— Arequipa, Pérou

Après nos déboires avec les bus, nous nous sommes résignés à chercher une agence de voyage nous procurant clefs en main (mais contre monnaie sonnante & trébuchante, enfin, plutôt contre billets verts) le trek au fond du Cañon del Colca. Et vu leur nombre, le choix fut délicat - d’autant plus qu’elles proposent toutes peu ou prou la même prestation. La matinée fut ainsi bien remplie.

Quant à l’après-midi, il fut consacré à la visite d’une vieille demeure coloniale, la Casa de Moral, avec une attention toute particulière pour sa superbe collection de cartes anciennes des Amériques (ah, les cartes ! je peux lire mon avenir dedans !).

Puis nous avons flâné dans Arequipa, nous résignant une journée de plus - de trop ? - à affronter les infernals troupeaux de taxis aux sirènes bizarres et aux klaxons intempestifs, qui donnent en permanence l’impression de se trouver dans un cortège de mariage fou furieux, où l’agressivité des conducteurs et leur dédain pour les piétons transforment chaque traversée de rue en roulette russe.

Notre ventre nous a rappelé l’heure du dîner, et nous avons hésité entre le cuy - le cochon d’Inde - où la pauvre petite créature se retrouve écartelée et rôtie dans l’assiette - tête comprise ! - et le “bon” vieux soupe + poulet + frites molles + riz, le tout arrosé d’Inca Kola, un étrange soda jaune fluo au goût de chewing-gum, et de maté (infusion) de feuilles de coca.

Mais le point d’orgue de la soirée a sans nul doute été ma revanche au Pacman contre la terrrrrrrrible championne helvète !

— sur la route Panamericana, de Nazca (alt. 588 m) à Arequipa (alt. 2 325 m)

Le séjour à Nazca fut court mais riche en images : celles des fameuses lignes. (À propos, ne vous offusquez pas de lire les deux orthographes Nazca/Nasca, ni d’ailleurs Cuzco/Cusco, voire même Qosqo. Je suppose que l’une est en espagnol, l’autre en quechua.) Dès notre descente du car ce matin, nous étions attendu par Juan, un tour-operator polyglotte qui s’est proposé de nous emmener faire un tour en avion au-dessus de la pampa où sont tracées ces mystérieuses lignes. Juan n’était peut-être pas le moins cher (55 $), mais c’était le plus pratique. Nous voilà donc une heure plus tard dans un petit coucou (le pilote + 5 passagers, dont votre serviteur en copilote, alpha tango charlie roger) à survoler l’étrange désert symbolique. Sous nos yeux se dévoilaient dans le soleil du matin d’interminables lignes et de fascinantes figures : le singe à l’extraordinaire queue en spirale, l’araignée, le condor, le colibri, l’arbre et la baleine, parmi d’autres… Ces dessins n’étant pas visibles depuis le sol, on peut se demander comment les artistes les ont ont tracés. Comment, et pourquoi ? Foin de faire des signes aux extraterrestres (quoiqu’un des dessins s’intitule “l’Astronaute“… troublant non ?), il semblerait que ce soit pour complaire aux dieux afin qu’ils envoient la pluie, unique source de vie sur ce plateau aride.

Le seul problème est que ma demoiselle n’aime pas trop l’avion quand ça bouge : l’émerveillement du spectacle fut quelque peu gâché par le louvoiement de l’appareil, d’autant plus qu’on sortait d’un car qui venait d’avaler toutes les épingles à cheveux des Andes. Et ça bien sûr, ça reste dans la gorge.

— Plaza de Armas, Arequipa

Hier soir, après la petite séance au café internet, nous avons longuement réfléchi à l’organisation de notre périple au Cañon del Colca. Allions-nous faire du camping ? Quelle quantité d’eau et de nourriture emporter ? Prendrions-nous nos petits sacs ou nos gros sacs ? Après mûre réflexion, nous nous décidons pour la solution de sécurité : nous emportons notre tente et tout notre équipement de camping, ainsi que nourriture et eau en quantité suffisante pour 2 jours.

Ce matin, après un réveil aux aurores (5h00 !) et un petit dèj’ au pain sec et au café délavé, c’est donc chargés comme des mules que nous prenons le chemin de la gare routière. Arrivés dans cette espèce de marché aux bestiaux où tout le monde hurle à qui mieux mieux, nous poireautons au guichet alors que plein de Péruviens passent avant nous… serions-nous transparents ? Quand enfin on daigne s’intéresser à nous, c’est pour s’entendre dire que le bus est plein !

