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La possibilité d'une île
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Dimanche 17 septembre 2006

Un air de Far West

Classé dans: ~ Tom @ 21:25 ~ édité le mardi 19 septembre 2006 @ 05:02

— Tupiza, “La Joya Bella de Bolivia", alt. 2.950 m

Ah, qu’il est doux de ne plus avoir à s’emmitoufler dans trois couches de polaires une fois le soleil couché ! Nous sommes repassés sous la barre des 3.000 m et le climat s’en ressent : l’air est moins sec, la température plus clémente… je ne pense pas que nous dormirons dans une chambre - froide - à 10ºC cette nuit.

Tupiza est entourée de toutes parts par de spectaculaires montagnes d’une belle couleur rouge-ocre, profondément entaillées par de multiples quebradas (gorges) qui donnent à la région une atmosphère très western. D’ailleurs, c’est dans le coin que Butch Cassidy & the Sundance Kid commirent leur dernier forfait (le vol de la paie de mineurs) avant de finir troués dans une fusillade. Mais la légende raconte qu’ils s’en sont néanmoins sortis en substituant le corps de deux malheureux, et qu’ils ont pu finir leurs jours au soleil en profitant de leurs dollars bien mal acquis…

Le voyage en bus fut long et poussif, la route taquinant sans arrêt des cols à 4.000 m avant de retomber puis de remonter encore. Mais les paysages devenaient grandioses une fois le morne Altiplano derrière nous : cônes volcaniques à l’horizon, profondes cicatrices, tours, collones et aiguilles de fín rouge découpées par l’érosion, cactus pointés vers le ciel, vallées asséchées que la piste empruntait audacieusement. Et de loin en loin, un hameau de bergers ou un village de mineurs, seuls indices de la présence humaine dans ce bout de terre loin de tout.

~ les photos du jour ~
... ou plutôt "El Oeste Lejano" Le far west bolivien En approchant de Tupiza

Classé dans: ~ Tom @ 10:40 ~ édité le mardi 19 septembre 2006 @ 04:49

— Entre Uyuni et Tupiza, alt. 3.850 m

Nous traversons les immenses étendues désolées de l’Altiplano. Notre BTT (bus tout terrain) est haut comme un immeuble et plein comme un œuf : il y a autant de monde debout dans le couloir qu’assis dans les sièges. La piste en tôle ondulée longe par moments la voie ferrée vers l’Argentine, et au milieu des buissons d’épineux qui luttent pour pousser dans cette terre désséchée et sableuse divaguent quelques troupeaux de lamas, d’ânes aux oreilles décorées de ponpons et de chèvres. Ce pays est donc habité ! D’ailleurs le bus s’arrête de temps en temps pour laisser descendre une personne au beau milieu de nulle part, sans un hameau ni même une maison à l’horizon.

La région doit radicalement changer de visage pendant la saison des pluies : d’aride, elle doit se transformer en une sorte de delta, à en croire le nombre de lits asséchés qui ont creusé leur sillon dans la terre jaunâtre. Et souvent la piste emprunte ces lits ; mais heureusement pas de crue soudaine à craindre : le ciel est d’un azur immaculé.

~ les photos du jour ~
... ou plutôt "El Oeste Lejano" En approchant de Tupiza Le far west bolivien

Vendredi 15 septembre 2006

Mais quand dorment-ils ?

Classé dans: ~ Tom @ 0:07 ~ édité le mardi 19 septembre 2006 @ 04:35

— Uyuni, Bolivie

À nouveau c’est la grosse fiesta dehors : un DJ fou fait profiter de son enthousiasme la ville entière, et en ce qui concerne nous empêche de dormir : on a l’impression qu’il est dans la chambre voisine ! C’est d’autant plus curieux qu’on est jeudi soir et qu’il fait un froid de canard dehors… danser doit être le moyen le plus économique de se réchauffer ! Autre son - moins dérangeant celui-là : le sifflet du train qui se rend au Chili ou en Argentine. Mais pourquoi font-ils partir des trains au milieu de la nuit ? mystère… en tout cas c’est la raison pour laquelle nous ne prendrons - malheureusement - pas le train : maintenant nous voyagerons de jour à chaque fois que c’est possible.

