Le Salar de Uyuni
— Uyuni, “la Hija Predilecta de Bolivia” (la Fille Préférée de la Bolivie)
Il y a 30.000 ans, le Lago Minchín faisait tranquillement clapoter ses eaux sur l’Altiplano, jusqu’à ce que ses yeux, les Ojos del Salar, croisent le regard pétrifiant de la Méduse aux cheveux serpentins : il fut aussitôt changé en statue de sel. Telle pourrait être la légende du Salar de Uyuni, une immense surface aussi plate et blanche qu’une feuille de papier, le plus grand réservoir de sel au monde. Le paysage est irréel : c’est une mer solidifiée, éblouissante, ponctuée ça et là d’îlots de corail peuplés de cactus hérissés vers le ciel azur, et sillonnée de vagues pistes grises où les 4x4 soulèvent, tels les navires, une écume salée.
Avant de découvrir ce fascinant spectacle, nous en avons contemplé un autre, plus pathétique pour moi admirateur des belles locomotives : un cimetière de trains. Des dizaines de motrices et de wagons désossés gisent dans le désert, livrés au vent et à la poussière. Ces locos à vapeur effectuaient vaillamment la liaison avec le Chili et le Pacifique, mais l’arrivée du diesel a sonné leur glas. Elles rouillent maintenant, immobiles et muettes, au milieu de la désolation.
Le sel, bien entendu, est exploité par les “paludiers” locaux : pour la table mais aussi pour confectionner toutes sortes d’objets, cendriers, petits lamas et souvenirs divers, et aussi tasses contenant cinq dés de sel : le parfait jeu de Maïa, dont les Géos se souviendront sans doute ! On construit même des maisons, voire des hôtels, avec des briques de sel : murs, mobilier, lits, tout est en sel. Je me demande ce que deviennent ces habitations quand arrive la saison des pluies et que le salar se recouvre d’eau ? Rappelons que cette région est endoréique : chaque goutte d’eau tombée ici ne verra jamais la mer : elle se perdra dans les cristaux de sel. Il y aurait là aussi certainement matière à fable…
Nous avons traversé de part en part le salar pour nous aventurer sur les pentes du Volcán Tunupa où nous attendait une macabre vision : des momies aymará goûtant le dernier repos dans une chu’llpa, non plus une tour funéraire comme à Sillustani, mais une grotte enfouie dans la lave refroidie. Nous croisions les doigts en espérant que ces squelettes désséchés ne s’animent pas soudain, comme dans Tintin & les 7 Boules de Cristal !
“El mundo es un pañuelo", le monde est un mouchoir comme on dit ici : nous avons retrouvé ce soir dans notre hôtel, par le plus grand des hasards, Nicole & Damien, nos compagnons du Cañon del Colca au Pérou ! nul doute que nous nous croiserons à nouveau du côté des Chutes d’Iguazú !?!
~ quelques photos du jour (parmi les 22) ~ | ||||