Fâchés et déçus, nous décidons de reporter cette randonnée à demain, en passant cette fois-ci par une agence qui assurera l’organisation du voyage. Il n’est pas facile de mettre soi-même sur pied ses excursions au Pérou : les offices de tourisme sont d’une incompétence rare, les cartes topographiques sont à un prix prohibitif, et l’on comprend mieux pourquoi une boutique sur deux est une agence de voyage.

Quant à cette journée, nous la passerons finalement à visiter quelques musées et affronter les hordes de taxis en furie.

PS: Quelques pensées sur les guides Lonely Planet.
Nous avons remarqué qu’un touriste sur deux se baladait avec ce guide. Il faut reconnaître qu’il est très bien fait, mais son évidente popularité a quelques effets secondaires : les hôtels, restaurants et autres agences proposés par le guide sont souvent bondés et en profitent pour augmenter perfidement leurs prix. Moralité : nous réfléchirons à l’avenir à l’achat d’un autre guide !

PPS: Encore une fois, merci à toutes nos lectrices et tous nos lecteurs qui suivent fidèlement nos pérégrinations, ça nous fait énormément plaisir. Et muchas gracias pour tous vos petits commentaires que nous lisons avidement ; à propos, j’ai vu hier à la télé péruvienne une pub pour TANG !!!

— Barrio de la Capilla, Arequipa

Nous dormons ce soir dans une habitación du Quartier de la Chapelle, une jolie petite rue tranquille à deux pas de la Plaza de Armas. La chambre est vaste, les lits (eh oui, il y en a 2 !) pas trop mous - en fait, ils sont en général assez durs, la salle de bains n’est pas celle d’un palace, mais la patronne est gentille et le tout n’est pas trop cher. Cette chambre, nous lui avons fait honneur par une méga-sieste cet après-midi, pour digérer un repas péruvien typiquement typique (soupe + poulet + riz + frites, ouf !) et surtout la nuit de bus, qui n’est jamais - même avec des sièges inclinables - de tout repos.

L’après-midi à Arequipa (ou plutôt ce qu’il en restait) fut consacré à la recherche d’une carte topographique pour notre future balade dans le Cañon de la Colca. La meilleure que nous ayons déniché était au 100.000ème, et bien entendu le secteur intéressant n’y figurait qu’en partie. Tant pis pour la carte, on se guidera aux étoiles, au compas et à la boussole !

Le dimanche au Pérou, les églises ne désemplissent pas, et les messes sont en flux continu. Tant mieux pour nous, car ça nous a permis de visiter cathédrale & églises sans trouver porte close - les iglesias sont souvent fermées hors des messes. Pour profiter des lumières nocturnes de la ville, on a cherché un cinéma où améliorer notre pathétique espagnol. Le premier était fermé, et dans le second se tenait un concert, fort sympathique au demeurant avec ses chants et ses danses. Était-ce un simple concert ? une fête de mariage ? eh bien non : c’était encore une messe ! Décidément, après la sieste et les églises, que ce dimanche fut pieu-x !!!

Mais nous sommes vite revenus à la vie moderne - enfin, presque - en dépensant quelques centimos dans un bon vieux jeu d’arcade des années 80 : Pacman ! Grande première : c’était la première fois que Carine jouait sur ces machines… et elle m’a battu à plate couture ! Grrrrmmmbblll, la chance de la débutante ! :-p

— Plaza de Armas, Arequipa, altitude 2.325 m, Pérou

Le dimanche matin sur la Plaza de Armas arequipeño est tout sauf calme : la messe dans la Catedral est retransmise à tue-tête sur la place, avec prêches du curé et chants répétant à l’envi “Gracias Señor". En même temps défilent dans la rue plusieurs cortèges plus politiques, qui scandent par mégaphone “¡ Perú !” sous les applaudissements des badauds.

Et nous, nous regardons tout ça depuis les grands balcons espagnols, en savourant un bon café après la nuit de bus.

— Nazca, altitude 588 m, Pérou

Nous attendons le bus qui nous emmènera cette nuit à Arequipa.

