Petit jeu

(La dernière phrase, c’est spécial dédicace à Scallione

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Devant un bon café Avec la ville et ses festivités à nos pieds. - Sucre Bolivie ~ vendredi 8 septembre 2006 |
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37 ans. Il était temps de devenir un père de famille respectable.
(Pour la petite anecdote, la dernière fois que je me suis coupé les cheveux, c’était le jour de mes 30 ans. Et là, pour le coup, je m’étais vraiment rasé la tête. J’avais acheté une tondeuse à cheveux spécialement pour l’occasion. Acheter une tondeuse pour l’utiliser 2 fois en 7 ans ? voilà qui semble peu judicieux. Eh non : cette tondeuse est régulièrement mise à contribution pour venir à bout des barbes de trois treize jours.)
— depuis notre jardin
La vie est parfois bien cruelle. Pour les vacances, il nous faut choisir entre prendre avec nous Arthur le gamin ou Pinpin le lapin. En effet, les deux tiennent aisément dans une boîte à chaussures, mais leur équipement respectif remplit un semi-remorque. Sur l’insistance de la maman, nous avons opté pour le premier. Mais nullement question d’abandonner lâchement le second sur une aire d’autoroute : pour Pinpin, ce sera pension complète à l’hôtel juste en bas de chez nous. Un hôtel pour NAC — comprenez Nouveaux Animaux de Compagnie — où s’entremêlent dans la plus parfaite harmonie chats, lapins, hamsters, cochons d’Inde et autres volatiles bariolés. Une solution satisfaisante, à condition d’espérer que le restaurant immédiatement voisin (qui heureusement n’est pas asiatique) ne manquera pas tout à coup de viande.
Mais patatras ! ce plan tombe à l’eau : la veille de notre départ, un collègue propose spontanément de prendre Pinpin chez lui. Confiants, nous lui confions la bête. Le lendemain, coup de téléphone, voix navrée : Pinpin n’est plus, probablement victime d’un coup de chaleur ou d’une crise cardiaque face à un chat maraudeur.
Tu n’étais pas aussi démonstrative qu’Isidore, le lapin de mon enfance, qui venait manger des cornflakes et du chocolat dans ma main, et qui boulottait les cerises en recrachant le noyau après. Tu n’avais pas un caractère facile, et ta sœur Perlin en sait quelque chose, puisque nous avions dû vous séparer après d’épiques bagarres. Même avec nous, tu nous faisais comprendre que notre présence était tout juste tolérée dans la maison. Mais nous t’aimions bien quand même, avec tes grognements agacés et tes airs de petit sphynx. Je n’irai plus te cueillir les cramias dont tu raffolais, ces pissenlits que tu manges maintenant par la racine. Tu reposes désormais dans notre jardin, mais je suis sûr qu’en fait tu gambades gaiement dans le vert éternel des champs Élysées. Adieu, petit lapin.
— Schweiz Suisse Svizzera Svizra
En ces temps de Coupe du monde de foot, les drapeaux fleurissent partout : aux balcons, aux fenêtres, sur les voitures et les rétroviseurs, sur les vêtements et les têtes. Déjà, en temps normal, les Suisses adorent les drapeaux. Ils en mettent en cocarde aux frontons des édifices publics, en oriflamme au-dessus des rues commerçantes, en écusson sur les plaques d’immatriculation (en France aussi, depuis peu, mais les emblèmes des régions me font plutôt penser à des logos publicitaires), en étendard à l’entrée des villes. D’ailleurs, chose curieuse, on peut voir aux portes de Delémont, claquant côte à côte, le drapeau de la Confédération Helvétique et celui de l’Union Européenne… spectacle surprenant quand on connaît l’obstination des Suisses à refuser l’Europe (c’est donc pour redorer leur blason). Néanmoins l’honneur est sauf : le drapeau frappé des douze étoiles s’est mis au standard suisse : il est devenu carré (mais j’y reviendrai plus tard).