On ne peut pas dire que ce soit la grande forme Carine & moi : nos projets d’expédition dans le Sud-Ouest de la Bolivie, où lacs colorés et flamands andins sont légion, sont sérieusement compromis par l’humeur capricieuse de nos ventres. Je ne sais pas si c’est l’altitude, l’alimentation, la fatigue ou les trois ensemble, mais depuis Potosí nos activités sont sérieusement limitées par ces querelles intestines. Impossible d’envisager un circuit de quatre jours dans les salars sous ces conditions, et même faire un trajet de plusieurs heures en bus est une option délicate. Vivement qu’on atteigne des régions moins élevées, plus chaudes et avec tout le confort moderne… bref, vivement que l’on soit en Argentine !

Il est vraiment TRÈS lourd ce type avec son micro…

~ quelques photos du jour (parmi les 7) ~
Sur la voie de garage Désossée Le cimetière de trains 3 La voie est tracée Carine attend le départ

Lundi 18 septembre 2006

Nous sommes en Argentine!

Classé dans: ~ Carine @ 22:40 ~ édité le mardi 19 septembre 2006 @ 03:46

— La Quiaca, Argentine

Apres nous etre un peu balade a Tupiza ce matin, ville entouree de montagnes rouges dignes des plus fameux westerns, nous avons pris le bus cet apres-midi direction Villazon, ville frontiere avec l’Argentine. Le voyage fut court (2 heures), mais intense: la route n’est pas goudronnee, et les suspensions du bus laissaient franchement a desirer…nous avons donc passe 2 heures a etre secoues comme des pruniers!

Le passage de notre quatrieme frontiere s’est effectue sans aucun probleme, nous n’avons meme pas du faire la queue et n’avons eu droit a aucune fouille de bagages. Nous sommes arrives dans La Quiaca, ville jumelle de Villazon qui se trouve du cote argentin.

Meme si La Quiaca n’a rien de bien exceptionnel, nous avons decide de passer la nuit ici, car pour arriver a Salta, notre prochaine destination, il aurait fallu prendre un bus de nuit, ce qui ne nous enchante pas trop: c’est fatiguant et on aurait loupe des paysages qui sont apparemment magnifiques. Nous partons donc demain matin, pour arriver a Salta vers 15h30. Il parait que les bus argentins sont confortables! On se rejouit d’avance …
Et a Salta, comme nos ventres semblent avoir retrouve leur sante avec la baisse d’altitude, nous pourrons manger plein de salteñas, miam! (chaussons en pate fourres d’un delicieux melange de legumes epices avec de la viande)

~ les photos du jour ~
Plus que 5.121 km de bus à faire L'incontournable Plaza de Armas Tupiza & son décor de Far West Un bien beau bus Le ton est donné

Jeudi 14 septembre 2006

Toutes ces petites choses que l’on laisse derrière soi…

Classé dans: ~ Tom @ 13:20 ~ édité le vendredi 15 septembre 2006 @ 02:52

— Uyuni, altitude 3.692 m, Bolivie

Il n’y a pas à dire, un voyage ça allège. Et pas seulement la masse corporelle : selon Carine, je ressemble maintenant à un moineau tout déplumé. Et pourtant, ce n’est pas faute d’appétit : je fais en général honneur à mes desayunos, almuerzos et cenas locaux, mais il est loin mon régime de prédilection à base de crème fraîche, de camembert et de steaks bien dodus ! :-P

En fait, si nous nous allégeons au fur et à mesure, c’est surtout en matériel : cette nuit en arrivant à Uyuni, nous avons constaté que le matelas gonflable de Carine manquait à l’appel. Est-il resté sur le toit du bus ? est-il tombé en cours de route ? Il faut dire que ce bus, qui fendait la nuit à tombeau ouvert sur une piste défoncée, tenait plus de la machine à laver en phase essorage que de la balade panoramique. Avant ce matelas, c’était (à Puno au Pérou) un Damart bien chaud qui est parti à la lavanderia et n’en est jamais revenu… :cry: J’ai eu pour ma part plus de chance, n’ayant à déplorer que la perte de ma boîte à savon… mais c’est quand même rudement pratique une boîte à savon ! Mon couteau suisse a lui aussi failli me quitter, mais maintenant je le tiens solidement en laisse par une chaîne ! plus question de risquer à nouveau d’égarer ce symbole de mon helvétitude ! :lol:

~ les photos du jour ~
Uyuni main street Le Chat au Chili

Mercredi 13 septembre 2006

¡ Adios Potosí !