Le billet précédent a quelque peu été écourté par une forte intéréssante conversation autour de quelques bières avec Guillaume, un voyageur solitaire qui a tracé sa route au Pérou et en Bolivie ces dernières semaines. Ses coups de coeur pour le Cañon de la Colca, Sucre & Potosi guideront certainement nos pas futurs, ainsi que ses expériences plus malchanceuses : à la gare de La Paz, il recut [marre de ces claviers à la noix dont les touches ne correspondent pas à ce que l’on tape ! donc pas de c cédille sur celui-là], il recut donc un crachat sur l’épaule. Le temps d’en chercher l’origine - 30 secondes - le complice du cracheur avait eu le temps de subtiliser le téléphone portable, pourtant situé dans la poche avant de son sac à dos porté devant… quelle dextérité !
Mais l’information la plus importante est celle-ci : on a tous un jour ou l’autre, lors d’un voyage, acheté un tee-shirt bon marché, avec dessus la marque de la bière locale, par exemple. Le truc de grand’mère pour ne pas le voir se décolorer lamentablement dès la première lessive (et par la même occasion voir ses autres affaires prendre une teinte étrange), c’est de le laisser tremper dans le vinaigre pendant plusieurs heures, avant de le rincer, le rincer, le rincer encore. Ça [ce c cédille-là, c’est mon petit secret] fixe les couleurs paraît-il. Merci Guillaume pour cette astuce, et si tu lis ces lignes (de Nazca, donc), je te souhaite bon vent pour tes prochains voyages !

— Nazca, altitude 588 m, Pérou

Oh, le joli petit carnet noir sur lequel j’écris maintenant ! Il est dit que Picasso, Hemingway & Van Gogh, entre autres, ont tenu leur journal sur ce légendaire papier Moleskine.Mais bon, pour ma part, je ne sais pas s’il en sortira Les Demoiselles d’Avignon, Le Vieil Homme et la Mer, ou une oreille coupée…

— Intipunku, altitude 2 720 m, Machu Picchu, Pérou

Assis sur la Porte du Soleil - Intipunku en quechua - la dernière étape du Chemin de l’Inca, nous contemplons les vertigineuses falaises de granite couvertes de jungle amazonienne. Seuls les bruits de la forêt et le tonnerre distant nous parviennent, loin du vacarme des essaims de touristes dans la citadelle inca derrière nous.

Sentiment mitigé que ce Machu Picchu. Bien sûr, le site est magnifique : ces ruines spectaculaires dans leur écrin de montagnes est une vision extraordinaire. Mais le nombre de touristes, les moucherons vampires qui piquent jusqu’au sang, et surtout les tarifs exorbitants qu’il faut acquitter gâchent quelque peu le plaisir. Sans parler de ces interdictions (pas de nourriture, pas de bouteille plastique) auxquelles nous avons naïvement obtempéré, mais qui ne sont pas appliquées. Résultat : nous nous retrouvons avec juste une petite bouteille d’eau entrée en contrebande pour tenir toute la journée sous les rayons de l’ardent Dieu Soleil inca.

— dans le train Ollantaytambo-Aguias Calientes, Vallée Sacrée

Le train qui nous emmène vers Aguas Calientes - plus connu sous le nom de Machu Picchu Pueblo - fraye son chemin dans la nuit andine à grands coups de sifflet. Le wagon entier est rempli de backpackers (backpack = sac à dos) comme nous : pas de mélange Péruviens/touristes ici. Peut-être que PeruRail ne veut pas qu’on apprenne la vertigineuse différence de tarifs entre les étrangers (44 $, et c’est le train le plus économique) et les locaux (4 soles, soit 1,3 $) ! Machu Picchu, première source de devises du pays…

Cusco est une ville à deux visages : au centre le Cusco historique, où les maisons coloniales des conquistadors espagnols s’appuient sur les formidables moëllons incas. Les trottoirs y sont pavés et bondés de touristes, et de tentantes cours intérieures ombragées se cachent derrière d’anodines portes cochères. Tout autour, c’est la ville péruvienne, qui grandit plus vite qu’elle ne croît. Maisons en briques de glaise, circulation ahurissante, échoppes innombrables, vendeurs ambulants partout, à proposer mille et une marchandises… et guère plus de touristes ici que d’or après le passage des Espagnols !

Notre hôtel - enfin, nos 2 hôtels - se trouvaient à l’interface entre ces deux Cusco. Le premier ressemblait à un tableau de M.C. Escher, tellement les étages et les escaliers s’imbriquaient bizarrement. Et ses douches électriques (pas d’eau chaude sinon) feraient pâlir d’horreur n’importe quel apprenti électricien ! qui a pensé au mot “électrocution” ?