Ores doncques, chaque canton possède sa bannière, chaque village arbore son pavillon — parfois mignon, comme Courfaivre et son chat tranquille, parfois cocasse, comme Porrentruy et son sanglier bondissant. Et avoir dans son jardin un drapeau flottant au sommet d’un mât n’est de loin pas exceptionnel : alors qu’ailleurs on passerait, au mieux pour un patriote exalté, au pire pour un nostalgique de Vichy, ici cela semble tout naturel et nullement suspect de sympathies nationalistes (ou si peu). C’est juste la manière dont les Suisses montrent leur fierté en leur Confédération, pays à la longue tradition d’hospitalité. Car en effet, à la faveur du foot, les couleurs du monde entier éclosent partout et trahissent les origines géographiques fort diverses de ses habitants. Sans surprise, on retrouve énormément de drapeaux espagnols et portugais, au coude à coude avec les italiens. Le Brésil et l’Argentine ont naturellement leurs inconditionnels, mais l’Angleterre, les Pays-Bas, ou — plus exotique dans les cantons romands — l’Allemagne comptent également quelques supporters. Mais je n’ai pu dénombrer qu’un seul drapeau pour la France, autant que pour la Corée du Nord !
Pour la petite anecdote, sachez que le 10 septembre 2002, lors de la très cérémoniale adhésion de la Suisse aux Nations Unies, on a frôlé l’incident diplomatique. Le drapeau rouge à croix blanche est CARRÉ, et non rectangulaire — j’entends : un “vrai” rectangle, pas un rectangle dont tous les côtés sont égaux, autrement dit : un carré. Or le règlement de l’ONU impose aux États membres de hisser des drapeaux rectangulaires, de 4 pieds de haut pour 6 pieds de long. Le problème s’était déjà posé avec le Népal et son bizarre drapeau en zig-zag, et avait été (probablement) résolu en son temps — en 1955, donc. Le Vatican, seul autre pays du monde à avoir un drapeau carré — et dont la Garde est suisse, tiens tiens, coïncidence ? — n’est pas membre de l’ONU, donc le problème ne se pose pas. La Suisse a par conséquent le seul et unique drapeau au format carré des Nations Unies. Or, comment ne pas léser le nouvel adhérent ? Un compromis a été trouvé de justesse avec les hautes instances onusiennes : un drapeau peut avoir un format non-rectangulaire, à condition que sa surface ne dépasse pas celle des autres. Petit calcul : la surface d’un drapeau rectangulaire étant de 24 pieds carrés, le côté du drapeau suisse doit donc avoir une longueur de √24, soit 4,9 pieds. Mais le témoignage d’un observateur des Nations Unies — un vrai observateur, qui s’est rendu sur place pour scruter la rangée de mâts — rapporte que le drapeau suisse, comme tous les autres, semble parfaitement rectangulaire. Même celui du Népal a des pointes curieusement longues… Amie lectrice, ami lecteur, si jamais tu vas te balader à New York, peux-tu aller vérifier ça pour moi ?
Et n’oublions pas que la Suisse est le seul pays du monde où, tous les jours, sur tous les palais de la capitale, les drapeaux sont toujours en Berne.
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Avec ma maman et mon papa et ma mamie et mon papy, on est allé à la mer. J’avais jamais vu la mer : c’est grand comme les lacs d’ici, mais il y a des vagues. Moi je croyais qu’on allait chez les cow boys pasqueu tout le monde disait “t’as le lasso, t’es rapi” (ça veut dire quoi “rapi” ?). Mamie a dit que c’était pour récompenser maman pasqueu elle a été courageuse pendant 9 mois, mais moi j’ai pas compris pourquoi maman elle a été courageuse et que d’abord s’il y a un danger je la protègerai. En tout cas maman elle a un tas d’exercices à faire avec des noms compliqués, des piscines jet cervicale, des bains circulatoires, des drainages corps, des modelages ventre plat (et même que maman elle en a même pas besoin), des douches dans des sous-marins, et des enveloppements d’algues (en putréfaction, qu’il dit papa en rigolant, pasqueu ça sent pas bon). Papa il peut aussi aller faire du lasso, pasqueu c’est un jeune papa. D’abord le matin il va sur la plage faire de la gym, après il fait de la muxulation en soulevant des artères, après il nage dans une piscine avec de la mer dedans, après il transpire dans le sauna et le hammam. Et moi dans tout ça, je reste lire le journal avec mon papy, ou alors je me promène sur la plage avec ma mamie, dans une super poussette à 3 grosses roues tout-terrain. Après, avec mon papa, on va chercher ma maman toute lessivée par les algues et on va se baigner tous ensemble dans la piscine chaude. Et puis le soir, avec ma mamie on va au casino, mais c’est bête, elle perd toujours tous ses sous.