Classé dans: ~ Tom @ 18:55 ~ édité le vendredi 15 septembre 2006 @ 02:51

— dans le bus Potosí - Uyuni

Le bus de midi était donc une chimère, mais fort heureusement pas celui du soir… ¡ Vamos a Uyuni ! Ce n’est pas le grand luxe, c’est même plutôt dans le genre boîte à sardines, mais l’essentiel est de quitter Potosí, où nous avons passé deux jours surnuméraires.

Pour tuer le temps cet après-midi, nous sommes allés visiter le couvent de Santa Teresa, monastère où des carmélites vivent encore recluses aujourd’hui. Mais comparé à l’époque coloniale, c’est le Club Med ! À l’époque, les règles étaient strictes : silence absolu, aucun contact avec le monde extérieur, châtiments corporels et auto-flagellations. Rien à voir avec le quasi-hédonisme du monastère de Santa Catalina à Arequipa ! Pour entrer au counvent, les filles devaient apporter une dot colossale - le prix d’un mariage avec Dieu ? - ce qui explique que les salles regorgent d’objets d’art (dont beaucoup viennent d’Europe et même de France), de reliquaires en argent massif et de tableaux dont les cadres sont tous dorés à l’or fin ! Contrairement à la Casa Real, la visite guidée s’est ici déroulée à un rythme d’escargot, et à la fin les Christs ensanglantés (à propos, cette débauche de sang n’est pas là par simple “esthétisme” : elle représente les souffrances des peuples andins infligées par les Espagnols), les statues de la Vierge et les scènes religieuses commençaient à faire long. Petite anecdote au passage : la sainte patronne du couvent Santa Teresa est bien évidemment Sainte Thérèse d’Avila, mais elle est secondée par Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus… une Alençonnaise si je ne m’abuse ? :-?

[L’embêtant avec les voyages en bus de nuit, c’est qu’ils coupent toutes les lumières. Pas pratique pour écrire…]

~ la photo du jour ~
Place publique + station-service

Encore bloqués !

Classé dans: ~ Tom @ 11:05 ~ édité le vendredi 15 septembre 2006 @ 02:05

— Terminal des bus pour Uyuni, Potosí

J’éprouve en général beaucoup de respect pour les revendications sociales, mais en Bolivie ça commence à devenir un peu soûlant. Après la grève générale fin août qui nous a retenu à Puno, après Copacabana & ses campesinos, c’est maintenant au tour de Potosí & ses mineros. Le mouvement dont nous avons observé les débuts hier s’est amplifié durant ces dernières 24 heures : occupation de locaux… et surtout blocage de routes, grrrr ! :evil: Ce qui signifie qu’une fois de plus, nous sommes coincés dans notre périple bolivien. Du coup, nous commençons à en avoir un peu marre de voyager dans ce pays où chaque trajet devient problématique, et ce malgré la gentillesse des Boliviens - qui ne nous prennent pas pour des « Grand$ Dollar$ Ambulant$ » - et la beauté intacte des paysages. Croisons les doigts pour que le bus de midi ne soit pas qu’une chimère…

~ la photo du jour ~
Place publique + station-service

Mardi 12 septembre 2006

Ambiance explosive

Classé dans: ~ Tom @ 11:21 ~ édité le vendredi 15 septembre 2006 @ 01:46

— Plaza 10 de Noviembre, Potosí

Pour des raisons qui nous échappent toujours, il y a encore aujourd’hui des rassemblements et des manifestations en ville. D’un côté ce sont les mineurs attroupés devant la Caja de Salud, à exiger une hausse de 15% d’un chiffre abscons (mais certainement vital), de l’autre c’est une manif’ à la bolivienne qui se tient sur la grand’place, avec fusées pétaradantes et même - ville minière oblige - détonations de dynamite ! Gare à soi !

