notre civilisation. Nous avons choisi la promenade “sportive” dans les hauteurs de l’île, marche toutefois bien tranquille pour nos jeunes jambes. Elle s’est conclue dans un émouvant silence méditatif en communion avec la nature immaculée… que seul un chalutier de pêche au crabe royal venait troubler de son moteur !

La vie à bord est minutée comme du papier à musique, et chaque activité est planifiée comme au Club Med. L’inévitable soirée karaoke qui animait le bar où j’écris s’est terminée à minuit pile, et maintenant tout le monde est certainement au lit. Et je viens de me rendre compte que la table sur laquelle je couche ces lignes arbore pour décoration une carte maritime, avec portée dessus l’Allée des Glaciers dans laquelle nous passons ce soir : je lis d’Est en Ouest le Ventisquero Holanda, le Ventisquero Italia, le Ventisquero Francia, le Ventisquero Alemania, le Ventisquero España… et le plus grand, le Ventisquero Romanche !!!

~ quelques photos du jour (parmi les 14) ~
Prêts à plonger ! Belles dents, les castors ! Convoi de bateaux-poupées russes Course avec trois dauphins Le Cap Horn vu du zodiac

Vendredi 27 octobre 2006

La croisière s’amuse

Classé dans: ~ Tom @ 23:49 ~ édité le lundi 6 novembre 2006 @ 12:54

— M/N Mare Australis, 53°31,456′S, 68°15,340′W

Dernière nuit sur le Mare Australis. La Croix du Sud brille au-dessus de la poupe alors que la Lune jette son pâle reflet dans les eaux noires de Magellan. Pendant 72 heures nous avons cotoyé nombre de gens aux langages différents, des croisiéristes bien sûr, mais aussi des marins, des membres d’equipage, des guides de tourisme. Et demain midi toute cette petite société se désintègrera sur le ponton de Punta Arenas. Une croisière est déjà une expérience en soi, et à plus forte raison quand elle sillonne le labyrinthe de canaux, d’îles, de fjords et de rochers de l’archipel fuéguien. Bien sûr, on n’échappe pas aux poncifs du genre : le programme est respecté à la minute près, les G.O. ont un discours bien rôdé (avec les petites blagues au moment opportun), les repas sont servis à heure fixe et tout est pensé pour le confort du passager. Bref, tout cela ne sonne pas vraiment routard, moi qui rêvait de prendre la mer sur un navire de fret et dormir en hamac dans un entrepont crasseux infesté de rats ! :-)

Sans surprise, la majorité des passagers vient d’Espagne, avec quelques Chiliens et Bresiliens pour composer le bloc hispano-lusitanophone. Des Étasuniens forment une petite minorité anglophone, quelques Allemands et Hollandais donnent une légère touche gutturale, néanmoins le groupe francophone est le deuxième en importance, avec une joviale communauté québécoise. Au cours du voyage nous avons fait de fort sympathiques connaissances : le hasard nous a fait nous asseoir lors du premier dîner à côté de deux couples, Maude & Michel venus de Neauphle-le-Château, Yvelines, et Yvette & Bill arrivant de San Diego, Californie. Michel est un officier à la retraite de la Marine Nationale, capitaine au long cours et vieux loup de mer qui a des anecdotes dans chaque port de la planète, mais Maude n’a rien à lui envier question voyages : de la Polynésie à l’Afrique Noire, elle a goûté à la poussière des cinq continents. Yvette quant à elle travaille au célèbre Zoo de San Diego, et leur liste de voyages avec Bill est impressionnante. Il y avait également un autre couple de notre âge à bord, Caroline & David de la Sarthe, qui ont embarqué un peu dans les mêmes conditions que nous.

La journée s’est passée entièrement en mer : quelques présentations pour meubler entre les repas, mais aussi une sortie en Zodiac dans le Seno Chico (le “petit fjord", plutôt grand en fait) pour aller voir de près le glacier Gunther Plüschow. Pour celui qui a contemplé le Perito Moreno, ce n’est plus vraiment un spectacle extraordinaire, mais se retrouver à frayer son chemin dans un champ flottant de glace est une expérience assez curieuse. Et les cormorans royaux, dérangés par notre arrivée, qui plongent, s’envolent ou marchent sur l’eau mettent de l’animation dans ce tableau glacé.

Il est 1h30 du matin, le bateau semble désert maintenant et l’on n’entend que le sourd ronronnement des moteurs. Le slumières oranges de Punta Arenas apparaissent déjà à babord, mais avant d’y accoster demain, nous irons rendre visite aux manchots de Magellan sur l’Isla Magdalena. Tenue de soirée exigée !

PS. Aujourd’hui nous avons franchi un cap, nous seuls parmi tous les passagers : celui de la moitié de notre voyage !

~ les photos du jour ~
Une pétrelle arctique dans le sillage Belle lignée royale... Des glaciers jusqu'à la mer 1 Crépuscule sur la Terre de Feu Des glaciers jusqu'à la mer 2
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