Nous avons quitté Cusco ce matin pour rejoindre Ollantaytambo, le village d’où nous prenions le train. Le voyage s’effectua avec les moyens de transport du cru : bus et mini-bus où je n’aurai jamais imaginé un tel entassement de gens possible !

Le village inca d’Ollantaytambo, dominant le Rio Urubamba, a conservé de superbes terrasses étagées, des temples en ruine et un système d’irrigation encore opérationnel. Nous avons marché tout l’après-midi dans le site et sur la montagne, et je me demande encore comment les Incas faisaient pour tailler et déplacer ces blocs, constitués d’andésite (logique dans les Andes), de diorite ou de basalte, roches qui ne sont pourtant ni tendres ni légères. Ces murs polygonaux sont de véritables puzzles en 3 dimensions, impressionants de précision et de maîtrise.

— Nasca, Perou

En preambule, je voudrais que tout le monde me pardonne d’ecrire ce billet sans accent. En effet, ils existent sur le clavier peruvien, mais il faut les taper a part, avant de taper la lettre…ce qui est tres agacant. Bravo a Thomas a cote de moi qui fait cet effort (mais que j’entends quand meme regulierement pester contre les claviers du Perou!)…

Nous sommes partis hier de Cusco, apres etre revenus le matin meme de Agua Calientes (site du tres fameux, bonde et excessivement cher Machu Picchu). Nous avons pas mal voyage en bus hier. Le premier consistait en un “combi", c’est-a-dire en une sorte de minibus avec des sieges si serres qu’il est difficile des les atteindre meme quand le bus est vide. Il est impossible de s’imaginer le nombre de personnes qui peuvent monter la-dedans,et meme quand c’est archi-bonde, le chauffeur continue de s’arreter pour embarquer des gens. Au moins, c’est clairement un moyen de transport authentique.
Nous avons ensuite du changer a Urumbamba, dans la Vallee Sacree, pour prendre un autre bus qui nous a amene a Cusco. C’etait un bus plus grand, avec des places numerotees. Donc, si on monte au debut de la ligne, on a son siege reserve, par contre, si on monte en chemin et que le bus est plein, on reste courbe dans l’allee centrale… pas vraiment confortable!

Arrrives a Cusco, on avait encore le temps de se balader en ville, avant d’aller rechercher nos affaires laissees a l’hotel, puis nous avons pris un taxi pour aller a la gare routiere prendre le dernier bus de la journee: le bus pour Nazca.
C’etait le plus long voyage, il a dure 13 heures. Heureusement, le bus que nous avions choisi etait bien confortable, avec des sieges inclinables et souper servi a bord. Il y avait meme diffusion de DVD. Par contre, le bus traversait les Andes, ce qui fait qu’il n’a roule que sur des routes de montagne, avec des virages en epingles a cheveux. Pour moi qui ait tendance a etre malade sur la route, c’etait pas terrible…
Heureusement, j’ai quand meme fini par m’endormir et le voyage s’est bien passe.
Enfin, on ne peut quand meme pas dire que l’on arrive a destination frais et dispo. C’est donc pas mal fatigues que l’on est arrives a Nazca a 6 heures du mat’, ou l’on nous a tout-de-suite propose un tour en avion pour aller voir les fameuses lignes. Donc, a peine arrives a la gare routiere, direction l’aeroport pour les inscriptions et a peine 1 heure apres, le vol proprement dit. Il s’agissait d’un petit avion de 5 passagers, qui bougeait donc pas mal. Avec la fatigue et mon mal au coeur de la veille, mon estomac n’a de nouveau pas mis longtemps a se faire sentir… Heureusement, je n’ai pas ete vraiment malade, et j’ai quand meme pu profiter des superbes paysages et des dessins de condor et autres animaux visibles depuis le ciel. Enfin, j’etais bien contente de retrouver le plancher des vaches.

Nous avons ensuite profite de l’apres-midi pour louer une chambre d’hotel et faire une bonne et longue sieste afin de recuperer. Car ce soir, youpi! on reprend le bus de nuit. Il n’y a pas grand’chose d’autre a voir a Nasca et on a donc decide de repartir aujourd’hui meme direction Arequipa…

Je me prepare donc psychologiquement a une autres nuit plutot sport! La route, selon la carte devrait neanmoins etre moins sinueuse que la nuit passee…Esperons que ca sera le cas!