Mais je m’empresse immédiatement de rassurer les mamans inquiètes : ces manifs sont toutes très pacifiques, et les voyageurs ne sont pas du tout concernés par ces événements - sauf quand ils restent coincés à Copacabana, ville toujours bloquée à ce jour. Quand aux faux flics, faux contrôles, faux taxis, etc. on est tellement prévenu partout que les escrocs ont dû se résigner à abandonner cette méthode. Pour l’instant nous n’avons aucun problème de ce genre à déplorer.

~ quelques photos du jour (parmi les 7) ~
Clocher de l'Iglesia de la Compania de Jesus Simón Bolívar, El Libertador Église de Potosí Iglesia de San Lorenzo Sur la Place de Potosi

Lundi 11 septembre 2006

De l’argent, des mines, de la sueur, du sang & des larmes

Classé dans: ~ Tom @ 22:51 ~ édité le mercredi 13 septembre 2006 @ 01:53

— Potosí, alt. 4.000 m, Bolivie

Potosí est une ville remarquable à bien des égards. Pour son histoire d’abord : elle fut fondée en 1545 par les Espagnols, dès qu’ils ont eu vent des formidables richesses en argent du Cerro Rico - la “colline riche” - le cône qui surplombe Potosí du haut de ses 4.824 m. Le premier filon a été découvert par un berger indios, Diego Huallpa, qui cherchait son troupeau perdu. La nuit venant, il fait un feu, et le sol se met à fondre, libérant un liquide métallique blanc. C’est le point de départ du tragique & fabuleux destin de Potosí : dès lors s’ent sont suivis ruée (vers l’argent pour une fois), fièvre du pouvoir, esclavagisme, déplacement de populations (Noirs africains y compris), morts par millions et fortunes colossales côtoyant misère extrême. On raconte qu’avec le précieux métal qu’ils ont sorti - ou plutôt fait sortir - de la montagne, les conquistadors auraient pu construire un pont en argent jusqu’en Espagne, et en emporter encore un peu ! Vers la fin du XVIIIème siècle, Potosí était l’une des plus grandes et des plus riches villes du monde, avec ses 200.000 habitants et ses 80 églises. Mais voilà, les veines d’argent n’étaient pas inépuisables comme on le croyait, et se sont peu à peu taries. En outre, le cours du métal blanc s’est effondré, et Potosí a bien failli ne jamais s’en relever. Aujourd’hui c’est surtout l’exploitation de l’étain, du zinc et du plomb qui fait vivre la ville, avec encore quelques poussières d’argent.

Je me suis rendu ce matin à une des 400 mines en activité, la mine coopérative Rosario B, perchée à 4.230 msur le flanc de la montagne. J’étais seul - Carine n’a pas souhaité affronter l’altitude, l’obscurité et l’étroitesse des galeries, la chaleur et la poussière de l’air - avec Julio Cesar Morales, le sympathique guide & patron de l’agence Greengo Tours. C’était donc une visite privée et 100% authentique, loin des groupes de 12 ou 20 touristes emmenés dans des “mines-musées". Nous avons commencé par nous rendre au marché des mineurs, où ils achètent eux-mêmes tout le nécéssaire pour leur travail : casques, lampes à acétylène, bottes, dynamite, feuilles de coca, cigarettes, alcool à 90º (pour le boire bien sûr)… J’ai acheté quelques uns de ces articles pour en faire cadeau aux mineurs - dont un bâton de dynamite, une mèche et un détonateur : je peux vous confier que je n’étais vraiment pas rassuré de me promener avec dans mon dos de quoi me pulvériser à la moindre mauvaise chute ! Puis nous avons enfilé l’équipement de rigueur et sommes montés à la mine.

Avant de disparaître sous terre pour la journée, les mineurs mâchent longuement de la coca : c’est l’acuchilla. Elle coupe la faim, réduit la fatigue, estompe le mal des hauteurs, donne une sensation de bien-être. Je me suis joint à eux et ai mis des feuilles de coca, une par une, contre ma joue, en croquant ensuite un bout de legía, une espèce de cendre censée libérer le principe actif. Mais j’avoue que je ne dois pas posséder la technique : le seul effet ressenti fut celui d’une boule gênante contre ma joue. Puis nous nous sommes enfoncés dans les entrailles de la montagne. Puisque Dieu règne sur le Ciel, c’est fatalement le Diable qui est maître sous terre. Les mineurs, qui l’appellent El Tio (l’Oncle), soucieux de ne pas l’irriter en arrachant les minerais à “son” enfer, lui font des cha’lla, des offrandes devant des statues à son effigie : cigarettes allumées dans la bouche, coca dans la main, alcool répandu sur lui, fœtus de lama enterré à ses pieds. On murmure même des histoires beaucoup plus sinistres de sacrifices humains, dans l’espoir de tomber sur le filon miraculeux… Nous aussi avons dû sacrifier à El Tio avant de continuer notre plongée.