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— en direct du salon des Semailles 8
Aujourd’hui est enfin arrivée la pièce maîtresse de notre nouvelle maison : le salon. Un immense sofa rouge en forme de U, dont les dimensions calculées au laser s’adaptent parfaitement à notre géographie intérieure. Géographie contrainte par la baie vitrée d’un côté, le poêle suédois de l’autre… et en dernière instance — ne soyons pas hypocrites, ne nous cachons pas la banale réalité, notre quotidien est celui d’une famille lambda — la position de la télé.
L’attente a duré un mois et demi, précédée d’une période de recherche et de réflexion au moins aussi longue. Et pendant ce temps-là, il nous a fallu nous contenter en guise de séjour d’un assemblage hétéroclite de meubles : clic-clac ayant fait supporté plus que son comptant d’augustes postérieurs, divan rongé jusqu’à la corde par l’Ennemi aux Longues Oreilles, fauteuils récupérés on ne sait où (et on ne veut pas s’en souvenir).
Donc ce n’est pas sans une certaine excitation que je vais chercher la précieuse livraison au magasin. Je prends le volant d’une camionnette chargée jusqu’à la gueule, décharge le tout en notre humble demeure, puis rapporte le véhicule vide au magasin. On m’encaisse le montant de la location (40 francs), et puis… c’est tout. L’idée de sourire, dire merci puis rentrer en courant chez moi pour me vautrer sur un salon tout neuf (et quasiment gratuit) a traversé mon esprit, mais cette imbécile de bonne conscience m’a retenu pour poser la question fatale : “Et le salon, je le paye plus tard ?” Là, les vendeurs se regardent, confus et gênés d’avoir livré un salon entier sans même penser à se le faire régler. Mais de toute manière, ils m’auraient facilement retrouvé : le canapé étant neuf, et donc bien ferme sous les fesses, j’y suis retourné le lendemain pour y réclamer quelques petits coussins supplémentaires.
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Il y a bien longtemps de cela, en contemplant les baleines d’Argentine, je vous avais livré un petit poème tout droit sorti de la fertile imagination de ma maman — elle les composait pendant les longs trajets en voiture, histoire de canaliser autant que faire se peut l’énergie débordante des trois monstres à l’arrière. Comme les vacances d’été pointent le bout de leur nez (et que vous avez peut-être des monstres à l’arrière), revoici cet haïku ainsi que ses deux frères.
Dans le train de Courmayeur
Il y avait une crémière
Qui vendait ses crèmes hier
Elle se disait d’ailleurs
Que sa vie serait meilleure
Qu’elle ferait fortune ailleurs
Que dans ce train à crémaillère
Si elle vendait ses crèmes à Hyères
— entre la rue des Labours et la rue des Moissons (ici)
Aujourd’hui notre intérieur a vécu un véritable bouleversement — intérieur, donc. Il était jusqu’ici un peu frustre, avec quelques meubles jetés ça et là pour combler l’espace, le disputant aux cartons qu’il faut encore vider. C’est fou le temps que peut prendre un emménagement, surtout quand on découvre au fur et à mesure de l’installation les dégâts causés par l’Ennemi aux Longues Oreilles. Canapé grignoté par petits bouts, câbles rongés jusqu’à la moelle, fils dangereusement dénudés — tandis que je branchais une rallonge, une décharge de 220V, en traversant ma main et mon cerveau, m’a révélé que Pinpin avait réinventé la clôture électrique à l’envers, celle des animaux pour les humains.
Bref, cet après-midi, alors qu’une planche sur tréteaux présidait encore en guise de salle à manger, deux déménageurs (et pas des armoires à glace) ont toqué à l’huis et porté avec une aisance déconcertante une belle table ronde — comme il se doit avec un roi Arthur à la maison — en bois lustré, les trônes qui vont avec, un magnifique bureau Art déco — depuis lequel je vous écris en ce moment, confortablement installé devant le spectacle de Delémont by night — et surtout, surtout, un superbe piano primé à Berne en 1914, rien que ça. Tout ça grâce à la générosité de la tante Nénette et de l’oncle Paul, qui ne nous ont même pas laissé le soin de rétribuer les vigoureux bras. Carine va pouvoir taquiner à nouveau les touches : elle a joué jusqu’à 18 ans, ayant l’option “piano” au bac, et elle a de beaux restes. Quant à moi, après une interruption de 25 ans, je vais me remettre à l’ouvrage, dépoussiérer mon solfège et commencer l’application d’un strict programme éducatif de bon père de famille.
~ la photo du jour ~ |
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