Les mineurs travaillent avec des moyens quasiment moyenâgeux : seuls la foreuse à air comprimé et quelques treuils électriques rappellent qu’on est au XXIème siècle, et encore. Les conditions de travail sont infernales : il fait très froid dehors, mais dedans la température dépasse vite les 30ºC. Pas d’eau dans la roche, ce qui signifie que la poussière reste en suspension dans l’air suffocant, rendant la respiration difficile. Je me suis retrouvé à pousser avec les mineurs un trolley (un de ces wagonnets de mine) pourtant vide sur quelques centaines de mètres, et à la fin j’étais plus trempé qu’une soupe de quinua, avec le souffle court, une vision troublée et des vertiges heureusement passagers. De plus, les filons sont verticaux : il faut donc pour les suivre s’engager dans des puits, grimper de précaires échelles, se faufiler dans des souricières, ramper dans des étranglements. Pas étonnant que dans ces conditions, le vendredi soir venu, l’alccol puro ne soit pas seulement déversé à flots sur El Tio, mais aussi dans les gosiers. Certains disent que l’espérance de vie d’un mineur est de 10 à 15 ans après son premier jour de fond…

J’étais donc bien heureux de revoir trois heures plus tard la lumière du soleil. Quittant nos vêtements poussiéreux, Julio & moi sommes ensuite allés à la raffinerie, là où le minerai est analysé en teneur de métaux. Les opérations se font encore à l’ancienne avec acides, arsenic et autres joyeusetés (le mercure n’est toutefois plus utilisé, semble-t-il) et bien entendu ce charmant cocktail finit dans la rivière… Économie et écologie, malgré leur parenté éthymologique (eco = la maison, chez soi), vont rarement de pair…

Potosí ne se réduit pas à ses mines, actuelles et anciennes. C’est une ville qui, de part sa splendeur passée, regorge de magnifiques rues et bâtiments coloniaux. Je passerai vite sur les 80 églises, dont pas une ne semble ouverte (en tout cas, pas le dimanche !). L’édifice le plus remarquable est sans conteste l’imposante Casa Real de la MonedaLe sourire ironique de Bacchus règne sur le palais de l'argent - la Maison Royale de la Monnaie - forteresse qui emplit tout un pâté de maisons. Nous l’avons visité au pas de course, car le guide et les gardiens semblaient n’avoir qu’une hâte : fermer les portes à midi ! Parmi les salles entr’aperçues, une belle collection de numismatique avec tous les Potosis frappés ici (ces pièces d’argent marquées d’un “P” avaient cours en Espagne et dans toute l’Amérique du Sud), une autre collection de minéraux (un peu austère toutefois, à l’exception d’un gigantesque cristal de quartz), d’impressionnants laminoirs où les lingots étaient réduits en feuilles, les ateliers de frappe des pièces, les laboratoires de fusion du précieux métal et ceux de mesure et de contrôle, encombrés de creusets, de balances à fléau, de cadenas gros comme des valises et de coffres-forts à l’avenant. Un beau musée en somme, mais qui mériterait qu’on puisse y flâner à sa guise, librement.

PS. Si une âme charitable pouvait m’envoyer quelques paquets de tabac à rouler, c’est absolument introuvable ici !

~ quelques photos du jour (parmi les 9) ~
Germinal I Germinal IV Détournement de mineur Germinal III Les mines d'argent de Potosí

Mardi 5 septembre 2006

La route la plus périlleuse du monde, suite & fin

Classé dans: ~ Tom @ 23:05 ~ édité le mardi 12 septembre 2006 @ 03:56

— La Paz, Bolivie

[Je reprends donc mon récit écourté de la veille. Je n’entrerai pas dans les détails, mais sachez que ce fut également la nuit la plus périlleuse du monde ! Et tout ça à cause, apparemment, d’un de ces desserts andins en gelée vaguement parfumée…]

Nous étions donc trois, nous deux et Giovanni, un Helvéto-Romain ;-) plus notre guide Angel et notre chauffeur Manuel. Rien à voir avec les autres groupes que nous avons croisés, qui devaient compter au moins une dizaine de VTTistes chacun.
Quittant La Paz en minibus avec les vélos sur le toit, nous avons grimpé jusqu’au col de La Cumbre, à 4.650 m d’altitude. C’est là que nous nous sommes mis en selle. La première partie de la route est large et asphaltée : elle dévale le flanc de hautes et majestueuses montagnes, offrant des vues spectaculaires sur la vallée loin en bas et les pics déchiquetés. Puis le bitume se termine et la piste se rétrécit à la largeur d’un camion : c’est là que les choses sérieuses commencent, le début de “la route la plus dangereuse du monde".

Le péril vient de l’étroitesse de la route, qui oblige lors d’un croisement au véhicule descendant de reculer vers un refuge, et l’abîme n’est jamais loin. Il y a trois semaines, un bus a ainsi basculé dans le vide avec 50 passagers à son bord. Une nouvelle route plus sûre est en construction sur l’autre flanc de la vallée, mais les travaux s’éternisent et donc tout le trafic continue à passer coûte que coûte sur la “Death Road", unique liaison avec la partie tropicale au Nord-Est du pays.

Nous avons donc plongés dans l’épais nuage venu du bassin amazonien pour s’écraser contre les Andes. Suivant les tours, détours et contours du précipice toujours masqué par la brume, nous avons vu la végétation changer au fur et à mesure de notre descente : des herbes rases des hautes montagnes aux fougères arborescentes, bananiers et autres arbres croulant de fruits exotiques, exubérantes fleurs d’hibiscus, champs de coca ancestraux. Et après 4 heures de folle descente à tutoyer le gouffre sous nos pieds, après 3.400 m de dénivelé et 45 km parcourus, les paumes douloureuses des vibrations et des chocs de la mauvaise piste, le corps intégralement recouvert de poussière, nous sommes arrivés au fond de la vallée à Yolosa, 1.200 m d’altitude. Cette longue et excitante glissade sur le fil de l’abîme n’aurait pas déplu, j’en suis sûr, à certains Escapadeurs d’Écouves ! 8-) Là une cerveza bienvenue nous permit de se rincer le gosier, puis nous sommes remontés dans le minibus pour atteindre notre destination finale : Coroico, accrochée 500 m plus haut sur le flanc de l’Uchumachi.

Le reste de la journée fut occupé par un déjeuner au buffet de l’hôtel (aux funestes conséquences pour moi, donc), une promenade au-dessus du village et une longue & intéressante conversation avec Giovanni, personnage fort remarquable qui, l’air de rien, a un nombre impressionnant de voyages derrière lui. Cette discussion autour de quelques cafés, matés & bières se prolongea bien après que le crépuscule ait assombri la Plaza 27 de Mayo.

Contrairement à nos espérances, et malgré la relativement basse altitude de Coroico et son environnement tropical, il ne faisait guère chaud dans les Yungas, et l’impénétrable plafond nuageux faisait comme une chappe de plomb. Pas les bonnes conditions pour découvrir le pays plus avant (surtout après ma nuit agitée). Nous sommes donc repartis dans l’après-midi pour La Paz, mais avec un bus local cette fois-ci, et surtout du bon côté de la route : côté paroi, et non falaise. La circulation se fait exceptionnellement à gauche sur cette route : c’est le véhicule qui descend, avec le gouffre à main gauche, qui voit le mieux ses roues extérieures et donc prend le plus de risques. Une chose me navre : il suffirait d’installer des glissières de sécurité pour éviter tous ces drames répétitifs…

Curieux Paceños : il est bientôt 1h du mat’ et j’entends dans la rue une fanfare qui s’en donne à cœur-joie avec sifflets, cuivres, grosses caisses et même feux d’artifice ! Heureusement notre hôtel est assez calme, et la nuit promet d’être réparatrice.

~ les photos du jour ~
Mer de nuages La vallée d'el Camino de la Muerte
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